Rebond éphémère

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

1 minute de lecture

Les craintes de récession dominent. Les indicateurs économiques sont décourageants. Les marchés voient le verre à moitié plein.

Les craintes de récession, suscitées par la lutte des banques centrales contre l’inflation et la dynamique du marché énergétique – la Russie restreint sévèrement les livraisons de gaz vers l’Europe –, ont focalisé l’attention des marchés la semaine dernière. La Russie a réduit ses exportations de gaz à destination de l’Allemagne, rappelant ainsi que les matières premières pouvaient être utilisées comme des armes entre les nations. Cette mesure a contraint l’Allemagne à redémarrer ses centrales au charbon, afin de préserver ses réserves de gaz en vue de l’hiver prochain. La hausse des prix du gaz en Europe renforcera la pression sur les prix, à la fois directement et indirectement, par le renchérissement des engrais agricoles et des denrées alimentaires. Le président Poutine a en outre laissé entendre que les pays émergents du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) envisageaient de développer une monnaie de réserve alternative au dollar américain. Nous sommes positifs à l’égard monnaies émergentes.

Les indices des directeurs d’achats (PMI) européens pour juin ont été plus faibles qu’anticipé. Au niveau sectoriel, la production manufacturière s’est contractée. Or il est peu probable, au vu des nouvelles commandes, que le déclin de l’industrie manufacturière s’interrompe dans les prochains mois. Dans le même temps, la hausse des taux d’intérêt continue d’affecter le marché immobilier américain. En mai, les ventes de logements existants ont diminué pour le quatrième mois consécutif, après un recul de 33% en rythme annualisé au cours des trois mois précédents. Les ventes de logements suivent la forte baisse des demandes de prêts hypothécaires, qui ont chuté pendant six mois consécutifs et devraient continuer de reculer.

Mauvaise nouvelle pour l’économie, la chute des taux souverains a été positive pour les marchés. Les taux des bons du Trésor américain à 10 ans et du Bund allemand ont baissé à respectivement 3,13% et 1,44% la semaine dernière. Nous restons neutres à l’égard des bons du Trésor américain. Les matières premières ont réagi à la faiblesse des indicateurs économiques, les métaux industriels chutant de 7% et le pétrole de 8,5%. Le rebond des marchés boursiers grâce à la baisse des taux de marché montre que les investisseurs veulent croire que les banques centrales infléchiront leur politique monétaire pour éviter une récession, d’autant que le  sondage de l’Université du Michigan a montré une légère accalmie dans les anticipations d’inflation en mai. Tous les regards se tournent désormais vers les résultats des entreprises au 2e trimestre, les investisseurs tentant de déterminer si le ralentissement risque d’entraîner une récession des bénéfices. Le nombre d’entreprises fournissant des indications prospectives (100 composantes du S&P 500) est revenu à la normale. Ces indications sont toutefois légèrement en deçà de la moyenne – 70% d’anticipations positives et 30% d’anticipations négatives. Le deuxième trimestre 2022 devrait être le pire en termes de croissance des bénéfices en glissement annuel, car c’est le trimestre pour lequel l’effet de base est le plus important. Enfin, cette semaine , les dirigeants du G7 se réunissent en Allemagne, pour la première fois depuis l’invasion de l’Ukraine, avec à l’ordre du jour, un plafonnement du prix des exportations de pétrole russe.

A lire aussi...