Mission: impossible? – Monthly House View d’Indosuez WM

Delphine Di Pizio Tiger, Indosuez Wealth Management

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Tandis que la Fed a gagné une bataille aux Etats-Unis, le Japon pourrait s’avérer un investissement attractif et diversifiant dans le cadre d’une stratégie d’allocation d’actifs.

Trois pour cent est le niveau de l’inflation américaine sur un an en juin. Même si elle est toujours au-dessus de la cible de la Réserve fédérale (Fed) de 2%, elle est revenue sur les niveaux de mars 2021. La Fed a-t-elle réussi sa mission impossible de dompter la hausse des prix sans faire pour autant sombrer l’économie en récession?

En remontant agressivement de 5% ses taux directeurs sur un peu plus d’un an, la Fed a réussi cette première étape, le pic d’inflation qui avait dépassé 9% mi-2022 est désormais derrière nous. Aujourd’hui la composante énergie contribue négativement sur un an, ce qui explique que l’inflation retraitée des éléments les plus volatils reste encore élevée. La Fed a gagné une bataille mais pas encore la guerre. La bonne nouvelle est que le spectre de la récession s’éloigne; l’économie américaine crée encore 200’000 emplois par mois. Historiquement, une récession américaine est systématiquement précédée par des créations d’emplois autour de 100’000 les 3 à 6 mois précédent la contraction de l’économie.

Il faut dire que pour sortir de la crise de la COVID-19 et relancer l’économie, les Etats-Unis avaient mis sur la table 26% du PIB, soit le double de la zone euro. D’après le Fonds monétaire international (FMI), 80% de l’inflation post-COVID aux Etats-Unis était due à la surchauffe de l’économie contre seulement 6% en Europe. Aujourd’hui il y a convergence entre les deux côtés de l’Atlantique, l’inflation est principalement liée aux prix des services locaux.

Alors que le défi de ce deuxième semestre qui s’ouvre sera pour la Fed et la Banque centrale européenne (BCE) de déterminer un taux pivot maximal probablement autour de 5,5% et 4% respectivement, il en va tout autrement pour les pays émergents. Ces pays avaient été les premiers à remonter les taux. Ils sont de nouveau dans cette avance de phase par rapport aux pays développés pour baisser les taux, notamment en Amérique latine et en Europe de l’Est. De plus, en Asie, le spectre de la déflation plane sur la Chine, qui, dans cette économie mondiale au ralenti, exporte moins. L’Empire du milieu vient d’afficher des prix à la sortie des usines en baisse de 5,4% sur un an au mois de juin. Il est probable que dans ce contexte de croissance mitigée, les autorités chinoises décident de mettre en place des mesures pour soutenir l’activité notamment en baissant les taux.

Nous considérons toujours que l’impact de la hausse des taux de ces derniers mois sera plus long à se diffuser et à se matérialiser dans l’économie mondiale. La raison est que le contrecoup de la COVID-19, qui aura en partie justifié ces hausses, a été accompagné de relances fortes dans beaucoup de pays.

Nous scrutons tous les signaux faibles qui s’accumulent déjà:

  • Les difficultés rencontrées par les fonds de pension à la fin 2022 au Royaume-Uni.
  • La faillite de la Silicon Valley Bank a fait trembler le marché en mars dernier. Néanmoins, à la vue des premiers résultats des banques américaines pour le deuxième trimestre, cet évènement a l’air d’être déjà, lui aussi, derrière nous.
  • Enfin, il y a aujourd’hui les entreprises britanniques de services à la collectivité, qui, notamment dans le secteur de l’eau, sont en difficulté car elles ont été très émettrices d’obligations indexées à l’inflation, ce qui entraine de fortes augmentations du service de la dette dans le contexte actuel. Avec plus de 40 milliards de livres sterling, le marché britannique des obligations indexées à l’inflation émises par des entreprises est le plus gros au monde.

Le point commun entre ces trois évènements est la mauvaise anticipation de l’entreprise quant à l’impact d’une remontée brutale de l’inflation et des taux sur la gestion de ses placements ou de son endettement. Il est vrai que nous sortons d’une période de 15 ans de taux bas, voire négatifs.

Ce qui rendra possible la périlleuse mission des banques centrales est l’utilisation des bons outils au bon moment, il en est de même pour l’investisseur concernant son allocation d’actifs. Aujourd’hui, la volatilité de certains marchés comme les actions est très faible et elle ne doit pas faire baisser notre vigilance. Il y a d’importants positionnements contraires sur la dette américaine entre les acteurs spéculatifs qui anticipent une poursuite du mouvement haussier sur les taux tandis que le positionnement institutionnel reflète une vue contraire. Encore une fois, cela nous laisse de belles opportunités à saisir et nous permet d’appréhender au mieux ce nouveau semestre qui s’ouvre.

 

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