Rappel à la réalité

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Semaine cruciale pour les banques centrales. Opportunités dans le trading de volatilité. Pressions sur les marges des entreprises.

Aux Etats-Unis, la croissance du PIB réel a atteint 2,9% en rythme annuel au quatrième trimestre 2022, un chiffre inférieur à celui du troisième trimestre (3,2%), mais meilleur qu’anticipé. L’inversion de la courbe d’augmentation des stocks, qui explique cette croissance pour moitié, se reflétera néanmoins dans le PIB du premier trimestre. En outre, la consommation et les dépenses d’investissement ont déçu. Enfin, si les données de décembre montrent un recul de la consommation, des revenus stables ont renforcé le taux d’épargne pour le troisième mois consécutif. Plusieurs banques centrales prendront des décisions de politique monétaire cette semaine, et la Fed devrait relever ses taux de 25 pb. Cette hausse serait inférieure à celles de 50 pb et 75 pb adoptées respectivement en décembre et en novembre, ce qui traduit le ralentissement récent de l’inflation. Mais les préoccupations persistantes de la Fed concernant l’étroitesse du marché du travail pourraient l’inciter à continuer de durcir sa politique jusqu’en mai avant de faire une pause (et non d’abaisser ses taux directeurs). A ce stade, le marché réagit à la baisse de l’inflation et espère un resserrement monétaire moins agressif, tout en ignorant les projections – au mieux prudentes – des entreprises. Cela indique un certain degré de complaisance, potentiellement synonyme de fragilité pour le S&P500, qui se négocie à pas moins de 18 fois les bénéfices à 12 mois. Encore faible, la volatilité des actions pourrait dès lors augmenter, ce qui incite à la considérer comme une classe d’actifs à part entière.

En Europe, les indices des directeurs d’achat de janvier ont montré une amélioration du climat des affaires. Le sous-indice de l’emploi a augmenté à un rythme inédit depuis trois mois et les pressions sur les coûts se sont atténuées, alors que les goulets d’étranglement de l’offre se résorbent. La baisse des prix du gaz, la réouverture de la Chine et l’ampleur du soutien budgétaire améliorent incontestablement la confiance des entreprises européennes. En Espagne, la croissance a dépassé les attentes au quatrième trimestre, les dépenses publiques et la baisse des importations ayant compensé la faiblesse de la consommation des ménages. Les indicateurs récents suggèrent que la Banque centrale européenne restera agressive et annoncera une nouvelle hausse du taux de dépôt de 50 pb cette semaine. Cette situation a entraîné la hausse des rendements des emprunts d’Etat et renforcé notre opinion négative à l’égard des obligations périphériques de la zone euro. Du côté des actions, les investisseurs scruteront les premières annonces de la saison de publication des résultats pour mesurer l’impact d’un environnement plus faborable sur les bénéfices des entreprises.

Au Japon, l’indice global des prix à la consommation de Tokyo a accéléré nettement plus qu’anticipé (4,4% en rythme annuel), augmentant la pression sur le prochain gouverneur de la Banque du Japon pour qu’il envisage une «normalisation» de la politique monétaire. L’annonce d’une forte hausse des salaires chez un détaillant de premier plan pourrait renforcer cette pression (même si l’entreprise concernée compte financer cet effort en accroissant la productivité plutôt qu’en augmentant les prix). Dans ces circonstances, nous sommes positifs vis-à-vis du yen par rapport au dollar. Des allégations de fraude visant l’un des principaux conglomérats indiens et des demandes de rachat continues liées à un important fonds immobilier américain nous rappellent que l’année 2023 pourrait être chahutée.

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