Les tendances dans l’investissement ESG pour 2022

Fiona Frick, Unigestion

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La mise en place d’une réglementation renforcée est essentielle afin que les gestionnaires d'actifs puissent pleinement jouer leur rôle dans la transition vers une économie durable.

Au cours de la dernière décennie, les thématiques portant sur l’investissement responsable sont devenues incontournables. Les impacts du changement climatique se matérialisent de plus en plus sur la planète, ce qui augmente la prise de conscience de l’opinion publique.

Bien que les gestionnaires d'actifs ne puissent pas résoudre à eux seuls l’ensemble des problèmes liés au changement climatique, nous pouvons, avec la mise en place de principes renforcés et d’une meilleure réglementation, jouer un rôle positif dans ce changement.

En ce début d’année, voici les principales tendances et les évolutions qu’il me semble important de suivre alors que la transition s'accélère.

La taxonomie de l'UE

La mise en place d’une réglementation renforcée est essentielle afin que les gestionnaires d'actifs puissent pleinement jouer leur rôle dans la transition vers une économie durable. L'UE a été à l'avant-garde dans l'élaboration de telles réglementations et est en avance sur les États-Unis à cet égard.

L'année dernière, l'introduction de la réglementation SFDR en Europe a obligé les gestionnaires d'actifs à démontrer de quelle manière leurs investissements répondent aux critères ESG. En 2022, d'autres étapes de la taxonomie de l'UE entreront en vigueur, notamment l'application des critères de sélection technique, liés à l’atténuation des changements climatiques et l'adaptation à leurs effets, et la publication du rapport de l'UE sur la taxonomie de la transition environnementale et la taxonomie sociale. 

Nous avons également constaté des signaux encourageants venant des Etats-Unis, qui souhaitent rattraper leur retard sous la direction du président Biden. Nous surveillerons les progrès réalisés dans ce domaine au cours de l'année à venir.

L'évolution de l'obligation fiduciaire

Ces changements soutiennent l'évolution de l'obligation fiduciaire. Je suis fermement convaincue que le devoir fiduciaire des gestionnaires d'actifs doit évoluer pour prendre en compte les facteurs ESG et leur impact sur les sociétés en portefeuille.

Certains de nos investisseurs commencent à poser des questions aux gestionnaires d'actifs sur leur «alpha social», en plus de l'alpha de performance. L'allocation des investissements vers un avenir plus durable ne permettra pas toujours de maximiser les profits ou la performance boursière à court terme. Mais elle devrait se traduire par une meilleure performance ajustée au risque sur un horizon à plus long terme. 

Les gestionnaires d'actifs peuvent démontrer l'impact positif de leurs portefeuilles en donnant la priorité aux entreprises alignées sur les objectifs de développement durable des Nations unies, en renforçant la dynamique derrière l'objectif climatique de 1,5 degré et en s'engageant en faveur d'une politique nette zéro, veillant à ce que les fonds par exemple, soient classés au moins sous l'article 8 de la SFDR. 

Nous pouvons également être des actionnaires actifs, en aidant les entreprises à atteindre leurs objectifs grâce à un engagement efficace, en mesurant leurs progrès et en intervenant lorsqu’ils ne sont pas à la hauteur des attentes.

De meilleures données ESG à venir

L'amélioration des données sera essentielle afin de faire ces évaluations. A l'heure actuelle, les données ESG sont encore rares et manquent de normes.

Le lancement cette année de l’International Sustainability Standards Board pourrait changer la donne pour les investisseurs, en créant un lien comptable formel et transparent entre l'ESG et les rapports financiers. Toutefois, la finalisation de ces normes et leur mise en œuvre prendront encore du temps. 

En attendant, les gestionnaires d'actifs qui utilisent des outils avancés auront un avantage certain. Nous avons utilisé nos moyens humains et techniques en interne dans le but de créer un score ESG évaluant les entreprises et les pays, créant ainsi une matrice de décision pour nos investissements liquides. Pour les actifs privés, où les données sont plus rares, nous accédons directement aux informations des entreprises du portefeuille, ce qui nous permet d'évaluer les scores ESG et les indicateurs de performance ODD des entreprises sur la base de nos propres recherches. 

Nous exploitons également de plus en plus le «big data» pour évaluer le risque ESG avec un délai plus court. Nous utilisons le traitement du langage naturel pour y parvenir, les médias sociaux et les articles publiés afin de repérer les controverses avant qu'elles ne se reflètent dans les notations, créant un score de «sentiment».

La collaboration est essentielle

L’utilisation de la technologie nous aide également à collaborer avec les autres. Nous sommes très performants en termes d'engagement actif, notamment auprès des petites entreprises dont nous sommes un actionnaire important et dans le cadre des investissements en private equity.

En revanche, la tâche est plus difficile avec les grandes entreprises, étant donné que les programmes d'engagement s'adressent généralement aux principaux actionnaires. Nous collaborons par conséquent avec nos pairs à travers un certain nombre de secteurs d'activité, afin d'obtenir de réels changements.

Par exemple, en 2021, une coalition d'actionnaires a contraint ExxonMobil à accepter deux nouveaux administrateurs non exécutifs au sein de son conseil d'administration. La collaboration est un puissant outil et si nous voulons créer une économie durable, tous les investisseurs devront en faire beaucoup plus.

Nous devons tous nous engager dès maintenant pour un changement à long terme.

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