Les fintechs injustement délaissées

Salima Barragan

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Après l’effet de contagion en 2021 sur toutes les valeurs technologiques, Claudia von Türk de Lombard Odier s’attend à une reprise des valorisations des fintechs.

Révision des attentes sur les bénéfices, normalisation des cours, rotation sectorielle en défaveur des titres de croissance: les nuages se sont amoncelés sur les fintechs qui ont enregistré une année 2021 décevante malgré la banalisation de la numérisation durant le confinement. «Les révisions progressives à la hausse devraient offrir un soutien à l’avenir», assure pourtant Claudia von Türk, analyste chez Lombard Odier, qui fait le point sur un secteur injustement délaissé.

Confinement oblige, les paiements en ligne ou sans contact, via les smartphones ou avec des crypto-devises, sont précipitamment rentrés dans les mœurs. Outre-Atlantique, le taux de pénétration des paiements numériques a atteint 80%.  L’essor des achats - et même des commandes de repas à domicile – par internet a bouleversé les habitudes de consommation. «Le Covid semble avoir accéléré ces tendances de trois à cinq ans. Même les acteurs non usuels comme les restaurants ont modifié leur modèle d’affaires. D’ailleurs, il aurait été difficile de survivre sans une présence en ligne», souligne-t-elle.

Ces applications créent un véritable lien entre l’internaute et l’écosystème pour les fidéliser et générer davantage de ventes avec des offres ciblées

Malgré les besoins de solutions digitales d’un monde claquemuré à la maison, les fintechs se sont avérées plus cycliques que les analystes l’ont estimé après les performances stratosphériques de 2020. «En conséquence de valorisations exagérées et de prévisions des bénéfices trop optimistes, le marché a dû revoir ses attentes», explique Claudia von Türk qui note une dispersion importante des multiples parmi les différents acteurs. La rotation sectorielle en défaveur des titres de croissance dans une perspective de relèvement des taux d’intérêt a aussi pesé sur les cours des sociétés. «Je pense qu’on est désormais sur une base plus saine et un redressement des estimations des profits à venir apparaîtra comme le catalyseur», poursuit-elle.

Les paiements numériques, qui représentent 3% des valeurs américaines, incluent les deux poids lourds de l’industrie, Mastercard et Visa, ainsi qu’une multitude de petites et moyennes capitalisations boursières. Certains acteurs gravitent autour du commerce pour faciliter les transactions: «Nous trouvons dans cette galaxie des entreprises modernes telles que Block aux États-Unis ainsi qu’Adyen et des entreprises plus traditionnelles comme Worldline ou Nexi en Europe». D’autres évoluent au service des consommateurs, où coexiste une myriade de sociétés émettrices de cartes prépayées ou de débit dont l’incontournable Revolut qui est rentrée dans la cour des grands aux côtés des banques européennes universelles. En Asie, les «super applications» d’Alipay, très populaires parmi les utilisateurs locaux, permettent d’accéder à une multitude d'offres qui vont du covoiturage à la livraison de repas, en passant par les services financiers en tout genre (négoce d’actions ou de crypto-devises, assurance, cartes, comptes courants et d’épargne). PayPal et Block tentent d’importer ce concept en Occident, mais elles pourraient se heurter à des résistances culturelles, notamment sur la confidentialité des données privées: «Ces applications créent un véritable lien entre l’internaute et l’écosystème pour les fidéliser et générer davantage de ventes avec des offres ciblées».

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