Opportunités et risques des placements en actions et capital naturel

Yohann Terry, J. Safra Sarasin

2 minutes de lecture

L’approche des entreprises sur les plastiques recyclés est un critère clé. Mais aussi les véhicules électriques et la gestion de l’eau.

L’économie mondiale repose en grande partie sur le capital naturel. Depuis 1970, notre empreinte écologique dépasse le taux de régénération de la planète. Nous examinons les risques et les opportunités qui en découlent pour les investisseurs en actions.

Il y a quelques années, j’ai rencontré les dirigeants de l’une des plus grandes sociétés d’agroalimentaire à l’occasion de la présentation de sa stratégie ESG. Vers la fin de la réunion, réalisant qu’ils avaient uniquement évoqué le changement climatique et le carbone, je les ai naturellement interrogés sur leur politique en matière d’emballages. Leur réponse a été claire: nous devons rester focalisés et ne pouvons traiter toutes les questions en même temps. 

Les entreprises qui ont pris les devants en matière
de plastiques recyclés bénéficient d’un avantage concurrentiel.

Aujourd’hui, de nombreux fabricants de produits de consommation s’efforcent par tous les moyens d’utiliser des plastiques recyclés à l’heure où un nombre croissant de consommateurs adoptent des pratiques respectueuses de l’environnement et où les régulateurs durcissent le ton. Cependant, l’offre de plastiques recyclés ne suffit pas à répondre à la demande et les entreprises qui ont pris les devants bénéficient désormais d’un avantage concurrentiel. Cette anecdote illustre les risques associés à une mauvaise gestion du capital naturel, mais aussi les opportunités y afférentes. 

Analyser la perte de la biodiversité

Le Forum économique mondial nous a mis en garde sur la forte augmentation des risques liés à la perte de la biodiversité et au capital naturel ces dernières années. Toutefois, réaliser une analyse détaillée de ces risques n’est pas si simple. Dans notre processus d’investissement, nous mettons l’accent sur un certain nombre d’indicateurs clés liés au capital naturel, tels que le taux de recyclage, la gestion de l’eau ou la pollution. Cependant, les données comparables restent insuffisantes, en particulier dans le domaine de la biodiversité. 

Le référentiel Task Force on Nature-related Financial Disclosures vise à clarifier les indicateurs requis par les établissements financiers pour évaluer ces risques, et prévoit de tester un cadre de reporting en 2022. L’an dernier, Bank J. Safra Sarasin a compté parmi les signataires fondateurs du «Finance for Biodiversity Pledge» (engagement de la finance pour la biodiversité), dont l’objectif est l’accroissement et le partage des connaissances dans le domaine de la biodiversité, l’établissement d’un dialogue avec les entreprises détenues en portefeuille et la publication de rapports transparents.

La diminution du coût des solutions écologiques
va également constituer un moteur de croissance.
Capter les opportunités liées à la biodiversité

Nous avons développé un cadre qui classe les défis liés à la nature sous les thèmes Eau, Ecosystèmes, Terres et Air. Selon nous, les opportunités qu’offrent ces catégories seront déterminées par trois grands facteurs. Nous avons déjà évoqué l’importance de la prise de conscience grandissante avec l'exemple du plastique recyclé. Ce même constat vaut également pour d’autres produits respectueux de l’environnement comme les véhicules électriques, la gestion efficiente de l’eau ou les énergies renouvelables. En second lieu, la diminution du coût des solutions écologiques va également constituer un moteur de croissance. Ces dix dernières années, le coût des énergies renouvelables, de l’hydrogène et du traitement des eaux a considérablement baissé et, dans bien des cas, est désormais équivalent à celui des technologies conventionnelles.

La biodiversité assure la cohésion de ces éléments, permettant à la nature de fonctionner efficacement et d’absorber les chocs

 
Sources: Bank J. Safra Sarasin Ltd

 

Enfin, les nouvelles réglementations basées sur des objectifs zéro émission nette et les plans de relance n’ont jamais été aussi favorables aux solutions environnementales. Le Pacte vert de l’UE par exemple devrait apporter 470 milliards d’euros d’investissements supplémentaires, répartis dans les domaines de l’efficacité énergétique, de l’économie circulaire et de la protection de l’environnement. 

Selon nous, ce contexte est particulièrement positif pour les entreprises en phase de démarrage, qui disposent désormais de la visibilité suffisante pour développer et commercialiser de nouvelles technologies. Par exemple, notre stratégie pour une planète verte investit dans des sociétés qui ont développé des enzymes permettant de dépolymériser et de recycler les plastiques PET. Bien qu’il faille rester attentif à la valorisation des actions, nous estimons que ces entreprises ont de nombreuses années de croissance devant elles et constituent une formidable opportunité de placement.

A lire aussi...