Pour tout l’or du monde

Yvan Roduit, Raiffeisen

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Bon nombre de facteurs plaident pour que l’once de métal jaune regagne les anciens sommets de 2’070 dollars américains au cours de l’année 2023.

Lors d’une année 2022 désastreuse pour les investisseurs, l’or a pleinement assumé sa fonction de protection. Avec une appréciation d’à peine 1% en calculant en franc suisse, le métal jaune a fait partie de la clique très restreinte des actifs ayant terminé l’année en territoire positif. Petit aperçu des perspectives.

L’or est l’un des plus vieux actifs au monde. Le métal précieux a joué pendant longtemps un rôle très important dans le système monétaire moderne. C’est vers 1880 que l’étalon-or a commencé à s’imposer dans le monde. On trouvait alors de la monnaie soit directement constituée de pièces d’or, soit des billets dont la contre-valeur devait être déposée en or physique. Cette dernière variante permettait aux détenteurs de billets de les échanger à tout moment. La Première Guerre mondiale a marqué la suspension de l’étalon-or, puis son remplacement par le système de Bretton-Woods en 1944. La fin de ce système au début des années 1970 a fait perdre à l’or toute son importance dans le système monétaire.

Quel est le moteur de la demande en or aujourd’hui?

De nos jours, la demande mondiale en or est alimenté principalement par quatre acteurs: la bijouterie, l’industrie, les banques centrales et les investisseurs. Ces derniers acquièrent le métal sous la forme de pièces, de lingots et d’ETF. En 2021, 4’021 tonnes d’or furent échangées en tout. Si l’industrie bijoutière se montre constante dans la croissance de son appétit en or, la demande générée par les investisseurs fluctue plus fortement. En effet, en fonction de la situation du marché, il y a des achats importants ou des rachats massifs d’ETF sur l’or. De leur côté, les banques centrales sont également des acheteurs de poids. Au troisième trimestre 2022, la somme record de 400 tonnes a atterri dans leurs coffres. Dans le sillage de la guerre en Ukraine et des sanctions contre la Russie, certaines banques centrales (notamment celles des pays émergents) ont commencé à échanger leurs réserves en dollars américains contre de l’or. Si cette tendance se poursuit, la demande en or devrait rester élevée cette année encore. En effet, la rareté plaide toujours clairement en faveur de l’or.

Quelle place pour l’or dans le portefeuille des investisseurs?

L’année boursière 2023 commence bien pour toutes les catégories de placement. Cette progression réjouissante trouve sa dynamique haussière dans deux facteurs de taille: la fin de la stratégie zéro Covid en Chine et l’absence d’une pénurie d’énergie en Europe, lesquels ont entraîné une embellie du moral des consommateurs. Quelques nuages pointent toutefois à l’horizon. La politique monétaire reste toujours restrictive et d’autres hausses de taux d’intérêt vont sans doute être décidées par les banques centrales. Même si l’inflation a perdu de sa vigueur, les taux se maintiennent toujours à un niveau (trop) élevé. En parallèle, la dynamique conjoncturelle faiblit et les risques de récession restent élevés. Sur le plan économique, c’est un contexte de stagflation qui s’est installé. Cela signifie que l’or fait partie des gagnants d’un point de vue historique. Bon nombre de choses plaident pour que l’once regagne les anciens sommets de 2’070 dollars américains au cours de l’année 2023. Les investisseurs devraient trouver intérêt à utiliser le métal précieux comme complément dans un portefeuille diversifié, avec une pondération à adapter bien entendu en fonction de son aversion au risque et de son goût pour ce qui brille.

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