Les résultats du dernier recensement de la population chinoise ont révélé qu'il n'y a eu que 12 millions de nouvelles naissances en 2020, le chiffre le plus bas depuis des décennies. En conséquence, l'indice synthétique de fécondité de la Chine est tombé à 1,3, bien en dessous du taux de reproduction de 2,1, et manquant l'objectif de 1,8 fixé lors de la mise en œuvre de la politique des deux enfants en 2015. Le faible nombre de naissances l'année dernière pourrait être en partie dû au Covid-19, les familles ayant pu repousser le désir d'avoir des enfants en pleine pandémie mondiale.

La baisse du taux de natalité a pour effet que la population chinoise pourrait atteindre son maximum en 2025, soit cinq ans plus tôt que prévu, et que la Chine sera confrontée aux problèmes liés au vieillissement de la population. La diminution de la proportion de la population active entraînera non seulement une charge accrue pour subvenir aux besoins des retraités, mais aussi une augmentation de la charge pour l'État en termes de dépenses de santé plus élevées et de systèmes de sécurité sociale nécessaires pour soutenir le nombre croissant de personnes âgées. Il existe également des implications économiques potentielles, car les frais de la main-d'œuvre pourraient augmenter en raison des pénuries dans ce secteur, ce qui aurait un impact sur la rentabilité des entreprises et la compétitivité de la Chine au niveau mondial.  

Afin de faire face à cette tendance alarmante, le gouvernement a rapidement dévoilé une nouvelle politique autorisant les couples mariés à avoir jusqu'à trois enfants. Ce changement de politique s'accompagnerait de mesures de soutien visant à améliorer la structure démographique du pays. Les modalités de ces mesures de soutien n'ont pas été annoncées, mais le gouvernement est conscient des principales préoccupations évoquées par les familles quant aux raisons de leur réticence à avoir plus d'enfants. Un sondage mené par la Commission nationale de la santé a révélé que les trois principales préoccupations citées pour élever un enfant sont : les coûts élevés (mentionnés par 75,1 % des participants), l'aide à la garde d'enfants (51,3 %), ainsi que la réduction du salaire des mères qui travaillent (34,3 %). Le gouvernement devra s'attaquer à tous ces problèmes pour résoudre ce casse-tête démographique.

Le gouvernement a identifié l'éducation, le logement et l'emploi comme étant des enjeux majeurs. En tant que telles, les mesures de soutien couvriraient la promotion du mariage, l'amélioration des services de maternité, le développement de services de garde d'enfants intégrés, l'augmentation de l'offre de ressources éducatives de qualité et la réduction des coûts de l'éducation. D'autres propositions portent sur l'amélioration des systèmes de congé maternité et d'assurance accouchement, le renforcement de la fiscalité et des politiques d'aide au logement, ainsi que la sauvegarde de l'emploi des femmes en âge d’avoir des enfants.

La politique des trois enfants et les nombreuses mesures de soutien qui devront être mises en place signifient qu'il faudra probablement un certain temps avant de voir des résultats concrets. C'est d'autant plus vrai que la politique chinoise de l'enfant unique, extrêmement efficace, a été en vigueur pendant trois décennies et demie et était devenue la norme sociétale, en particulier chez les femmes habitant les villes. Le seul point positif est que les enquêtes indiquent que les femmes issues des campagnes chinoises sont plus réceptives à l'idée d'avoir plus d'enfants.  

Il est donc possible que la Chine connaisse une hausse des naissances au cours des prochaines années, à mesure que ces nouvelles politiques seront mises en œuvre. Bien que cela puisse inverser la tendance, la Chine doit faire face à la perspective de devenir une société officiellement vieillissante d'ici la prochaine décennie.