Est-ce que nous y sommes?

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

1 minute de lecture

La Fed opte pour une pause agressive, les yeux rivés sur l’inflation. Les marchés redoutent le «shutdown» de l’administration américaine. Les tensions géopolitiques affectent le marché du pétrole.

Les investisseurs scruteront ce vendredi l’indice des prix (PCE) hors alimentation et énergie (la mesure d’inflation préférée de la Réserve fédérale) afin de savoir si le cycle de hausse des taux touche à sa fin. Le risque de blocage de l’administration américaine, le fameux «shutdown», menace aussi les marchés, le Parlement américain estimant qu’il reste peu de temps pour trouver un accord permettant de sortir de l’impasse budgétaire. La semaine dernière, la Fed a laissé ses taux inchangés, mais surpris avec une trajectoire en pointillés plus agressive pour 2024. Son Comité de politique monétaire (FOMC) table désormais sur une baisse des taux de 50 pb l’année prochaine, contre 100 pb précédemment. Cette évolution est conforme à notre scénario de taux durablement plus élevés. Face à l’agressivité inattendue de la Fed, le rendement du 10 ans a brièvement atteint 4,5% (un pic depuis 2007), avant de refluer légèrement. Alors que le marché du travail demeure tendu, la Fed a également relevé de 1,0% à 2,1% ses projections de croissance pour 2023. Nous sous-pondérons les petites capitalisations, plus sensibles aux taux en raison d’une dette à taux variable plus importante. Les petites capitalisations et le Nasdaq ont enregistré des pertes hebdomadaires supérieures à 3%. Les secteurs cycliques ont cessé de surperformer les secteurs défensifs, les marchés s’inquiétant de l’impact de taux durablement élevés.

En Europe, la Banque d’Angleterre a laissé son taux directeur inchangé à 5,25%, tout en précisant que la politique monétaire devait être «suffisamment restrictive suffisamment longtemps». De fait, elle a décidé d’accélérer son resserrement quantitatif. De son côté, la Banque nationale suisse a estimé que le resserrement des derniers trimestres freinait l’inflation et maintenu ses taux inchangés. Cette décision surprise de la BNS a affaibli le franc suisse, qui a abandonné plus de 1% par rapport au dollar. Nous sommes négatifs vis-à-vis du franc suisse. Le Parlement néerlandais a approuvé une proposition visant à imposer une taxe bancaire, ce qui a plombé les grands établissements de crédit.

Le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan – riche en pétrole – au sujet de la région du Haut-Karabakh a attisé les tensions affectant le marché pétrolier la semaine dernière. Si un cessez-le-feu a été négocié, la dégradation de la situation géopolitique, ici comme ailleurs, obscurcit les perspectives des marchés. Les prix du pétrole restent soutenus par les réductions de production et la diminution des exportations russes. Nous maintenons notre objectif de 95 dollars pour le baril de Brent en fin d’année. Autre signe d’un environnement géopolitique de plus en plus tendu, le différend diplomatique entre l’Inde et le Canada s’est aggravé. Au Brésil, la banque centrale a abaissé son taux directeur de 50 pb pour la deuxième fois. Les pays d’Amérique latine ont devancé la hausse des taux de la Fed de 12 à 18 mois et conservent cette avance dans la phase d’assouplissement. Nous surpondérons les obligations émergentes en devise locale.

A lire aussi...