Les fintechs coopèrent de plus en plus

Nima Pouyan, Invesco

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L'essor de la fintech pose des défis aux banques traditionnelles et aux gestionnaires d'actifs, tout en leur offrant des opportunités.

Les fintech ont le pouvoir de modifier massivement le modèle commercial des banques. Pour le secteur bancaire traditionnel, l'émergence des entreprises Fintech semble donc souvent menaçante. D'autant plus que le chiffre d'affaires des FinTech évolue positivement en Suisse également. Après un recul d'environ cinq pour cent en 2021, le secteur FinTech suisse s'est redressé en 2022.

Toutefois, au lieu de la concurrence, une tendance à la collaboration dans le secteur bancaire se dessine. Les Fintech, connues pour leur approche agile et axée sur la technologie, concluent des partenariats avec des institutions financières établies, qui disposent d'une riche expérience et d'une compréhension approfondie du cadre réglementaire.

La collaboration entre les fintechs et les gestionnaires de fortune dans le domaine de la clientèle privée est un phénomène relativement nouveau. La coopération va au-delà de la mise à disposition de produits de placement. Il s'agit plutôt d'une collaboration active et stratégique. Le point de départ est une question que de nombreux établissements financiers traditionnels semblent souvent avoir oubliée: que veulent les clients? Les fintechs fortes connaissent les réponses, car elles sont proches de leurs clients. Avec leurs interfaces conviviales et leurs outils numériques, elles améliorent notamment l'expérience client.

Repenser ensemble la prévoyance de base

Dans le cadre de leur coopération entre le gestionnaire de patrimoine Invesco et neon, la question était par exemple de savoir ce qui motive les jeunes à mettre en place tôt leur propre prévoyance de base? Les réponses: les barrières à l'entrée dans le domaine des placements financiers sont encore trop élevées en Suisse. Ce sont surtout les jeunes qui recherchent des produits bon marché, faciles à comprendre et qui n'entraînent pas une obligation d'épargne durable.

Il ne s'agit plus pour les fintechs de disputer l'activité aux entreprises financières établies, mais de collaborer tout au long de la chaîne de création de valeur.

Avec les connaissances d'un gestionnaire d'actifs international derrière elle, Invesco a pu introduire dans la coopération l'idée, courante en Allemagne, du négoce gratuit d'ETF - une nouveauté jusqu'à présent pour la Suisse. Dans le cadre de telles actions de «free trade», les investisseurs ne paient que les frais de gestion des ETF, mais pas les droits de garde, ni les frais de négoce de devises ou de transaction pour l'achat ou la vente.

En règle générale, les frais de négociation des ETF auprès des prestataires de services financiers suisses se situent entre dix et 40 francs pour un investissement de 1000 francs, auxquels s'ajoutent dix à 20 francs pour un éventuel changement de devise. Parallèlement, neon permet d'investir à partir de cinq francs suisses afin de réduire au minimum les obstacles à l'entrée. Le produit d'entrée choisi est un ETF, pour lequel Invesco fait partie des fournisseurs les moins chers en termes de compétitivité.

Un terrain inconnu: le «client privé»

A notre avis, le marché financier suisse verra encore d'innombrables coopérations de ce type. Car pour de nombreux gestionnaires de fortune, l'approche de la clientèle privée devrait être un terrain inconnu. Ici, une fintech agile qui élargit son offre d'investissement. Là, un gestionnaire d'actifs international qui élargit son canal de distribution à des challengers bancaires. A première vue, une contradiction qui ressemble à de la cannibalisation. Pas du tout, affirment les experts du secteur.

Car les fintechs veulent élargir leurs modèles commerciaux. Pour cela, elles ont besoin d'une part d'offres de produits attractives, c'est-à-dire peu coûteuses. D'autre part, elles ont souvent besoin d'autres licences réglementaires. Dans tous les cas, elles doivent maîtriser leurs processus de conformité et la gestion des risques.

Au final de notre point de vue, il ne s'agit donc plus pour les fintechs de disputer l'activité aux entreprises financières établies, mais de collaborer tout au long de la chaîne de création de valeur.

Du point de vue des clients privés suisses, ces coopérations sont d'une grande utilité. Ils obtiennent un accès plus facile à une gamme plus large de solutions de placement et de services, des expériences numériques améliorées, tout en bénéficiant de frais réduits. Et des frais réduits peuvent signifier un capital d'investissement plus élevé à long terme.

De notre point de vue, une plus grande coopération pourrait même constituer un bouclier pour la place financière suisse si de grands groupes technologiques actifs au niveau mondial souhaitaient à l'avenir se partager le secteur financier local. Pour les Suisses, davantage de produits numériques et de produits d'entrée de gamme bon marché renforcent leur propre prévoyance de base. Enfin, des retraités financièrement à l'aise protègent la génération future.

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