La solidité de l’économie américaine, alimentée par la consommation privée, ne permet pas encore à la banque centrale américaine d’assouplir sa politique monétaire. Dans la zone euro, au vu des perspectives qui ne sont plus aussi pessimistes mais qui restent plutôt modérées, la BCE peut réduire quelque peu la forte dose de la politique monétaire, malgré la pression intérieure sur les prix qui a encore augmenté. En Suisse, la BNS profite de la détente dans l’environnement des prix pour normaliser rapidement les taux d’intérêt.
Depuis quelques années, les premiers enfants du babyboom partent à la retraite. Cela a pour conséquence que les personnes qui sortent du marché du travail sont plus nombreuses que celles qui y entrent. Afin de couvrir leurs besoins de main d’œuvre, les entreprises suisses font de plus en plus appel à des personnes qualifiées étrangères.
Les entreprises ont aussi la possibilité, en complément, de mieux exploiter le potentiel intérieur de main d’œuvre. En Suisse, la participation au marché du travail, qui se situe à plus de 80%, se trouve cependant déjà à un niveau élevé en comparaison internationale, alors que le taux de 65% que connaît par exemple l’Italie permet un réservoir bien plus grand.
L’élévation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans devrait toutefois contribuer à accroître un peu la participation au marché du travail dans les années à venir. De manière générale, il est possible de stabiliser l’offre de main d’œuvre en diminuant les retraites anticipées et en augmentant le travail au-delà de 65 ans. C’est en tout cas ce que démontre le Japon, précurseur en matière démographique, où plus de 50% des personnes âgées de 65 à 70 ans sont encore actives, alors qu’en Suisse ce taux atteint à peine 20%.
Actuellement, la tendance chez les jeunes comme chez les moins jeunes s’oriente cependant davantage vers une diminution du temps de travail. Au contraire des Etats-Unis où le temps de travail annuel par personne active reste à un niveau élevé depuis la crise financière, les heures de travail effectuées en Suisse et dans la plupart des autres pays européens suivent clairement une courbe descendante. Durant les 20 dernières années, la Suisse présente même le recul le plus important, soit 7,5%.
A cause du manque chronique de main d’œuvre qualifiée, le gouvernement grec autorise même depuis peu des semaines de six jours, avec un supplément de salaire de 40% pour le 6e jour. Depuis la crise de la dette, le pays lutte contre l’émigration des personnes qualifiées. Le fait que, selon les statistiques, les Grecs enregistrent le temps de travail annuel le plus élevé en Europe, avec 1886 heures en 2022, soit plus de 350 heures de plus qu’en Suisse, n’est donc pas suffisant.