Point critique pour le climat

Jan Amrit Poser, J. Safra Sarasin

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Juin et juillet ont battu tous les records de chaleur en Europe, suivis de feux de forêts du Portugal à la Suède

 

Au deuxième trimestre, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont annoncé une contraction de leur produit intérieur brut (PIB) et le premier de ces pays au moins devrait se trouver en état de récession technique. Le climat des affaires n’est pas bon. Les indicateurs de sentiment économique de l’industrie manufacturière avaient commencé à se dégrader dès le début de l’année. Nos indicateurs avancés fondés sur la masse monétaire avaient identifié ce repli à temps et ils montrent aujourd’hui qu’un retournement pourrait se produire prochainement. Les banques centrales ont commencé à rouvrir les vannes monétaires, et pourtant les directeurs d’achats de l’industrie manufacturière voient toujours l’avenir en noir. La reprise pourra-t-elle avoir lieu ?

Les risques qu’elle ne se produise pas ont indéniablement augmenté. La raison en est que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’est encore intensifiée au troisième trimestre. Les différentes attaques et ripostes altèrent le climat économique et menacent à présent de paralyser complètement une croissance mondiale déjà faible. Nous nous trouvons à un point critique, qu’on appelle aussi «point de basculement» en langage technique. Au point de basculement, on ignore si la tendance en cours va s’inverser ou s’accélérer. Les prochaines semaines nous diront si les décideurs retournent à la table des négociations ou s’ils entraînent encore le climat économique mondial à la baisse, ce qui laisserait craindre une récession internationale.

Les forces populistes et nationalistes s’opposent
aux défenseurs du climat et aux mondialistes.

Le climat tout court se trouve lui aussi à un tel point critique. Juin et juillet ont battu tous les records de chaleur en Europe, suivis de feux de forêts du Portugal à la Suède. Dans une étude parue début août, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (GIEC) a mis en garde contre les répercussions du changement climatique sur les sols et la terre. Dans les conclusions du rapport, le GIEC indique avec un «haut degré de certitude» qu’un «report de l’atteinte des objectifs d’émissions de gaz à effet de serre entraînerait des pertes irréversibles de fonctions des écosystèmes terrestres indispensables à l’alimentation, à la santé, à l’habitat humain et à la production». Le scénario selon lequel la sécheresse et la hausse des prix des produits alimentaires dans les pays émergents finiraient par renverser les gouvernements et déclencher une vague de réfugiés rappelant les printemps arabes devient de plus en plus probable.

Nous en sommes donc aussi à un point de basculement du climat politique. La lutte pour l’avenir de notre planète est d’actualité partout dans le monde. Les forces populistes et nationalistes s’opposent aux défenseurs du climat et aux mondialistes. Ces prochains mois seront décisifs pour l’évolution de l’économie aussi bien à court qu’à long terme.   

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