Pas de hausse des taux par la BNS avant fin 2020

AWP

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«Il est très improbable que la BNS relève ses taux avant la BCE afin de ne pas rendre le franc plus attrayant par rapport à l’euro», estime Irina Martin, économiste à la Banque Migros.

La Banque nationale suisse (BNS) ne devrait pas procéder à une hausse des taux directeurs avant fin 2020 «au plus tôt», a estimé Irina Martin, économiste à la Banque Migros, alors que les grandes banques centrales ont mis un frein à leur resserrement monétaire en raison des perspectives de croissance moroses.

L’institut d’émission helvétique pourrait remonter fin 2020 son taux directeur de 0,25 point de pourcentage, a-t-elle indiqué à AWP.

Lors de son examen périodique de la situation économique et monétaire le 21 mars, la banque centrale suisse avait conservé le taux d’intérêt appliqué aux avoirs à vue à -0,75% et la marge de fluctuation du Libor à trois mois en francs entre -1,25% et -0,25%.

Le statu quo de la BNS est intervenu dans un contexte de ralentissement conjoncturel, qui incite les banques centrales à être plus prudentes. La Réserve fédérale américaine (Fed) a récemment drastiquement changé de cap en renonçant à relever les taux d’intérêt cette année, dans la perspective d’un ralentissement plus marqué de la croissance aux Etats-Unis et d’une inflation toujours plus contenue.

Début mars, la BCE a renforcé son soutien à l’économie en zone euro, prolongeant le statu quo sur ses taux tout en lançant un nouveau programme de prêts géants et bon marché aux banques.

Le taux de change du franc reste aussi une préoccupation majeure. «Le franc suisse est actuellement fortement valorisé par rapport à l’euro. Il est donc actuellement très improbable, que la BNS relève ses taux avant la BCE afin de ne pas rendre le franc plus attrayant par rapport à l’euro», a souligné Mme Martin.

Jusqu’à récemment, les marchés anticipaient un resserrement de la politique monétaire dans la zone euro vers l’été 2019, mais le refroidissement conjoncturel mondial a rendu les grandes banques centrales plus prudentes.

«La croissance faiblit depuis plusieurs trimestres dans la zone euro et la pression inflationniste demeure faible», a ajouté l’économiste. Cette dernière ne s’attend cependant pas cette année à une récession dans l’union monétaire européenne. Mais si la croissance devrait ralentir plus que prévu, la BNS pourrait attendre au moins deux à trois ans avant de relever ses taux directeurs, a estimé Irina Martin.

Croissance modérée

Les prévisions de croissance ne sont en effet guère encourageantes. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a récemment abaissé ses prévisions. L’institut s’attend à ce que la croissance mondiale n’atteigne que 3,3% en 2019 à cause des tensions commerciales et des incertitudes politiques. En novembre 2018, l’OCDE tablait encore sur une progression de 3,5%.

Début mars, la BCE avait annoncé s’attendre à voir l’économie de la zone euro croître de 1,1% cette année et de 1,6% en 2020, contre 1,7% pour les deux années lors de ses dernières prévisions de décembre.

La BNS est un brin plus optimiste. Après avoir stagné au 2e semestre 2018, la croissance du produit intérieur brut devrait à nouveau un peu s’accélérer. Pour cette année, la BNS continue de tabler sur une progression de 1,5%, contre 2,5% l’exercice précédent.

La prévision 2019 de la BNS est identique à celle de Credit Suisse (1,5% également), mais sensiblement supérieure à celles d’UBS (0,9%) et du Secrétariat d’Etat à l’économie (1,1%).

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