Les 7 stratégies de positionnement possibles des investisseurs en 2023

Mobeen Tahir, WisdomTree

4 minutes de lecture

L'avenir est incertain, et les investisseurs s'adapteront inévitablement au fil de l'année.

Comment résumer l'année 2022? Une année marquée par une inflation galopante? Une année où la prétendue reprise en V ne s’est pas matérialisée? Une année où le monde, au lieu de s'unir face à des ennemis communs, s'est divisé davantage? Une année où les effets dévastateurs du changement climatique se sont manifestés au grand jour? Ou, pour rester sur une note plus optimiste, l'année où la pandémie s'est enfin éteinte... ou presque? Une année où le monde a fait des progrès mesurables sur le plan de la transition énergétique... Quoi qu’il en soit, pour les investisseurs, l'année fut difficile. Quelles leçons peut-on en tirer et comment les investisseurs pourraient-ils se positionner en 2023? Dans cet article de blog, nous abordons 7 thématiques d'investissement attendues tirées des perspectives de WisdomTree.

1. Les investisseurs pourraient miser sur une tactique conjointe de défense et d'attaque

En 2022, les investisseurs ont surtout joué la défense. Et cela se comprend. Cette année encore, la nécessité de maintenir une défense implacable sera d'une importance capitale pour faire face aux trois risques majeurs que sont: 1. la récession; 2. une inflation moins prononcée, mais toujours élevée; et 3. la situation géopolitique. Les banques centrales vont certainement encore durcir leur politique monétaire au cours des premiers mois de l'année,  ce qui devrait continuer de supporter le «value trade». Mais, à l'instar du ballon rond où la défense ne saurait suffire pour décrocher la coupe, nous pensons que cette année les investisseurs vont commencer à intensifier leurs tactiques offensives. Ce constat s'avère particulièrement évident à l'approche du point pivot que beaucoup pourraient qualifier de «peak hawkishness» (pic de bellicisme) de la part de la Réserve fédérale (Fed) et d'autres banques centrales. Les investisseurs sont susceptibles de se tourner vers des thèmes à forte conviction pour accéder à des titres de croissance au cours de cette phase du cycle.

2. Les investisseurs se prépareront sans doute à affronter une plus grande volatilité

D'une certaine manière, sur le plan des résultats économiques, 2022 peut être vue comme une année d'anticipation de la récession. L'année 2023 pourrait être celle où des répercussions négatives pourraient voir le jour. Compte tenu de la variabilité économique, de la réaction des banques centrales, du retournement des bénéfices, etc., il paraît difficile d'anticiper que les 12 prochains mois ne seront pas marqués par une nouvelle volatilité des marchés. L'année dernière, de nombreux investisseurs ont privilégié des entreprises de qualité pour renforcer l’exposition «cœur» de leurs portefeuilles d’actions. Les entreprises rentables et stables, celles affichant des niveaux d'endettement relativement faibles et dotées d'un fort pouvoir de fixation des prix, connaissent généralement une volatilité moindre en période d'inflation et de hausse des taux. Pour en savoir plus, consultez notre récent article de blog sur le sujet. Pour poursuivre notre analogie footballistique, disons que la qualité correspond à un milieu de terrain fort, indispensable tout au long du match, que la stratégie soit défensive ou offensive. Nous pensons que les investisseurs continueront de consolider leurs cœurs de portefeuilles pour les mettre à l'abri d'une forte volatilité.

3. Les investisseurs suivront de près le super cycle des matières premières

2023 pourrait bien être la troisième année du super cycle des matières premières. Pour certains, il pourrait même s'agir de la quatrième année, si, au lieu de janvier 2021, on remettait l'horloge à zéro en avril 2020. Quoi qu'il en soit, ces dernières années ont été marquées par une forte progression des matières premières. En 2022, alors que le rendement total de l'indice S&P 500 connaissait une baisse d'environ 18%, l'indice Bloomberg Commodity a progressé de près de 14%, confirmant ainsi l'intérêt des matières premières comme outil de diversification.  Les matières premières constituent un ensemble diversifié et, même au sein d'un super cycle, la performance est stimulée par différents secteurs à différents moments. L'an dernier, l'énergie a ouvert la voie. Cette année, cela pourrait être les métaux précieux et industriels. Que ce soit pour un objectif stratégique ou tactique, nous pensons que les investisseurs suivront de près l'évolution des marchés des matières premières cette année.

