Les colombes de la BCE se préparent à décoller

Ann-Katrin Petersen, Blackrock Investment Institute

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L'inflation globale devrait atteindre l'objectif de 2% en 2024. Le renchérissement pourrait même passer temporairement sous cet objectif.

Le printemps est tout proche en zone euro et les colombes de la BCE pourraient aussi prendre leur envol. Comme prévu, la banque centrale a maintenu ses taux directeurs en suspens. Pourtant, sa présidente, Christine Lagarde a déclaré que la BCE «commençait tout juste» à discuter de baisses de taux, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle baisse en juin - si les données donnent suffisamment de confiance pour le faire. Cette déclaration semble confirmer le récent revirement haussier des marchés, repoussant la date prévue d’une première réduction d'avril à juin.

La BCE commencera à réduire ses taux en 2024, mais elle attend patiemment d'avoir plus de preuves sur trois critères qui concernent l’inflation - alors que la croissance des salaires ralentit - avant de pouvoir considérer que sa lutte contre l'inflation est terminée.

Les projections macroéconomiques actualisées de la BCE ont révélé des révisions à la baisse de la croissance économique à court terme et en particulier de l'inflation - l'inflation de base se rapprochant de l'objectif en 2025. A mesure que le choc énergétique se résorbera et que les hausses de taux passées de la BCE auront plus d'impact que celles de la Fed aux Etats-Unis, nous prévoyons que l'inflation globale atteindra l'objectif d'inflation de 2% de la BCE en 2024, voire même qu'elle sera temporairement inférieure à cet objectif.

Mais nous ne pensons toujours pas qu'il s'agit d'un retour au monde tel que nous l'avons connu avec une inflation qui était le plus souvent inférieure à l'objectif de 2% en zone euro. Avec un marché du travail toujours tendu et une productivité en berne, les pressions intérieures sur les prix pourraient maintenir l'inflation à un niveau proche ou supérieur à 2%, comme le montrent les projections actualisées de la BCE. Par conséquent, les taux seront probablement structurellement plus élevés qu'avant la pandémie.

La décision d'aujourd'hui ne devrait pas prendre au dépourvu les marchés obligataires qui, ces dernières semaines, ont repoussé les baisses de taux de la BCE. La barre était donc moins haute pour Mme Lagarde, qui devait adopter un ton moins hawkish que les marchés. Nous nous attendons à une poursuite de la volatilité sur les marchés obligataires et conservons notre position tactiquement neutre sur les obligations d'Etat de la zone euro.

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