Prendre soin des associations aussi

Stephan Mumenthaler, Scienceindustries, Zurich

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L'association scienceindustries ne veut pas sacrifier la Suisse sur l'autel de l'Europe. Au contraire.

Les représentants de l'association scienceindustries, qui défend les intérêts des branches importantes pour la Suisse que sont la chimie, la pharmacie et les sciences de la vie, ont récemment été accusés par les milieux politiques de vouloir conclure au plus vite un accord avec l'UE, non pas parce que cela serait bon pour le pays, mais parce que cela faciliterait leur travail.

Compte tenu de l'importance de la branche – il s'agit de la plus grande industrie d'exportation et du moteur de croissance de l'économie suisse de ces dernières années – et de la grossièreté de l'accusation, une petite réplique s'impose. Il ne s'agit pas seulement de réfuter ce reproche, mais aussi – et c'est encore plus important – de rompre une lance pour le système associatif en Suisse. Dans la frénésie et l'agitation des affaires politiques quotidiennes, on a tendance à oublier que la démocratie de concordance suisse est marquée par l'équilibre et la modération.

Equilibre des intérêts

Les associations jouent un rôle central dans cet équilibre des intérêts dans la lutte pour les meilleures solutions, et ce avant, pendant et après les débats parlementaires. L'apport des associations est important, car elles ne reflètent pas uniquement l'opinion de l'économie, mais sont l'économie: Les entreprises concernées sont représentées dans les comités des associations, que ce soit par des patrons, des CEO ou des chefs de pays, par des juristes en chef, des chefs de division ou de recherche. Ils montrent aussi qu'ils veulent prendre leurs responsabilités – pour la place économique locale et donc pour sa population.

Les négociations sont toujours un échange donnant-donnant, mais la Suisse ne renonce pas pour autant à son indépendance ou à sa liberté.

Il existe un lien très étroit entre la prospérité de l'économie et celle du pays. Aux États-Unis, on a dit que ce qui était bon pour General Motors était bon pour le pays. Cette affirmation est peut-être trop simpliste, mais elle n'en est pas moins pertinente: il est difficile d'imaginer qu'un pays se porte bien si les principaux secteurs économiques locaux sont en déclin et si les habitants n'ont pas de quoi vivre. L'action des associations en tant que bras armé de l'économie est donc importante et juste. En même temps, le lobbying agit dans les deux sens: Les associations prennent en compte les réactions de la politique, des médias et de la société civile et ont l'ambition – du moins scienceindustries – d'engager un dialogue constructif pour leurs membres.

Une relation durable

Les associations veillent à ce que le monde politique le reconnaisse et ne l'oublie pas. La démocratie, et a fortiori un parlement de milice, implique que les parlementaires reçoivent les arguments des différentes parties. C'est la seule façon pour eux d'être informés le plus complètement possible et de prendre des décisions de qualité. Personne ne connaît mieux que l'économie elle-même les effets concrets des réglementations de politique économique. Adopter des lois en ignorant les faits et les conséquences serait désastreux. Il faut éviter cela en créant les conditions nécessaires au bon fonctionnement des associations. Si l'on veut prendre soin de la Suisse, comme certains milieux l'ont clamé haut et fort avant les élections, il faut aussi prendre soin des associations. Elles font partie du système suisse, tout comme les instruments de la démocratie directe ou de la démocratie de base.

L'insinuation selon laquelle scienceindustries sacrifierait l'indépendance politique de la Suisse sur l'autel de l'Europe, formulée dans la critique mentionnée au début, ne pourrait être plus fausse. Les négociations sont toujours un échange donnant-donnant, mais la Suisse ne renonce pas pour autant à son indépendance ou à sa liberté. A l'inverse, il est illusoire de penser que nous pourrions maintenir notre niveau de vie sans une relation durablement viable avec notre principal partenaire commercial, l'UE. Il est expressément dans l'intérêt de l'économie et de la population suisses d'exprimer clairement ce point de vue.

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