Incertitude autour de la «date fatidique»

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Signes annonciateurs d’une pause de la Fed. Incertitude vis-à-vis du plafond de la dette américaine. Bonnes surprises pour les entreprises européennes.

Le Royaume-Uni a célébré le couronnement du roi Charles III et la Fed a relevé ses taux de 25 pb la semaine dernière. Elle semble envisager une pause, car elle a supprimé de son discours l’expression «un nouveau durcissement monétaire pourrait s’avérer approprié», tout en laissant son programme d’assouplissement quantitatif inchangé (même si les solides chiffres de l’emploi et la hausse inattendue des salaires confirment le commentaire de Jerome Powell selon lequel la lutte contre l’inflation est loin d’être terminée). Suite au rachat de First Republic Bank par JP Morgan, la fuite des dépôts vers les marchés monétaires se poursuit, mais elle est désormais le fait d’investisseurs privés plutôt qu’institutionnels – il conviendra de surveiller l’évolution de la situation dans les semaines à venir. On observe en outre que les prêts accordés par le BTFP (Bank Term Funding Program) atteignent USD 76 mia, ce qui souligne la persistance des tensions au sein du secteur bancaire. Dans l’immédiat, le marché reste attentif au plafond de la dette américaine, la date fatidique de possible défaut de paiement du Trésor se situant désormais en juin. L’incertitude liée à cette situation de blocage incite à sous-pondérer le dollar et à surpondérer l’or. (Parmi les autres sources d’incertitude, on peut citer «l’attaque» du Kremlin par des drones, l’arraisonnement de deux pétroliers par l’Iran dans le détroit d’Ormuz et les prochaines élections en Turquie – autant d’éléments susceptibles de doper la volatilité dans les semaines à venir.) Le rendement des obligations d’Etat américaines à 2 ans est inférieur de 1% au taux des Fed Funds, position normalement insoutenable. Sur le front des entreprises, le fabricant de l’iPhone a rassuré les marchés en ce qui concerne les perspectives du secteur technologique grâce à des bénéfices meilleurs qu’anticipé, mais les valorisations actuelles justifient la prudence à l’égard des actions américaines.

Limitée à 25 pb, la hausse des taux de la BCE a été moins importante que lors des trois réunions précédentes. Contrairement à la Fed, Christine Lagarde a indiqué que la BCE «ne ferait pas de pause», ce qui implique au moins une nouvelle hausse de 25 pb en juin. Cette approche fait écho aux chiffres de l’inflation, même si la baisse des ventes de détail en zone euro et l’effondrement de l’activité manufacturière allemande indiquent que la hausse des taux commence à impacter l’économie – malgré un taux de chômage historiquement faible de 6,4% dans la région. La dernière enquête sur le secteur bancaire a reflété un resserrement des conditions de prêt et une forte baisse de la demande de prêts des entreprises. Alors que la saison de publication des résultats vient de commencer en Europe, les premiers résultats annoncés sont favorables, avec de bonnes surprises concernant les chiffres d’affaires et les bénéfices nets, mais aussi les marges.

En Chine, les dépenses liées aux congés de mai ont dépassé les niveaux prépandémie avec 270,2 millions de passagers dans les transports, chiffre qui confirme la thèse d’un dividende de réouverture –, mais l’indice des directeurs d’achat (PMI) manufacturier a affiché sa première contraction depuis le début de l’année. Le sous-indice de l’emploi a également reculé, indiquant un marché du travail toujours déprimé dans le secteur manufacturier. Le rétablissement du secteur immobilier – moteur de la confiance des ménages – demeure la condition d’une reprise plus large.

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