Récession américaine: courte et sans grande profondeur

Seema Shah, Principal Asset Management

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Plus courte que la moyenne historique et avec une contraction économique plus faible -1,5 % environ – cette récession n’infligerait aucun dommage durable à l’économie américaine.

Ce qui était autrefois une vision consensuelle est maintenant une question de débat entre les économistes et les investisseurs: si et quand les États-Unis entreront dans une récession. Certains soulignent la solidité continue du marché du travail et la résilience des dépenses des consommateurs comme preuves d’absence de récession. Cependant, bien que ces forces empêchent probablement un ralentissement important et prolongé, elles risquent de ne pas suffire pour repousser une récession peu profonde et courte. Une récession de six mois aux États-Unis est désormais prévue.

Mais cette récession est susceptible d’être plus courte que la récession historique moyenne aux États-Unis et, avec une contraction économique entre pic et creux de -1,5%, plus légère que les récessions historiques également. À cette durée et à cette ampleur, la récession américaine n’infligerait aucun dommage permanent à l’économie américaine.

Cela serait nettement différent de la crise financière mondiale de 2008-2009 et de la COVID, qui ont toutes deux empêché l’économie américaine de poursuivre sa tendance à la croissance et ont laissé de vastes cicatrices économiques, les États-Unis ne s’étant pas encore remis de la crise financière mondiale.

Cependant, une récession n’est pas imminente.

Les dernières données sur l’activité économique n’indiquent pas du tout l’approche d’une récession. Les données entrantes sur les bénéfices des entreprises suggèrent plutôt une stabilisation de l’activité. Parallèlement, le rythme actuel de croissance des emplois va historiquement de pair avec une économie très forte. Une raison de se réjouir.

La Fed ne baissera pas les taux avant le début de 2024. Et, lorsqu’elle le fera, elle ne baissera pas les taux jusqu’à zéro et il n’y aura certainement pas d’assouplissement quantitatif.

Mais le retard ne peut pas durer éternellement.

Tandis que les indicateurs économiques actuels traduisent de la robustesse, presque tous les indicateurs principaux signalent également une récession. Nous pensons qu’elle se manifestera donc plus tard cette année ou au début de l’année prochaine. Nous pouvons déjà voir des signes de resserrement des conditions de crédit et un ralentissement des marchés du travail. Cela est particulièrement révélateur, car les marchés du travail sont généralement l’indicateur le plus tardif d’une récession et, une fois que les pertes d’emplois augmentent, généralement, elles montent en flèche. Pour qu’il n’y ait pas de récession, il faudrait que les conditions actuelles soient différentes.

Mais pourquoi s’agira-t-il d’une légère récession?

Tout d’abord, environ 500 milliards de dollars de réserves excédentaires restent emmagasinés dans l’économie. Si le rythme récent des prélèvements persiste, p. ex., aux taux moyens des trois (3), six (6) ou 12 derniers mois, les réserves excédentaires cumulées continueront probablement à soutenir les dépenses des ménages au minimum jusqu’au quatrième trimestre 2023. Bien que ces réserves finiront par être épuisées, cela montre la résilience continue des consommateurs.

Deuxièmement, la résilience des taux d’intérêt. Les bilans des ménages et des entreprises sont bien meilleurs que ceux qui préludaient aux récessions précédentes, et indiquent un degré d’endettement nettement moindre. Par conséquent, la sensibilité aux taux d’intérêt est inférieure à celle observée lors des ralentissements précédents.

Enfin, les offres d’emploi diminuent sans créer une augmentation du chômage. Les pertes d’emploi finiront par augmenter, mais le dynamisme de la demande de main-d’œuvre associée à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des services implique que les pertes d’emploi ne seront vraisemblablement pas importantes.

Tout cela suggère que la Fed ne baissera pas les taux avant le début de 2024. Et, lorsqu’elle le fera, elle ne baissera pas les taux jusqu’à zéro et il n’y aura certainement pas d’assouplissement quantitatif.

Dans ce monde, où les taux d’intérêt sont durablement plus élevés, nous sommes confrontés à un environnement d’investissement différent de celui que nous avons observé au cours des 10 dernières années. Dans ce nouveau monde, il est temps de s’attendre à des rendements plus faibles et à une volatilité accrue.

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