La modernisation de l'accord de libre-échange entre la Suisse et le Royaume-Uni offre des opportuni-tés: les relations commerciales bilatérales, déjà excellentes, doivent encore être renforcées. Des po-tentiels jusqu'ici inexploités doivent être mis en valeur.

Les deux pays sont dans une position similaire : ce sont des pays européens très développés, dotés d'une industrie pharmaceutique et financière forte, et ils sont fortement imbriqués l'un dans l'autre et avec l'UE, de manière complexe et, comme on le sait, pas toujours sans friction. Les orientations économiques des deux pays sont presque congruentes. La Suisse et la Grande-Bretagne se distin-guent par leur compétitivité internationale, leur forte capacité d'innovation, leur ouverture économique et leur sens du pragmatisme.

Le fait que les deux pays ne soient pas ou plus membres de l'UE permet de mener une politique commerciale indépendante tout en tout en gardant le lien avec l'UE. Après le Brexit, il était important pour la Suisse d'établir rapidement les relations économiques bilatérales sur une nouvelle base con-tractuelle. La Suisse y est parvenue, notamment dans le cadre de la stratégie «mind the gap» du Conseil fédéral. Mais cela ne suffit pas: la modernisation imminente de l'accord de libre-échange ouvre des opportunités pour exploiter des potentiels jusqu'ici inexploités.

La Suisse et la Grande-Bretagne font partie des pays les plus innovants du monde. La modernisation de l'accord commercial bilatéral existant doit donc promouvoir les conditions-cadres et les facteurs de succès pour l'innovation. Des dispositions solides et durables en matière de propriété intellec-tuelle sont nécessaires de toute urgence. Cela permettra de renforcer les investissements transfronta-liers dans l'innovation, de promouvoir la croissance économique et d'améliorer la compétitivité mon-diale.

Le nouvel accord commercial doit impérativement contenir un chapitre moderne sur la protection et l'application des droits de propriété intellectuelle (PI). Cela offre des possibilités de coopération étroite dans les domaines des nouvelles technologies telles que l'intelligence artificielle et l'apprentis-sage automatique, ainsi que dans les innovations dans le domaine de la chimie, de la pharmacie et des sciences de la vie.

Si l'on considère le nombre de projets communs dans le cadre d'Horizon 2020, la Suisse a affiché le deuxième taux de coopération le plus élevé avec la Grande-Bretagne. Malheureusement, comme on le sait, la Suisse n'est plus entièrement associée à Horizon Europe, ce qui nuit à la force d'innovation locale. Il est donc encore plus important d'avoir d'autres partenaires dans la coopération internatio-nale en matière de recherche. Le Royaume-Uni, avec ses excellentes institutions, est justement pré-destiné à un approfondissement de la coopération.

Fin 2022, les deux pays ont signé un protocole d'accord sur la coopération en matière de recherche et d'innovation. Cet accord renforce encore le partenariat dans ces domaines, ce qui est nécessaire. Les industries chimique, pharmaceutique et des sciences de la vie dépendent de l'excellence dans la recherche, de la collaboration entre la recherche académique et industrielle et de la promotion des start-up.

Un accord offre des avantages stratégiques aux deux pays. Des dispositions améliorées, par exemple dans le domaine de la propriété intellectuelle, offrent aux deux pays la possibilité de les utiliser comme référence dans d'autres négociations.

Les renforcements dans le cadre bilatéral sont d'autant plus importants que les fissures dans le cadre multilatéral deviennent plus grandes et plus profondes. Lorsque, comme aujourd'hui, l'Organisation mondiale du commerce est presque paralysée, de telles amitiés sont vitales. La Suisse et la Grande-Bretagne forment un couple de rêve. L'opportunité offerte par l'approfondissement de l'accord de libre-échange avec le Royaume-Uni doit absolument être saisie.