Les produits structurés ont voté Trump

Levi-Sergio Mutemba

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Les produits d’optimisation auront probablement leur rôle à jouer pour gérer la sous-performance attendue du secteur bancaire européen.

©Keystone

 

Les investisseurs suisses ne sont pas restés à l’écart des opportunités de placement liées aux élections américaines. Des opportunités qui existent toujours, du reste. On se souvient du lancement, le 12 juillet dernier, de deux certificats activement gérés et offrant une exposition sur une trentaine d’actions américaines (par certificat) censées bénéficier des positionnements politiques respectifs des candidats à la présidence.

Le certificat Vontobel Republican 2024 US Election Index (ISIN CH1354572641) est ainsi composé d’actions d’entreprises les mieux positionnées en cas de victoire du camp républicain. Tandis que le portefeuille du Vontobel Democrat 2024 US Election Index (ISIN CH1354572591) est conçu pour refléter une victoire du camp adverse. Il s’avère que le certificat républicain a généré des rendements très supérieurs à son rival démocrate. Plus de 15% depuis son émission (au mardi 19 novembre 2024). Soit près de trois fois la performance de l’indice S&P 500 contre un peu moins de 4% pour le certificat démocrate.

L’un des principaux atouts de la version républicaine est qu’il comprend des titres du secteur bancaire américain. Ce dernier est totalement absent de la version démocrate. Or ce secteur devrait être l’un des principaux bénéficiaires de la «dérégulation» promise par Donald Trump. Les investisseurs sont néanmoins plus réservés quant au secteur bancaire européen. Qui évolue au sein d’un cadre réglementaire beaucoup plus contraignant, et dont les faibles niveaux de taux d’intérêt pèsent sur la rentabilité.

Une plus grande volatilité attendue sur les actions bancaires européennes pourrait ainsi favoriser les produits d’optimisation. Lundi 19 novembre, par exemple, fut le premier jour de négoce de la BRC (ISIN CH1372393384) émise par la Banque Cantonale de Bâle sur les actions du secteur financier suisse. A savoir la Banque Cantonale Vaudoise, Julius Baer, UBS et Partners Group. Le note arrive à échéance le 19 novembre 2026.

L’on constate également une certaine activité en termes d’émissions entourant le secteur de la santé aux Etats-Unis.

Ce produit paie un coupon annuel de 8,60% et les distances respectives des quatre titres par rapport à leur barrière knock-in se situent entre 43% et 45%, d’après les données SIX. Dotée d’une barrière légèrement moins basse et arrivant à maturité dans deux ans presque jour pour jour, la BRC (ISIN CH1390865124) de Leonteq sur les mêmes actions bancaires suisses offre un coupon annuel de 11,20%, avec un coussin d’amortissement d’environ 35%.

Ceci étant dit, on ne manquera pas de relever sur la plateforme SIX l’émission du 20 novembre de l’autocallable d’UBS (ISIN CH1390260169), émis en dollars, sur des groupes bancaires américains dotés d’une fort franchise dans la gestion d’actifs et l’investment banking. À savoir les sous-jacents JP Morgan, Goldman Sachs et BlackRock. Avec des barrières de protection conditionnelle relativement confortables, situées entre 38% et 40%. Le coût d’opportunité du produit pourrait toutefois devenir problématique en cas d’une poursuite soutenue du rally en cours.

A la SIX Structured Products, l’on constate également une certaine activité en termes d’émissions entourant le secteur de la santé américaine. Raiffeisen, par exemple, vient de lancer sa BRC (ISIN CH1386125541) avec des ETFs sectoriels comme sous-jacents. A savoir les fonds Health Care Select Sector SPDR ETF, l’iShares Nasdaq Biotechnology ETF et le SPDR Series Trust – S&P Biotech ETF. Des sous-jacents qui ont perdu entre 10% et 15% depuis l’élection de Donald Trump. Et dont la chute s’est récemment accentuée après la nomination de Robert F. Kennedy Jr. (RFK), catalogué comme «complotiste antivax», en tant que prochain ministre de la Santé et des Services Sociaux.

Enfin, autre signal d’activité spéculative autour de ce secteur, le lancement par Julius Baer de pas moins de 19 warrants (call et put) sur l’action de la société biotech américaine Moderna, dont le premier jour de négoce a été fixé au jeudi 21 novembre. Pour mémoire, Moderna développa le vaccin MRNA-1273 contre le covid-19, vaccin contre lequel RFK s’est dit ouvertement opposé. De sorte que l’action est perçue comme étant potentiellement l’une des plus exposées à la nouvelle administration américaine. Moderna a chuté d’un peu plus de 30% au cours du mois écoulé (au 19 novembre 2024).

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