Les fonds semi-liquides gagnent en popularité mais des obstacles demeurent

Yves Hulmann

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Lors d’un roadshow organisé par ALFI en Suisse, différents experts du secteur des fonds ont évalué le potentiel des véhicules de placement en partie illiquides.

©Izzy Gerosa

Suite à forte correction simultanée des marchés des actions et des obligations cette année, le capital-investissement et différentes catégories de placements alternatifs suscitent un intérêt croissant auprès d’investisseurs en quête de diversification. Comment peut-on investir dans ces actifs et quels sont les obstacles et difficultés qui y sont liés? C’est l’un des thèmes qui a été abordé mercredi à Genève lors d’une série de présentations organisées par l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement, l’ALFI (association of the luxembourg fund industry) dans le cadre du «Switzerland Roadshow 2022» qui s’est tenu cette semaine à Zurich et Genève.

Pour Markus Benzler, Global Head Multi-Manager Private Equity chez UBS, la tendance à la démocratisation de classes d’actifs comme le capital-investissement se poursuit. Selon l’expert, plusieurs défis doivent toutefois être relevés à ce sujet. Premièrement, il est encore nécessaire d’améliorer la formation des investisseurs en la matière – ou que ceux-ci se forment eux-mêmes dans ces domaines. Deuxièmement, il faut s’assurer que l’accès à ces placements soit permis par les autorités réglementaires. Troisièmement, une offre de produits suffisante doit être disponible.

Manque de préparation sur le plan opérationnel

De son côté, Markus Pimpl, qui est Managing Director, Distribution Partners and Liquid Private Markets chez Partners Group, est convaincu que les marchés privés vont continuer à gagner en importance. «Les marchés privés vont constituer à l’avenir une part plus importante au sein des portefeuilles», anticipe-t-il. Si le spécialiste constate que la demande existe pour cette classe d’actifs, il voit aussi deux obstacles à l’essor de ces placements. Premièrement, il cite également le manque de formation dans ce domaine, estimant que beaucoup d’investisseurs doivent encore se familiariser avec ce type de placements. Le deuxième obstacle – qu’il juge encore plus important – est que beaucoup de gérants ne sont pas encore préparés pour investir dans les marchés privés d’un point de vue opérationnel. Selon l’expert, il y a, d’un côté, souvent des investisseurs qui montrent de l’intérêt pour ces placements mais qui hésitent ensuite à le faire car la partie opérationnelle ne sait, de l’autre, pas comment il faut traiter des fonds fermés, par exemple.

Rester attentif aux questions de liquidités

Les fonds semi-liquides présentent des caractéristiques très spécifiques qui doivent être bien comprises par les investisseurs. Un nombre croissant de gérants ont commencé à proposer ce type de fonds dans leur offre de produits, constate Markus Pimpl. Il est important pour les investisseurs de bien comprendre comment ces véhicules sont construits avant de placer de l’argent dans ceux-ci, recommande l’expert de Partners Group.

Durabilité: obtenir toutes les clarifications avant de lancer un produit

Autre thème incontournable du moment, les questions liées aux placements durables ont aussi été abordées dans un panel de discussion séparé. Tous les gérants d’actifs n’entendent pas se précipiter pour proposer une offre de produits dans ce domaine. Ainsi, Jean-Marc Goy, Conducting Officer Senior Counsel chez Capital Group et vice-président d’ALFI, observe certes qu’il existe une forte demande pour les placements durables. Pour autant, il vaut mieux parfois clarifier certains points en amont plutôt que de se lancer dans l’aventure sans la préparation nécessaire: «Nous n’avons pas encore une entière visibilité dans ce domaine. Il est nécessaire de clarifier certains aspects, par exemple au sujet des données utilisées pour évaluer la durabilité des placements», a-t-il expliqué. En outre, prévient-il, il peut être risqué pour un gérant de fonds de proposer des produits dans le cadre de l’article 9 du règlement SFDR (ndlr: Sustainable Finance Disclosure Regulation) si la société n’est entièrement certaine de pouvoir satisfaire aux exigences requises. Dans le cas contraire, un gérant pourrait être contraint de redescendre d’un cran en termes d’évaluation de la durabilité de ses placements, voire, au pire, être accusé de «greenwashing».

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