L'or préféré, le pétrole défavorable

Nicolas Robin, Columbia Threadneedle Investments

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Perspectives mitigées pour les matières premières. La relance budgétaire portera les métaux précieux, en particulier l'or, en incitant les investisseurs à chercher la sécurité.

Selon la société de gestion Columbia Threadneedle Investments, la reprise naissante des marchés des matières premières offre des opportunités d'investissement. Des mesures de relance budgétaire sans précédent et l'amorce d'une reprise économique soutiendront les marchés de matières premières. «Les premiers signes d'un rebond se manifestent déjà sur le marché des matières premières, mais ils devraient s'amplifier à mesure que les économies se redressent», déclare Nicolas Robin, gérant de portefeuille matières premières. «Voilà qui augure de belles performances pour la classe d'actifs d'ici le début de l'année 2021».

Par exemple, Columbia Threadneedle pense que la relance budgétaire portera les métaux précieux, en particulier l'or, en incitant les investisseurs à chercher la sécurité. «A l'aube du deuxième semestre 2020, nous pensons que le métal jaune continue d'offrir un certain potentiel en tant que valeur refuge», déclare M. Robin.

Le constat est plus mitigé pour les métaux de base. «Pour certains, comme le cuivre et le plomb, la demande en provenance des sociétés industrielles s'accélère en cette sortie de crise.» On note en revanche un excédent d'offre sur le marché de l'aluminium, les fabricants ayant cherché à éviter autant que possible les fermetures d'usine, véritable obstacle à un redémarrage rapide.

Selon Columbia Threadneedle, les matières premières agricoles présentent elles aussi leur lot de contrastes. Nicolas Robin déclare: «Avec la généralisation du travail à domicile, nous nous attendons à une baisse de la demande de textiles. C'est pourquoi nous sous-pondérons le coton.» La production de viande a diminué pendant le confinement mais les conditions reviennent peu à peu à la normale sur le marché. Les investisseurs pourraient en profiter. L'expert se montre optimiste quant à l'évolution du prix des haricots. Il le justifie comme suit: «Les éleveurs de porc chinois sont en train de reconstituer leurs cheptels après l'épidémie de grippe porcine de 2019. Ils se tournent désormais vers les fournisseurs américains de soja pour engraisser leurs bêtes». Cependant, il ne partage pas l'enthousiasme du marché pour le maïs. «Dont les récoltes pourraient pâtir du mauvais temps cette année aux Etats-Unis.»

Columbia Threadneedle est prudent en ce qui concerne le pétrole. «Le marché du pétrole est sur la voie de la normalisation, qui devrait cela dit prendre quelques années», dit M. Robin. Il souligne que le trafic aérien mondial reste inférieur d'environ 70% à son niveau habituel et l'International Air Transport Association ne s'attend pas à un retour de la demande aux niveaux de 2019 avant 2023. A noter que la Chine a profité des cours au plus bas pour stocker d'importantes quantités de brut au premier semestre. La demande chinoise devrait donc être relativement limitée d'ici la fin de l'année. Robin: «Voilà qui pourrait poser problème à plus long terme: après la crise financière de 2008, l'offre surabondante de brut et de produits pétroliers a mis des années à se résorber».

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