Un équilibre à trouver au second semestre

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Pour que les marchés d’actions grimpent plus haut, il faudrait que les investisseurs croient pour le moins aux trois discours ambiants suivants.

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A l’orée du second semestre 2023, les marchés envisagent l’avenir avec optimisme. La volatilité implicite des actions est au plus bas depuis le début de la pandémie et le S&P 500 est en hausse de plus de 20% par rapport au point bas du mois d’octobre. Le calme avant la tempête? Ou la fin de la pire récession qui ne s’est finalement jamais produite?

Pour que les marchés d’actions grimpent plus haut, il faudrait que les investisseurs croient pour le moins aux trois discours ambiants suivants.

  1. La fin du relèvement des taux
    La Réserve fédérale américaine (Fed) n’ira pas plus loin que les deux relèvements de taux supplémentaires suggérés par le dernier « dot plot » (graphique qui représente les estimations concernant l’évolution des taux d’intérêt). La décrue de l’inflation globale et de l’inflation sous-jacente, ainsi que les difficultés des banques régionales américaines, ont convaincu les participants au marché que la Fed est en passe d’achever son cycle de relèvement des taux directeurs.
    A partir de là, cette conviction ne peut que se renforcer si les forces désinflationnistes s’accentuent ou si les investisseurs pensent que les considérations politiques amèneront la Fed à tolérer une inflation supérieure à son objectif pendant une longue période.
     
  2. La récession n’a pas lieu
    La récession aux Etats-Unis, attendue par de nombreux investisseurs, ne se produira pas. La croissance économique et les bénéfices des entreprises résistent mieux que prévu jusqu’ici car la diminution de l’épargne excédentaire, ainsi que la bonne tenue des prix des actifs et du marché du travail, soutiennent la consommation des ménages.
    La confiance dans la capacité de l’économie à échapper à la récession peut augmenter si les revenus réels continuent de progresser, si les entreprises commencent à reconstituer leurs stocks et si le marché de l’emploi tient le coup.
     
  3. La performance des valeurs technologiques continue
    Le rebond des titres liés à l’intelligence artificielle (IA) est justifié et il est entretenu par l’enthousiasme, conjugué à la « peur de passer à côté ». L’indice FANG+, qui suit la performance des dix valeurs technologiques les plus négociées, est en hausse de 74% depuis le début de l’année, ce qui souligne le caractère concentré du rebond des actions américaines.
    La progression du S&P 500 cette année est en bonne partie attribuable à une poignée de valeurs de croissance de méga-capitalisation sur fond d’optimisme quant à l’impact de l’IA sur les perspectives à long terme de ces entreprises. Les perspectives de marché encourageantes sont également conditionnées à la poursuite de la belle performance de ce groupe de titres.
Les statistiques relatives à la consommation des ménages resteront probablement meilleures que prévu dans les mois à venir.
Atteindre le consensus: une étape difficile

Chacun de ces discours est recevable. Même si la Fed a fait savoir qu’elle a l’intention de reprendre son cycle de relèvement des taux directeurs, la brièveté assumée de cette pause témoigne des profondes divisions qu’il a fallu surmonter au sein du comité de politique monétaire pour parvenir à un consensus. Par ailleurs, la Fed aura peut-être du mal à reprendre le relèvement de ses taux, d’autant que la campagne présidentielle aux Etats-Unis va bientôt démarrer.

Les statistiques relatives à la consommation des ménages resteront probablement meilleures que prévu dans les mois à venir (quand bien même la croissance économique dans son ensemble continue de ralentir). Et même si l’évolution à court terme des titres liés à l’IA est difficilement prévisible, cette technologie devrait démontrer son caractère transformatif à long terme.

Un optimisme sur le fil

Cependant, ces discours ambiants peuvent être contradictoires. Par exemple, si la consommation des ménages, le marché de l’emploi ou le marché des actions se révèlent «trop résistants», les investisseurs pourraient commencer à redouter que la Fed ne soit obligée de donner quelques tours de vis supplémentaires.

En outre, la crainte de ces nouvelles hausses de taux directeurs, quelques statistiques économiques décevantes ou un changement d’humeur des investisseurs en actions pourraient vite saper l’optimisme au sujet de l’IA ou la bonne tenue de la consommation. Pour que ce discours ambiant globalement optimiste tienne, encore faut-il que la désinflation se déroule sans accrocs.

Un numéro d’équilibriste

Les investisseurs devront donc se livrer à un numéro d’équilibriste. Pour les actions, la voie vers les sommets est dégagée mais elle est étroite. Après une belle performance, le potentiel de progression des actions est désormais limité. Compte tenu de l’humeur de plus en plus haussière sur les marchés d’actions, il est déconseillé de courir après la hausse du S&P 500.

Par conséquent, la Recherche d’UBS continue de préférer les obligations de qualité au détriment des actions. D’un point de vue thématique, elle met l’accent sur le revenu (actions de qualité qui versent des dividendes dans le cadre de stratégies traditionnelles mais aussi durables), sur l’identification des pans de marché plus abordables qui sont restés à la traîne pendant le rebond (marchés émergents, valeurs défensives et décotées) et sur la construction de portefeuilles diversifiés plus résistants grâce aux actifs alternatifs.

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