Raiffeisen a profité à plein de la remontée des taux d’intérêt

Yves Hulmann

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Le bénéfice net du groupe a bondi de 26% à 701 millions de francs au premier semestre. La hausse de 25% des revenus des opérations d’intérêts y a fortement contribué.

La remontée des taux d’intérêt depuis le milieu de l’an dernier et la poursuite de la progression dans les affaires hypothécaires ont largement profité à Raiffeisen en première moitié d’année. Entre janvier et juin, le bénéfice net du deuxième groupe bancaire helvétique s’est établi à 701 millions de francs, en hausse de 26% par rapport à la même période de l’an dernier. En comparaison, le bénéfice net de la coopérative bancaire avait atteint 556 millions au premier semestre 2022 et 505 millions entre janvier et juin 2021, lorsque les taux d’intérêt étaient encore négatifs en Suisse.

Hausse d’un quart du résultat net des opérations d’intérêt

Par types d’activités, ce sont surtout les opérations d’intérêts, la principale source de revenus du groupe, qui ont surtout soutenu les résultats de Raiffeisen. Le produit des opérations d’intérêts a crû de 25% pour atteindre à 1,54 milliard au premier semestre 2023, comparé à 1,23 milliard un an plus tôt et par rapport à 1,2 milliard à fin juin 2021.

«Notre marge d’intérêt se situe à nouveau à plus de 1%, pour la première fois depuis 2018.»

La fin de l’ère des taux négatifs se reflète dans le résultat sur intérêts, constate Raiffeisen. De taux encore négatifs en juin 2022, le taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS) se situe désormais à 1,75%. Cela s’est traduit par une amélioration de la marge d’intérêt du groupe à 1,1% à fin juin, contre 0,92% à fin 2022. «Notre marge d’intérêt se situe à nouveau à plus de 1%, pour la première fois depuis 2018», a relevé Heinz Huber, le CEO de Raiffeisen lors d’une conférence téléphonique mercredi. Il s’attend toutefois à ce que cette marge se resserre quelque peu au fur et à mesure que la banque rémunérera davantage les dépôts de la clientèle.

Parmi les autres sources de revenus de Raiffeisen, le résultat des opérations de commissions et des prestations a crû de 3,7% pour s’établir à 310,9 millions de francs, tandis que celui provenant des opérations de négoce a progressé de 14,6% pour atteindre 133 millions.

Amélioration du ratio coûts/revenus

La forte progression du bénéfice net du deuxième groupe bancaire helvétique sur six mois a été rendue possible par la nette hausse du produit d’exploitation (+20,9% à 2,04 milliards de francs) alors que les charges d’exploitation ont, elles, augmenté moins fortement (+6,9% à 1,03 milliard). Malgré cette hausse des charges d’exploitation, la progression des revenus a davantage pesé dans la balance. Au final, le ratio coûts/produits s’est lui aussi nettement amélioré au premier semestre pour atteindre 50,6%, contre 57,2% un an plus tôt. Parmi d’autres établissements actifs dans la banque de détail qui ont publié récemment leurs résultats pour le premier semestre, le ratio coûts/revenus s’est, par exemple, établi à 52,7% à la Banque Cantonale Vaudoise (BCV), tandis qu’il a été de 54,7% (avant amortissements) chez Valiant.

Des parts de marché stables dans les hypothèques

Dans la principale activité de Raiffeisen, les créances hypothécaires ont affiché une légère progression de 1,7% pour atteindre 207,1 milliards de francs à fin juin. Raiffeisen souligne qu’il s’agit d’une croissance «au rythme du marché, conformément à son ambition». Si le groupe maintient une position forte sur le marché des hypothèques en Suisse, sa part de marché est toutefois restée stable à 17,6%.

De leur côté, es dépôts de la clientèle ont crû de 850 millions (+0,4%) au premier semestre pour s’établir à 205,6 milliards de francs, profitant d’afflux d’argent frais à hauteur de 1,8 milliard de francs dans les dépôts. Si la reprise forcée de Credit Suisse par UBS en mars dernier a certainement aussi profité à Raiffeisen, Heinz Huber n’a pas fourni d’indications plus précises à ce sujet. Il a tout au plus souligné que la banque coopérative a enregistré des afflux d'argent importants au premier semestre, en particulier au deuxième trimestre.

Au sujet des perspectives pour la seconde partie de l’année, la direction du groupe s’est montrée, de manière générale, plutôt prudente évoquant un «contexte de marché difficile en raison des risques croissants de récession et des incertitudes géopolitiques persistantes». Concernant le marché des logements à usage propre, la banque s’attend à ce que la «dynamique des prix, encore très forte récemment, s’essoufflera peu à peu.» A propos de ses propres résultats, Raiffeisen se montre en revanche largement optimiste pour l’exercice en cours et prévoit un résultat supérieur à celui de l’exercice précédent.

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