Marchés émergents: un découplage qui invite à la prudence

Thomas Planell, DNCA Invest

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Le poids croissant des émergents dans le PIB mondial et la dépendance à leurs capacités de production justifient leur participation dans la reprise globale.

Les programmes de vaccination accélèrent leur rythme en occident. Chaque dose inoculée consolide un peu plus le rempart sanitaire dressé contre l'agresseur invisible, rend moins risquée la réouverture progressive des économies, ravive l'espoir d'un retour à la normale. Les rencontres internationales reprennent en juin, qu'elles soient politiques (pour la première fois depuis son élection, Joe Biden visitera l'Europe à l'occasion d'une succession de sommets: G7, OTAN, climat…) ou sportives avec l'Euro de football. 

Une confiance renouvelée en France

En France, à l'approche des scrutins municipaux et présidentiels, le débat politique français se concentre à nouveau sur les sujets plus traditionnels de la croissance et de la sécurité tandis que la cote de popularité d'Emmanuel Macron s'améliore. Grâce à son revirement paternaliste, le Président apparaît plus populaire que Nicolas Sarkozy et François Hollande à ce stade du quinquennat. 

Du côté des entreprises tricolores, la confiance des directions financières est à son niveau le plus élevé depuis trois ans. Porté par ce ravissement général, l'indice CAC40 renoue avec les records des années 2000 sans pour autant totalement céder à l'euphorie. En effet, depuis douze mois, les marchés actions progressent tout simplement en ligne avec les anticipations de résultats, un comportement rationnel assez inhabituel qui rappelle celui de l'enfant chez qui les épisodes de sagesse temporaire dissimulent quelque malice à venir. 

L'activité manufacturière marque le pas dans les marchés émergents
alors qu'elle accélère dans les pays développés.
Les marchés émergents peinent à se relever

Un épisode de turbulences pourrait succéder au calme actuel en cas d'aggravation de la situation sanitaire en Asie. La région subit en effet un sursaut des contaminations dont le rythme quotidien est au plus haut depuis le pic pandémique: après l'Inde c'est au tour du Japon, de Singapour, de la Malaisie, de la Thaïlande, de Taïwan et du Vietnam d'annoncer de nouvelles restrictions sanitaires. Les indicateurs PMI semblent ainsi indiquer que l'activité manufacturière marque le pas dans les marchés émergents alors qu'elle accélère dans les pays développés. Ce découplage industriel pourrait exacerber les tensions logistiques qui s'établissent déjà à leur niveau le plus pénalisant aux Etats-Unis depuis la guerre de Yom Kippour et l'embargo qui s'ensuivit en 1973. L'Europe n'est pas plus épargnée. La Suisse, l'Autriche, les Pays-Bas, la Suède évoquent des conditions plus tendues encore que celles des directeurs d'achats sondés outre Atlantique. 

Historiquement, les marchés émergents compensent leur propension à amplifier les crises par des phases de reprise plus dynamiques que celles des pays développés. Cette relation est moins robuste depuis le début de l'année en raison d'un déploiement moins rapide des vaccins. Avec leur poids croissant dans le PIB mondial et la dépendance du monde à leurs capacités de production, un scénario de reprise soutenable global ne peut se faire sans une franche participation des pays en développement. Aussi prompts ont-ils été à contribuer au redressement économique l'an dernier, ils pourraient au contraire peser sur sa confirmation cette année.

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