Les obligations devraient surperformer les actions américaines à la valorisation optimiste

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les obligations de haute qualité ont un profil risque/rendement plus séduisant que les grands indices boursiers américains. La reprise en Chine devrait booster les actions émergentes.

Photo de Austin Distel, Unsplash

Le mois dernier, le spectre d’une forte inflation et d’une hausse des taux d’intérêt s’est heurté à la menace d’une crise financière et d’un ralentissement de la conjoncture. Cependant, les investisseurs en actions ne se sont pas laissés abattre. Le S&P 500 est remonté de 7% depuis son creux du mois de mars et l’indice VIX (qui mesure la volatilité implicite des actions américaines) est tombé à son plus bas niveau depuis plus d’un an.

Mais comme le S&P 500 se négocie actuellement à hauteur de 18 fois les bénéfices prévus à douze mois (un ratio associé par le passé à une croissance des bénéfices d’environ 15%), le marché semble juger tout à fait plausible le scénario d’un atterrissage quasi parfait de l’économie américaine.

Des perspectives quand même incertaines

Il est bien sûr possible que la contraction actuelle du crédit bancaire, les précédents relèvements des taux directeurs aux Etats-Unis et l’absence de nouveaux chocs macroéconomiques aboutissent à une conjoncture idéale – ni trop chaude, ni trop froide.

La secrétaire d’Etat au Trésor américain, Janet Yellen, s’adresse aux investisseurs en actions lorsqu’elle prédit une croissance modérée et estime que la crise bancaire pourrait aider la Réserve fédérale américaine (Fed) à brider l’économie juste comme il faut, en relevant moins ses taux.

Néanmoins, on peut douter que les choses se déroulent aussi parfaitement et les perspectives semblent incertaines quant à la croissance économique, aux bénéfices et à l’inflation. Dès lors, quelles sont les meilleures manières de positionner un portefeuille au vu des valorisations actuelles et de l’évolution probable de la croissance et de l’inflation? Réponse en trois points.

1. Les obligations de haute qualité ont un profil risque/rendement plus séduisant que les grands indices boursiers américains

Le scénario le plus plausible – une désinflation durable dopant les actions américaines – s’annonce également favorable aux obligations. Toutefois, ces dernières devraient aussi afficher une belle performance en cas de ralentissement économique plus marqué. Un rebond de l’inflation nuirait à ces deux classes d’actifs, même si elle pénaliserait davantage les actions de croissance qui ont surperformé cette année, portées par l’espoir d’une désinflation.

Par conséquent, la Recherche d’UBS a toujours une préférence pour les obligations de haute qualité, notamment les segments high grade (emprunts d’Etat) et investment grade.

2. La reprise économique plus forte que prévu en Chine devrait donner un coup de fouet aux actions des marchés émergents

S’agissant des actions, il est recommandé de ne pas se limiter aux Etats-Unis et aux valeurs de croissance. La Recherche d’UBS préconise plutôt les marchés émergents, y compris la Chine. La reprise économique en Chine est en marche et elle s’accélèrera sans doute encore dans les mois à venir.

Une dépréciation du dollar américain, jointe à un enchérissement des matières premières et une forte croissance des bénéfices, profiterait également aux actions émergentes. Le ratio cours/bénéfice à douze mois de l’indice MSCI Emerging Markets (12,1x) reflète une décote de 36% par rapport au S&P 500, supérieure à sa moyenne.

3. Le dollar américain devrait encore se déprécier

Ces dernières années, les Etats- Unis ont connu une croissance économique plus forte que le reste du monde développé. Mais l’écart devrait se resserrer ces prochains mois et d’autres banques centrales commenceront à baisser leurs taux d’intérêt, dans le sillage de la Fed.

La Recherche d’UBS maintient son avis Least Preferred à l’égard du dollar américain. Sa préférence va au dollar australien – qui devrait profiter de la reprise en Chine – et, depuis ce mois-ci, au yen qui fait aussi partie des devises préférées.

L’écart de production négatif du Japon devrait être entièrement comblé en milieu d’année. De surcroît, l’inflation reste supérieure à l’objectif de la Banque du Japon (BoJ). Cette dernière devrait donc laisser le rendement des emprunts d’Etat japonais augmenter encore au second semestre 2023. De plus, la BoJ détenait 52% des emprunts d’Etat japonais en circulation fin 2022, d’où la nécessité pour elle d’infléchir sa politique actuelle de contrôle de la courbe des taux.

Une dépréciation du dollar américain profitera sans doute à l’or, qui est toujours considéré comme un bon moyen de diversifier les portefeuilles. Plus généralement, l’optimisme est de mise à l’égard des matières premières et on décèle un potentiel de hausse du prix du pétrole sur fond de resserrement du marché.

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