Les actions remontent, malgré les craintes d’une politique monétaire plus restrictive de la Fed

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les tendances divergentes amènent à préconiser une diversification au-delà des Etats-Unis. Les titres à valeur intrinsèque devraient afficher une certaine résilience si l’inflation reste tenace.

©Keystone

La remontée des actions américaines en janvier a été mise à mal le mois suivant. La raison: des signes d’inflation persistante et un marché du travail toujours tendu. Mais le S&P 500 a démarré le mois de mars sur les chapeaux de roue, avec un rebond de 1,9% la première semaine.

Cela fait suite à de nouveaux signes tangibles de résilience de l’économie américaine et renforce les craintes que la Réserve fédérale américaine (Fed) relève ses taux d’intérêt pour les maintenir à un niveau élevé.

Fin de la baisse des prix pour certains produits

L’indice ISM des services a enregistré une activité robuste en février, dépassant les attentes à 55,1, mais presque inchangé en rythme mensuel (55,2 en janvier). L’indice ISM manufacturier est resté inférieur au seuil des 50 points (indiquant une contraction), mais la composante «prix payés» est passée de 44,5 à 51,3. Cela reflète la fin de la baisse des prix de certains produits, notamment ceux qui avaient retrouvé leur niveau d’avant la pandémie.

Poursuite de la pression sur les prix

Au vu de la pression continue sur les prix, les investisseurs se préparent à une hausse prolongée des taux directeurs des banques centrales. Les marchés à terme tablent actuellement sur un pic du taux des fonds fédéraux à 5,44% en octobre, contre 4,8% début février.

Il y a dix jours, le rendement des bons du Trésor américain à deux ans a atteint 4,94%, son plus haut niveau depuis 2007, mais il est retombé et a terminé la semaine en question à 4,86%. Les rendements à dix et à trente ans ont dépassé 4% pour la première fois depuis novembre, avant de reculer.

Les préoccupations de la Fed

Les données conjoncturelles récentes préoccupent la Fed avant sa réunion des 21 et 22 mars, lors de laquelle elle publiera une mise à jour de ses projections de taux directeurs et des prévisions économiques.

Suite aux récentes statistiques, l’estimation GDPNow de la Fed d’Atlanta pour la croissance au premier trimestre 2023 s’élève à 2,3%, un chiffre supérieur à l’estimation de 1,8% de la Fed pour le taux de croissance tendanciel à long terme.

Le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, a déclaré que les responsables politiques «ne progressent pas aussi rapidement que nous le souhaiterions» dans la lutte contre l’inflation. Le président de la Fed d’Atlanta, Raphael Bostic, a évoqué les années 1970, avertissant que «l’histoire nous enseigne que si nous desserrons l’étau autour de l’inflation avant qu’elle soit complètement maîtrisée, elle peut flamber à nouveau».

On ne sait pas encore si l’économie américaine se dirige vers un atterrissage brutal ou en douceur. Mais l’incertitude quant à la trajectoire de l’inflation, de la politique monétaire et de la croissance économique devrait maintenir les marchés en ébullition au cours des prochains mois. Explications et suggestions.

  • Les tendances divergentes amènent à préconiser une diversification au-delà des Etats-Unis

Les actions des marchés émergents et les marchés d’actions précoces et cycliques (comme l’Allemagne) devraient enregistrer de meilleures performances que les actions américaines. La résilience de la conjoncture aux Etats-Unis peut accroître le risque d’une récession ultérieure plus sévère, alors que la Fed poursuit ses efforts pour combattre l’inflation.

En revanche, la Chine semble sur le point de connaître une reprise de la croissance grâce à l’accélération de la dynamique économique suite à la levée des restrictions sanitaires. Les indices PMI officiels de février ont dépassé les attentes et le contexte politique reste favorable. La consommation intérieure est en train de rebondir et devrait entraîner une progression du PIB chinois d’environ 5,5% cette année, tout en stimulant d’autres marchés émergents.

  • Les titres à valeur intrinsèque, notamment le secteur de l’énergie, devraient afficher une certaine résilience si l’inflation reste tenace

Ces titres ont historiquement surperformé les actions de croissance lorsque l’inflation dépassait 3% et dans les douze mois suivant le dernier relèvement des taux par la Fed lors des cycles de resserrement monétaire.

Pendant ce temps, les technologies – principal secteur de croissance – devraient être entravées par un nouveau fléchissement des bénéfices dû à l’assombrissement des perspectives des entreprises et au ralentissement de la demande des consommateurs, alors que les cours sont élevés.

  • Les risques liés à la conjoncture américaine amènent à recommander une exposition défensive

On préférera le secteur mondial de la consommation de base, où la dynamique relative des bénéfices est positive et se consolide. Pour ce qui est des titres à revenu fixe, les rendements globaux restent attrayants, notamment par rapport aux autres catégories d’actifs. On appréciera les obligations de premier ordre, les obligations investment grade et les obligations des marchés émergents. Mais l’avis «Least Preferred» à l’égard du crédit d’entreprise à haut rendement est maintenu.

Les prévisions en matière de politique monétaire devraient rester un moteur essentiel du marché, ce qui peut entraîner une évolution parallèle des actions et des obligations, à l’image de ces derniers mois. Cela signifie que les stratégies de hedge funds moins corrélées – par exemple de type macro, neutralité actions, multi-stratégies – peuvent continuer à jouer un rôle crucial dans la diversification des portefeuilles.

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