Marée haute

Igor de Maack, DNCA

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Pendant que la crue submerge la cité des doges, les investisseurs assistent à une marée montante sur les actions européennes.

La semaine dernière fut la quatrième semaine de collecte d’affilée sur les actions européennes avec un montant record (1,5 milliard de dollars). Aux Etats-Unis, le raz de marée des valeurs technologiques a littéralement recouvert le marché des valeurs traditionnelles. La capitalisation boursière d’Apple (1170 milliards de dollars) équivaut à l'ensemble de la capitalisation boursière du secteur énergétique. Quand à Disney (268 milliards de dollars), sa capitalisation boursière égale celle des cinq plus grandes banques européennes. Un vague d’endettement record s’est formée chez le particulier américain (13950 milliards de dollars). Cet indicateur doit être surveillé car le consommateur américain fortement endetté constitue pour l’instant le moteur principal de la croissance étasunienne.

Le CAC 40 a atteint aussi un marnage record (différence entre marée basse et marée haute). Sa performance dividendes réinvestis possède en ligne de mire la barre fatidique des 30%.

Le point bas du ralentissement de l'économie mondiale
a peut-être été dépassé.

L'économie chinoise voit son économie naviguer aussi à travers une houle assez forte. Toutes les statistiques récentes ont montré un score plus faible que les anticipations: ventes au détail (+7,2% vs 7,8% attendu), production industrielle (4,7% vs 5,4% attendu), investissements lourds (5,2% contre 5,4% attendu). Le consommateur de l’Empire du Milieu, quant à lui, affiche sa confiance puisqu’il a dépensé en ligne 1 milliard de dollars en 68 secondes sur le site d’Alibaba lors du «Single Day». Cet océan consumériste contraste avec les marées humaines déferlant dans les rues de Hong Kong que les autorités ont de plus en plus de mal à contenir.

Le point bas du ralentissement de l'économie mondiale a peut-être été dépassé. Dans ce scénario presque idéal (arrêt de la dégradation globale du momentum économique, politique monétaire toujours accommodante et apaisement des «serpents de mer» politiques), l’investisseur semble avoir compris qu’il n’a plus d’autre alternative que celui du placement actions et particulièrement en Europe. C’est sans doute ce qu’il a perçu aussi pour l’introduction en bourse de la Française des Jeux (FdJ) puisque la forte demande et l’engouement du particulier français a conduit les responsables de l’opération à relever sensiblement la fourchette de prix.

Il est toujours plus agréable de se baigner à marée montante car les vagues y sont plus vivifiantes. Il faut toutefois prendre ses précautions et diriger ses investissements à bon escient sur des supports sous-valorisés. Car, comme s’amusait à le rappeler Warren Buffet, «c’est quand la marée se retire qu’on découvre celles et ceux qui se baignent en maillot de bain».

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