Les corrections abruptes qui surviennent sur les marchés durant l’été sont souvent aussi inattendues qu’elles sont spectaculaires. La bourse suisse n’y a pas échappé ces derniers jours. Lorsque nombre d’opérateurs ont quitté leurs écrans en fin d’après-midi du 31 août avant le long week-end qui suivait la Fête nationale du 1er août, l’indice SMI évoluait encore à plus de 12'300 points. Le lundi matin, le 5 août, il ouvrait à moins de 11'500 points, soit une chute de plus de 6,5%. Ce n’est toutefois rien en comparaison de la bourse japonaise, à l’origine des turbulences survenues sur les marchés en début de semaine, où l’indice Nikkei a d’abord plongé de plus de 12% lundi, avant de rebondir de plus de 10% mardi, avant de regagner encore 1% mercredi.
Plus de peur que de mal doivent penser les personnes qui ne suivent pas l’évolution des marchés au jour le jour. Au cours des cinq dernières séances, le SMI a certes subi une perte de plus de 4% mais l’indice affichait mercredi en milieu d’après-midi toujours une hausse de près de 6% depuis le début de l’année. En France, le CAC 40, malmené en juin et juillet, a limité ses pertes à un peu plus de 3% sur une semaine, affichant désormais un recul de près de 4% depuis début janvier. Le DAX allemand, qui avait gagné près de 12% jusqu’à la mi-juillet, s’en sort avec une correction de 4,5% en une semaine, réduisant ses gains à un peu moins de 5% depuis le début de l’année.
En 2015, l’indice S&P 500 a effacé en quelques mois les pertes subies en août.
Outre Atlantique, la correction, déclenchée par les statistiques moins favorables qu’attendues concernant les créations d’emplois publiées vendredi dernier, a surtout affecté les valeurs technologiques. Sur une semaine, l’indice Nasdaq 100 accuse certes une perte de plus de 5% par rapport à la dernière séance de juillet mais l’indice qui regroupe les poids lourds de la Tech affichait mercredi en début de séance toujours un gain de plus de 11% depuis début janvier. Même tendance pour l’indice élargi S&P 500 qui a perdu plus de 4% en cinq séances mais qui affiche toujours une progression de plus de 12% depuis le début de l’année.
Depuis lundi, nombre d’économistes et stratèges ont ressorti de leurs archives différents exemples historiques aux Etats-Unis montrant des parallèles avec la situation qui a prévalu début août sur les marchés. Dans l’histoire récente, la correction survenue en août 2015 est intéressante à plus d’un titre. Cela notamment en raison de l’ampleur de la baisse observée en quelques jours seulement: après avoir évolué en légère hausse entre janvier et juillet 2015, l’indice S&P 500 a décroché d’environ 2100 points le 18 août à environ 1870 points le 25 août, soit un recul de 11%. Fin novembre 2015, le S&P 500 évoluait toutefois à nouveau à plus de 2100 points, effaçant ainsi l’entier de ses pertes subies durant l’été.
La même tendance a pu être observée au début du mois d’août 2011. Après une baisse de plus de 15% de l’indice phare de la bourse américaine survenue entre la dernière semaine de juillet et la première semaine d’août (!), l’indice S&P 500 a peu à peu pratiquement retrouvé en décembre 2011 ses niveaux atteints en milieu d’année, avant de poursuivre son rebond en début d’année 2012.
En remontant un peu plus loin, l’été 1998, marqué par la crise de la dette russe, avait aussi marqué les esprits. Entre le 17 août 1998 et la fin de ce mois-là, l’indice S&P 500 avait alors perdu plus de 13% de sa valeur une dizaine de séances – avant de terminer l’année à un niveau plus élevé qu’en juillet.
Une perte de plus de 5% est en général suivie d’un rebond de 6% après trois mois, indique Goldman Sachs.
S’il n’y a évidemment pas de règle toute faite qui s’applique à chaque situation, force est de constater que les brusques phases de corrections survenant sur les marchés – surtout lorsqu’elles surviennent dans des volumes très restreints comme c’est souvent le cas en plein milieu de la période des vacances – ne préfigurent pas nécessairement une baisse des marchés durant la seconde moitié de l’année. Loin s’en faut. Mercredi, la banque Golman Sachs estimait ainsi que de tels mouvements de recul des marchés sont même souvent une source d’opportunité. Ainsi, depuis 1980, l’indice S&P 500 a enregistré un rendement moyen de 6% au cours des trois mois qui ont suivi une baisse de 5% par rapport à son plus haut récent, selon l’équipe de stratégie de la banque d’investissement. Depuis son plus haut affiché à la mi-juillet, l’indice a reculé de plus de 8%, relève Goldman Sachs.
Si chaque épisode de correction est différent, les turbulences boursières durant l’été n’indiquent en tout cas pas nécessairement la direction qui est prise par les marchés durant les mois qui suivent.