Ne laissons pas le jargon financier saborder le financement mixte

Christoph Courth, Pictet Wealth Management

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Le jargon et le besoin de compliquer ce qui ne l’est pas peuvent exclure les philanthropes d’approches capables de porter un véritable changement systémique.

Financement mixte, ODD, ESG, innovation responsable: le monde des services financiers a une fâcheuse tendance à abuser de termes complexes, considérés comme des preuves de compétence et d’expertise. Mais dans les faits, ce jargon a surtout pour effet de créer de la confusion auprès des clients.

Or, cette compréhension est essentielle,  les instruments, les méthodes et les approches évoluant sans cesse. L’aide au développement et le monde associatif ont besoin de savoir comment investisseurs et philanthropes peuvent œuvrer, ensemble, à l’essor de l’économie durable. C’est d’autant plus important pour la nouvelle génération de grandes fortunes, beaucoup plus sensible aux enjeux environnementaux et sociaux que ne l’étaient leurs parents et grands-parents.

Pourtant, le jargon et le besoin de compliquer ce qui ne l’est pas peuvent exclure les philanthropes d’approches capables de porter un véritable changement systémique. Le financement mixte en est un parfait exemple.

Comme son nom l’indique, le financement mixte est un concept assez simple: il s’agit de rapprocher différentes sources de capitaux (philanthropie, secteur public et secteur privé) pour les mettre au service d’une cause commune. Les philanthropes doivent donc s’associer à d’autres, qu’ils soient philanthropes, issus du secteur public ou des investisseurs.

Le financement mixte peut être un outil très intéressant pour le développement social et économique.

Si l’idée est particulièrement prometteuse, les défis ne manquent pas. D’une part, il faut souvent du temps pour rapprocher de nombreux d’acteurs. D’autre part, alors que les donateurs et fonds privés ont toute liberté de faire ce qu’ils veulent de leur argent, les investissements réalisés par les pouvoirs publics doivent générer des résultats financiers, mais aussi sociaux et environnementaux.

Le financement mixte peut être un outil très intéressant pour le développement social et économique. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’OCDE, il manque environ 2500 milliards de dollars par an pour le développement. Pourtant, les objectifs pourraient être atteints si la philanthropie, le public et le privé s’unissaient.

Souvent, l’appui des philanthropes et des pouvoirs publics réduit le risque de certains investissements, qui sont de ce fait accessibles au secteur privé. Les investisseurs privés peuvent donc, à leur tour, investir et  amplifier l’impact positif. En réduisant le risque et en assurant un rendement financier aux investisseurs privés, ce qui pourrait sembler trop visionnaire, trop précoce ou trop ambitieux, et donc trop risqué, peut devenir une opportunité d’investissement viable.

Les conseillers en philanthropie contribuent à façonner les idées et à mettre le travail des autres en lumière: des approches, des succès et parfois aussi des échecs qui permettent d’avancer. De nombreux individus fortunés  ont à la fois le désir et la capacité d’utiliser leur fortune pour faire changer le monde. Ils savent que les choix qu’ils font peuvent influencer l’avenir de notre planète, et donc la survie de l’espèce humaine. Pour certains, l’objectif est de faire leur part du travail. Pour d’autres, il ne s’agit que d’une première étape vers un changement plus systémique. Les deux approches sont louables et pertinentes.

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