4. L'or pourrait remonter sur le podium

Compte tenu des chiffres de l'inflation, la réaction agressive de la Réserve fédérale a donné lieu en 2022 à une véritable tempête pour l'or, bien loin de la croisière en eau calme qui lui été promise. Si, en 2023, la pression à la hausse sur le billet vert et sur les rendements du Trésor s'atténue, et si les chiffres de la croissance économique se détériorent tandis que l'inflation reste forte, l'or pourrait reprendre de l'éclat. Ce point a également été souligné dans un entretien récent accordé à CNBC. Par ailleurs, cette reprise qui est de bon augure pour l'or l'est également pour l'argent. Le ratio or/argent a atteint un sommet historique en mars 2020[2]. Cette période a été suivie de 12 mois de forte surperformance de l'argent par rapport à l'or. Le ratio a atteint un nouveau point haut en septembre de l'année dernière et, depuis lors, le cours de l'argent a tenu sa promesse de reprise. Certains investisseurs chercheront peut-être à exprimer leur opinion sur l'or par l’intermédiaire de l'argent, surtout s'ils perçoivent les perspectives industrielles encourageantes de ce métal dans le contexte de la transition énergétique.

5. Une hausse de la demande de métaux industriels est envisageable

À l'instar des titres de croissance, les métaux industriels se sont temporairement essoufflés l'an dernier. Comme nous l'avons souligné récemment dans nos perspectives sur les matières premières, les résultats décevants des métaux industriels ont creusé un fossé entre les fondamentaux du marché physique et ce que reflètent les prix du marché. Les stocks physiques de la plupart des métaux sont nettement inférieurs aux moyennes historiques, tandis que les confinements en Chine et la perspective d'une récession mondiale ont récemment donné lieu à une fixation des prix.

L'assouplissement des mesures sanitaires décidé par la Chine pourrait catalyser la reprise des métaux industriels. L'année dernière, l'indice des directeurs d'achat (PMI) du secteur manufacturier en Chine s'était tassé entre août et décembre. Si les moteurs économiques du pays se remettent à tourner, alimentés par une politique monétaire favorable, les métaux industriels pourraient en sortir gagnants. Et la dynamique omniprésente de la transition énergétique pourrait encore amplifier cette reprise à la faveur d'une amélioration du contexte macroéconomique.

6. Les investissements dans la transition énergétique devraient s'accélérer

De l'ouragan Ian à Cuba et dans le sud-est des États-Unis à la sécheresse en Chine et en Europe, en passant par les inondations au Pakistan, les effets dévastateurs du changement climatique se sont manifestés de façon marquée l'année dernière. Par ailleurs, la flambée des prix de l'énergie nous a fait prendre conscience de la nécessité d'agir sans délai pour assurer la sécurité énergétique d'une manière viable, tant sur le plan économique que du point de vue de l'environnement. Le fil conducteur de toutes nos conversations récentes avec les investisseurs est que la lutte contre le changement climatique nécessite une approche globale des solutions apportées à la transition énergétique. En d'autres termes, les technologies telles que les énergies renouvelables, les batteries, l'hydrogène, les biocarburants, le recyclage, le captage du dioxyde de carbone, et bien d'autres, ont toutes un rôle déterminant à jouer. L'année 2022 s'est même achevée sur un buzz autour d'une percée dans le domaine de la fusion nucléaire. De surcroît, de nombreuses autres technologies existent déjà  et font sentir leurs effets. Nous anticipons que les investisseurs continueront à chercher des moyens d'optimiser le déploiement de leurs capitaux vers les innovations les plus prometteuses.

7. Une plus grande attention sera accordée à l’implémentation

Lorsqu'il s'agit de trouver des moyens d'exprimer leurs opinions en matière d'investissement, le choix est de plus en plus vaste pour les investisseurs. Et c'est une bonne chose. Mais, à mesure que le catalogue des options s'étoffe, le chemin à parcourir avant de prendre une décision éclairée s'allonge. Nous pensons que les investisseurs accueilleront cette responsabilité supplémentaire, qu'ils étudieront de plus près ce qui est disponible, qu'ils poseront des questions difficiles aux gestionnaires d'investissement et qu'ils chercheront à allouer leur capital le plus efficacement possible. Prenons l'exemple de l'investissement thématique. WisdomTree a pour philosophie d'élaborer des solutions construites avec des experts dans leurs domaines respectifs. Pour ce faire, nous recourons le plus souvent à des partenariats externes. Cela nous permet de nous informer auprès de spécialistes sur des sujets tels que l'intelligence artificielle, la cybersécurité, la transition énergétique, etc., et de transférer ensuite aux investisseurs les fruits de ces connaissances acquises. Au cours de l'année à venir, nous nous attendons à ce que les investisseurs examinent d'un œil attentif cette approche, parmi d'autres, à mesure qu'ils chercheront des moyens d'accéder à la croissance et de produire un véritable impact avec leur capital.

Pour conclure

Cette liste est tout sauf exhaustive. On ne peut faire des prédictions que sur des «inconnues connues». Pour paraphraser Donald Rumsfeld, l'ancien secrétaire américain à la défense, il existe aussi des «inconnues inconnues», celles que nous ignorons ne pas connaître. En d'autres termes, l'avenir est incertain, et les investisseurs s'adapteront inévitablement au fil de l'année.

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