La BNS, sans surprise sur les taux, plus prudente pour l’inflation

AWP

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Dans la dernière livrée trimestrielle de ses prévisions, l’institut d’émission table désormais sur une inflation de 0,3% en 2019. En décembre, elle anticipait encore une accélération des prix 0,5%.

Des prévisions de croissance inchangées et une inflation ralentie n’ont pas poussé la Banque nationale suisse (BNS) jeudi à changer d’un iota sa politique monétaire, toujours expansionniste. Au vu des perspectives économiques en Europe et du statu quo observé par la Banque centrale européenne (BCE), cette situation ne devrait pas changer dans l’immédiat.

L’institut d’émission «maintient le cap expansionniste de sa politique monétaire», stabilisant ainsi l’évolution des prix et soutenant l’activité économique, a-t-il indiqué à l’occasion de l’examen de la situation économique et monétaire.

Concrètement, la banque centrale helvétique maintient le taux d’intérêt appliqué aux avoirs à vue à -0,75% et la marge de fluctuation du Libor à trois mois en francs entre -1,25% et -0,25%, un niveau inchangé depuis janvier 2015.

Toujours attentive à l’évolution des taux de change, «la BNS continue d’intervenir au besoin sur le marché des changes en tenant compte de la situation pour l’ensemble des monnaies», a-t-elle précisé dans un communiqué.

Après avoir culminé à près de 1,20 franc pour un euro en avril 2018, son plus faible niveau depuis l’abandon du taux plancher en janvier 2015, la devise s’est nettement raffermie et s’échangeait jeudi midi à 1,13204 EUR/CHF.

Pour la BNS, la monnaie suisse «s’inscrit toujours à un niveau élevé, et la situation sur le marché des changes demeure fragile». Raison pour laquelle, le taux d’intérêt négatif et sa disposition à intervenir au besoin sur le marché des changes restent d’actualité.

L’annonce de l’institut d’émission helvétique intervient dans un contexte de ralentissement conjoncturel, qui incite les banques centrales à être plus prudentes. Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) a drastiquement changé de cap en renonçant à relever les taux d’intérêt cette année, dans la perspective d’un ralentissement plus marqué de la croissance aux Etats-Unis et d’une inflation toujours plus contenue.

Croissance mondiale ralentie

Début mars, la BCE a renforcé son soutien à l’économie en zone euro, prolongeant le statu quo sur ses taux tout en lançant un nouveau programme de prêts géants et bon marché aux banques.

Les prévisions de croissance ne sont en effet guère encourageantes. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a récemment avait abaissé ses prévisions. L’institut s’attend à ce que la croissance mondiale n’atteigne que 3,3% en 2019 à cause des tensions commerciales et des incertitudes politiques. En novembre 2018, l’OCDE tablait encore sur une progression de 3,5%.

La BNS est un brin plus optimiste. L’institut d’émission relève que les indicateurs conjoncturels traduisent une dynamique «modérément positive». Après avoir stagné au 2e semestre 2018, la hausse du PIB devrait à nouveau un peu s’accélérer. Pour 2019, la BNS continue à tabler sur une progression de 1,5%, contre 2,5% l’année dernière.

La prévision 2019 de la BNS est identique à celle de Credit Suisse (1,5% également), mais sensiblement supérieure à celles d’UBS (0,9%) et du Secrétariat d’Etat à l’économie (1,1%).

En matière de prix, la banque centrale table sur une inflation de 0,3% en 2019. En décembre, elle anticipait encore une accélération des prix 0,5%. Pour 2020, les anticipations se fixent à 0,6%, alors qu’elles se situaient à 1% il y a trois mois.

S’émanciper de la BCE

La raison principale de ces révisions est liée aux perspectives de croissance et d’inflation à l’étranger. Celles-ci se sont affaiblies, entraînant dans la foulée un abaissement des anticipations sur l’évolution des taux directeurs dans les principales zones monétaires. Pour 2021, la BNS prévoit à nouveau une inflation plus forte de 1,2%.

Vu que la BNS assimile la stabilité des prix à une hausse annuelle inférieure à 2% des prix à la consommation, l’inflation est encore loin d’inquiéter les grands argentiers.

Face à un environnement économique qui se dégrade et aux incertitudes politiques, les analystes s’attendent à voir cette situation durer. Les spécialistes de Morgan Stanley n’anticipent pas de relèvement des taux avant fin 2020. La société d’investissement Bantleon ne voit quant à elle pas de changement «avant un certain temps».

Les spécialistes de VP Bank estiment quant à eux que la BNS devrait revoir l’importance des taux de change, car en restant fixé sur le franc, l’institut dirigé par Thomas Jordan reste dépendant des choix de politique monétaire de sa grande voisine, la BCE.

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