Qu’il serait agréable de voir les investisseurs garder le cap!

François Savary, Prime Partners

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D’un mois à l’autre, les phases de doutes succèdent à celles marquée par un «délit» d’euphorie.

Si nous ne sommes pas encore au bout de nos peines dans nos travaux herculéens d’allocation d’actifs en 2019, un élément semble clair: le sentiment des investisseurs est épidermique depuis le dernier trimestre 2018! D’un mois à l’autre, les phases de doutes succèdent à celles marquée par un «délit» d’euphorie. Les consolidations/corrections de mai et août sont révélatrices du phénomène, au même titre que le rebond marqué des bourses du début d’année. On sait que, comme en bien des matières, le sentiment est important sur les marchés financiers, mais ce constat est peut-être plus vrai en 2019 que dans l’histoire récente.

Pour tout allocateur, il n’y a rien de pire que de voir la psychologie connaître des revirements abrupts, car cela induit nécessairement de poser la question de savoir si le mouvement est de nature temporaire ou s’il marque l’entrée dans une nouvelle phase «longue» pour les actifs financiers, les actions en particulier. Le syndrome du risque de la «porte de saloon» d’un côté ou celui du déni de réalité de l’autre, un défi auquel personne n’aime être confronté!

Les pires scénarios sur la conjoncture mondiale ne se sont pas
matérialisés pour l’heure et la croissance mondiale résiste.

Dans un contexte où les marchés financiers affichent de bonnes performances depuis janvier, je serais enclin à demander une chose aux investisseurs: pourriez-vous stabiliser vos anticipations et garder le cap, au moins jusqu’à la fin de l’année. De quoi finir en beauté le millésime 2019 et satisfaire nos clients.

Vous l’aurez compris il y a une forme de boutade ou de «wishful thinking» dans les lignes qui précèdent. Comme toutes les imprécations, ce «désir» relève du vœu pieux. Il n’en demeure pas moins que certains développements récents ne doivent pas être occultés; les pires scénarios sur la conjoncture mondiale ne se sont pas matérialisés pour l’heure et la croissance mondiale résiste, vaille que vaille; les derniers chiffres d’inflation aux USA, qui progressent, démontrent qu’il ne faut pas aller trop vite en besogne quand on affirme de manière péremptoire que la japonisation de l’économie mondiale est inévitable; enfin, l’espoir de voir les Chine et les USA trouver un accord, même partiel, sur leur différend commercial ne sont pas totalement infondés, tant il apparaît que la voie non-coopérative des derniers mois se révèle dommageable pour les deux parties, sans parler du monde en général!

On pourrait déduire des paragraphes qui précèdent qu’en matière d’investissement, il faut simplement occulter les errements de la psychologie de marché qui ne génère qu’un « bruit » inopportun, dommageable pour la performance des portefeuilles, en fin de compte.

Nul ne sait quelle est la capacité de ce cycle
à se poursuivre et pour combien de temps encore.

A chacun son opinion en la matière, mais nous avons appris en 2008, de manière au combien douloureuse, que certains changements de sentiment sont annonciateurs d’une modification fondamentale de circonstances pour les actifs financiers. Nous nous réjouissons que la psychologie négative qui a assailli les investisseurs de manière ponctuelle – mais aux conséquences marquées à certains moments – au cours des douze derniers mois n’ait pas débouché sur une altération radicale des fondamentaux économiques et financiers. Cela ne veut pas dire qu’il faut relâcher sa garde et se montrer condescendant à l’égard du sentiment des investisseurs. Ce point est d’autant plus vrai que les clients ne nous pardonneraient que difficilement de mettre en péril ce qui a été «durement» acquis en termes de performances sur l’année en cours. Cela pourra faire sourire et susciter des commentaires ironiques mais nous restons sur notre idée que, face à un sentiment volatil, il faut savoir développer une approche tactique dans l’allocation d’actifs pour les mois à venir.

Nous n’aimerions rien de plus que de voir la psychologie collective adopter un cap et s’y tenir. Il s’agirait de la meilleure preuve que la lisibilité du cycle économique et financier s’est renforcée. Cependant, il faut être réaliste. Nul ne sait quelle est la capacité de ce cycle à se poursuivre et pour combien de temps encore. De plus, l’environnement politique et géopolitique, dont l’influence est forte depuis quelques trimestres, n’est guère prévisible.  

Dans ce contexte, rester sur une attitude qui consiste à résister à l’euphorie tout en refusant le pessimisme excessif que le sentiment véhicule à certains moments est la meilleure attitude. Cela ne consiste pas à demeurer figer, au contraire il faut tenter de maintenir un cap tout en sachant tirer des bords dans les marchés. Face à un sentiment qui devrait «malheureusement» demeurer erratique, il ne faut pas hésiter à agir à la marge sue son allocation. Nous avons choisi ce cap en début d’année et agi en conséquence depuis avec un bénéfice important: éviter une volatilité excessive des portefeuilles. Cela compte aussi!

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