Outre la reprise économique de ces derniers mois, l’euro a particulièrement profité de l’accord trouvé par les Etats membres autour du plan de relance.
L’autorisation de mise sur le marché d’un vaccin devrait encore accélérer la reprise économique en 2021. En conséquence, la monnaie contracyclique qu’est le dollar devrait encore se déprécier. A l’inverse, l’euro devrait profiter du redressement de l’activité mondiale. Le franc suisse et le yen devraient bien se comporter également. Les cours de l’or devraient rester élevés, même si nous prévoyons une consolidation modérée pendant l’année 2021.
Ces deux derniers trimestres, le dollar s’est nettement déprécié par rapport aux autres monnaies. Nous pensons que le billet vert a atteint son haut de cycle au printemps 2020 et qu’il suit depuis lors une tendance baissière, appelée à se poursuivre en 2021.
Ce scénario est conforté en particulier par la probabilité qu’un vaccin contre le coronavirus soit bientôt disponible, ce qui accélérerait sensiblement la reprise économique l’an prochain. Compte tenu du poids relativement réduit des exportations dans l’économie des Etats-Unis, le dollar se comporte comme une monnaie contracyclique; on peut donc s’attendre à ce qu’il continue de se déprécier.
Le redressement de l’activité ne pas la seule cause d’une érosion du dollar. Les baisses de taux coordonnées des banques centrales au printemps dernier ayant quasiment éliminé l’avantage que détenaient les Etats-Unis en termes de taux d’intérêt réels, le billet vert a perdu ce qui fut l’un des principaux soutiens de sa vigueur ces dernières années.
En outre, le double déficit (budgétaire et commercial) américain constitue un puissant moteur du cycle pluriannuel du dollar, puisqu’il existe une forte corrélation historique entre la faiblesse du billet vert et le creusement de ce double déficit. En conséquence de la montée du chômage due à la crise du coronavirus, les Etats-Unis n’auront pas d’autre choix que de voter un plan de relance généreux, ce qui devrait continuer à produire des déficits budgétaires élevés. Enfin, l’attitude plus conciliante des démocrates dans le conflit commercial ainsi que l'accélération des importations (sur fond de reprise de l'économie nationale) devraient tendre à creuser encore davantage le déficit des comptes courants, ce qui laisse également prévoir une dépréciation du dollar.
Outre la reprise économique de ces derniers mois, l’euro a particulièrement profité de l’accord trouvé par les Etats membres autour du plan de relance de l’UE. Cet accord a été interprété par les marchés comme une confirmation décisive de la volonté de cohésion des Etats membres et il a ainsi considérablement contribué à réduire l’incertitude politique qui pesait sur la monnaie unique.
En 2021, l’imminence d’un vaccin contre le coronavirus devrait fortement accélérer l’économie de la zone euro, très axée sur les exportations, et attirer davantage de flux de capitaux, ce qui devrait donner des ailes à l’euro. La monnaie unique devrait bénéficier de surcroît des perspectives d’amélioration des relations commerciales transatlantiques.
Malgré l’appréciation de l’euro, le franc suisse subit toujours une forte pression haussière, comme l’atteste en particulier la rapide augmentation des dépôts à vue de la Banque nationale suisse, qui peuvent être considérés comme un indicateur de l’ampleur des interventions de l’institution centrale sur le marché des changes. Du fait de taux d’intérêt réels plus attrayants, d’avantages structurels et de sa fonction de monnaie refuge, le franc suisse devrait rester ferme en 2021 également.
Nous jugeons les perspectives d’évolution du yen très largement positives. Grâce à des taux de contamination extrêmement faibles, le Japon a réussi jusqu’ici à tenir la crise sanitaire en respect sans confinement généralisé de sa population, ce qui devrait se traduire par des taux de croissance moins négatifs qu’ailleurs. Dans le même temps, la part croissante de la Chine dans les exportations japonaises témoigne de la résilience de l’économie nationale, ce qui devrait tirer le yen à la hausse. Les taux d’intérêt réels des emprunts d’Etat japonais restent également attrayants en raison d’une inflation obstinément faible. Enfin, le yen devrait profiter des phases de volatilité temporaire des marchés.
À l’inverse, l’évolution future de la livre sterling dépendra principalement de deux facteurs. D’une part, l’issue des négociations autour de l’accord commercial post-Brexit devrait fortement influer sur l’orientation de la croissance de l’économie britannique et, d’autre part, le pays a plus durement souffert de la crise sanitaire que la plupart de ses voisins. On peut donc en déduire que la Banque d’Angleterre prendra des mesures d’assouplissement quantitatif supplémentaires au cours des prochains mois afin d’aider une économie très éprouvée à se remettre sur pied. Cette politique pourrait encore accentuer la pression sur des taux d’intérêt réels bien bas, limitant ainsi le potentiel d’appréciation de la livre sterling, malgré la conclusion attendue d’un accord commercial.
Les cours de l’or devraient continuer d’évoluer à un niveau élevé, ce que laissent prévoir des taux d’intérêt réels toujours faibles et notre scénario de poursuite de la baisse du dollar. L’autorisation de mise sur le marché de vaccins contre le coronavirus devrait réduire durablement l’incertitude qui pèse sur les marchés financiers, ce qui laisse prévoir une consolidation des cours du métal jaune en 2021.