L'intégration mondiale des actifs numériques prend de l'ampleur. Tandis qu'aux Etats-Unis, des applications Bitcoin Spot ETF sont lancées par des entreprises de poids comme BlackRock, des places de négoce réglementées pour les cryptomonnaies voient le jour à Hong Kong et Singapour. Les régions des Emirats arabes unis se concentrent de plus en plus sur la technologie blockchain afin d'attirer les innovations.

Mais un mouvement remarquable ne se dessine pas seulement sur la scène internationale, mais aussi dans le paysage bancaire suisse. Alors que certaines banques spécialisées et de petite taille se sont déjà lancées sur le marché du patrimoine numérique, ce sont surtout les banques cantonales qui se distinguent désormais.

La Banque cantonale de Zoug en est un parfait exemple: elle reconnaît la tendance et s'en empare courageusement en proposant une offre immédiatement disponible. Parallèlement, la Banque cantonale de Lucerne et probablement aussi celle de Zurich ainsi que PostFinance prévoient de lancer une offre comparable début 2024. Pour les investisseurs suisses, cette évolution offre un accès simple à cette classe d'actifs en plein essor, ce qui est à saluer à tous points de vue.

Une caractéristique de la plupart des offres, y compris celle de la Banque cantonale de Zoug, est le choix limité de tokens disponibles pour les investisseurs. A la BC zougoise, par exemple, les clients n'ont accès qu'à quatre actifs en plus du bitcoin (BTC) et de l'éther (ETH): le ripple (XRP), le polygon (MATIC), le litecoin (LTC) et l'uniswap (UNI).

Cependant, comme toujours, le développement rapide du Web3 devance le paysage technique et réglementaire. Avec plus de 15’000 tokens que compte désormais le Web 3, des sous-secteurs spécialisés ont déjà vu le jour, tels que les blockchains de contrats intelligents, l'infrastructure, les NFT et les DeFi.

Cette tendance à la diversification se reflète dans le déclin constant de la domination du marché par le bitcoin. Aujourd'hui, la cryptomonnaie leader ne représente qu'à peine 50% de la valeur totale du marché. Il est probable que cette part diminue encore dans les années à venir, alors que d'autres secteurs du web 3.0 en plein essor gagnent en importance. Les investissements dans ces segments de marché à croissance exponentielle peuvent constituer des compléments attrayants à un portefeuille diversifié, comme le suggère la théorie du portefeuille courante.

Le premier ETF sur éther basé sur un contrat à terme vient d'être lancé cette semaine aux Etats-Unis. Ce n'est qu'un début, car les fournisseurs vont intégrer d'autres cryptomonnaies dans leur offre. D'ici quelques années, les allocations d'actifs numériques proposées par les institutions financières traditionnelles devraient offrir une diversification complète à travers différents secteurs et sous-secteurs. Ce processus de développement prendra encore un certain temps. Mais c'est précisément ce stade de développement qui donne une nette longueur d'avance aux investisseurs qui investissent déjà dans ces secteurs.

Conclusion: le fait que la Banque cantonale de Zoug soit le premier établissement public au monde à permettre à ses clients de négocier dans six cryptomonnaies doit être salué à tous les égards. Il faut toutefois espérer que la Banque cantonale de Zoug, ainsi que les autres établissements (Postfinance, Luzerner Kantonalbank, Zürcher Kantonalbank) qui sont dans les starting-blocks pour proposer de telles offres, élargissent la palette.

En effet, une base étroite ne peut pas refléter la dynamique de l'ensemble de l'univers des cryptomonnaies. De plus, elle ne permet pas non plus de refléter l'importance et la dynamique du potentiel de la blockchain dans son ensemble. C'est comme si l'on voulait parier sur l'ensemble du marché boursier américain avec quelques actions seulement. Là aussi, une diversification est nécessaire.