Les trois enjeux européens de l’élection allemande

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Économie, équilibres financiers, solutions climatiques, l’Allemagne sera au centre du jeu européen. Les élections du 26 septembre s’annoncent serrées.

Depuis qu’Angela Merkel a succédé à Gerhard Schröder, les élections allemandes présentaient un enjeu relativement faible: la CDU-CSU, au centre du jeu politique, profitant à plein de la popularité de la chancelière, restait la garante d’un équilibre bien compris outre-Rhin: gestion sage des finances publiques, priorité donnée à la machine exportatrice allemande, soutien à la construction européenne et à l’euro.

Le paysage est radicalement différent cette année et l’incertitude devient réelle quant à la composition d’une future alliance de gouvernement. Pour la première fois, certains sondages donnent en effet la CDU-CSU derrière les sociaux-démocrates du SPD d’Olaf Scholz et la probabilité d’une coalition majoritaire sans le parti d’Angela Merkel et de son très contesté successeur désigné Armin Laschet, n’est plus nulle. Et les conséquences pourraient être significatives sur les trois éléments qui ont caractérisé les années Merkel.

Tout d’abord, l’orthodoxie budgétaire pourrait être adoucie sous la direction d’Olaf Scholz sans pour autant tomber dans un aventurisme financier peu cohérent avec le profil et le parcours de l’actuel ministre de l’économie d’Angela Merkel.

L’Allemagne post-Merkel fera-t-elle bouger le centre de gravité de l’Union?

Déjà, le déficit public Outre-Rhin a dépassé les 80 milliards d’euro au premier semestre 2021 – soit 4,7% du PIB, et selon la Bundesbank, le déficit pourrait atteindre 5% cette année. On est loin du «Schwarz Null»! Une coalition menée par le SPD serait à même de revoir les règles de déficit maximal autorisé afin de s’accorder plus de flexibilité. Une bonne nouvelle potentielle pour la croissance allemande, qui a besoin d’investissements publics, et pour l’élan économique en Europe qui pâtirait d’une année 2022 de restriction fiscale.

La priorité absolue donnée à l’outil industriel pourrait elle aussi évoluer. En adoucissant la politique de contrôle strict du coût du travail d’une part, mais aussi en intégrant fermement la nécessaire transition écologique dans la politique menée, surtout en cas de score important des Verts, voire en n’hésitant pas à contrarier la Chine, premier client du pays. Dans ce cas l’ambition de renforcer une «Europe puissance» ne pourrait qu’être confortée par cette évolution.

Le troisième pilier, à savoir le soutien indéfectible à l’Union Européenne et à l’euro, ne devrait pas beaucoup évoluer car tous les partis susceptibles de faire partie d’une coalition de gouvernement se sont exprimés en ce sens. En revanche, la pression des Verts pourrait être plus forte sur la BCE pour «verdir» davantage sa politique monétaire et pour clarifier rapidement son approche «flexible» de l’inflation.

L’Allemagne post-Merkel fera-t-elle bouger le centre de gravité de l’Union? Premières réponses lors du prochain sommet européen des 21 et 22 octobre 2021.

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