Le spectre de l’inflation nuit à l’obligataire

Jeremy Leach, Managing Partners Group

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Plus de 60% des gérants d’actifs suisses réduiront leur exposition obligataire si l’inflation augmente.

Les résultats de la dernière étude1 commandée par Managing Partners Group (MPG), le gestionnaire d’actifs basé à Genève, et réalisée auprès de gérants d’actifs suisses, traditionnellement exposées au fixed income, sont éloquents. 99% des gestionnaires d'actifs suisses craignent que l'inflation ne réduise les rendements obligataires réels au cours des deux prochaines années, 17% se déclarant «extrêmement» préoccupés. 70% s'attendent par ailleurs à ce que le niveau de risque de défaut des obligations d'entreprises américaines et européennes augmente au cours de la prochaine année.

Les craintes inflationnistes augmentent

Deux gérants sur cinq (38%) voient une inflation plus élevée au cours des deux prochaines années, 46% s'attendent à ce qu'elle reste autour des mêmes niveaux. Sept sur dix (70%) s'attendent à ce que le niveau de risque de défaut des obligations d'entreprises aux États-Unis et en Europe augmente au cours de la prochaine année. Et pour cause: le dernier taux d'inflation officiel aux États-Unis est de 5,4% pour le deuxième mois consécutif, donc quiconque n'a pas fait cela au cours de la dernière année a perdu de l'argent en termes réels. L'inflation est élevée et devrait encore augmenter, ce qui ne peut qu'entraîner une correction des marchés obligataires.

À l'heure actuelle, un tiers (33%) des gestionnaires d'actifs recommandent d'allouer entre 31 à 40% des portefeuilles aux obligations.
L’obligataire perd du terrain

Auparavant, un modèle défensif consistait à réduire l'exposition aux actions en faveur des titres à revenu fixe, mais une inflation élevée comme celle-ci est susceptible d'affecter le prix des titres à revenu fixe et des actions. Autant dire qu’il est plus nécessaire que depuis quatre décennies d'envisager des alternatives. À l'heure actuelle, un tiers (33%) des gestionnaires d'actifs recommandent d'allouer entre 31 à 40% des portefeuilles aux obligations, tandis que 25% recommandent d'allouer 41 à 50% et 21% recommandent 21 à 30%. Seulement un sur six (17%) prévoit d’augmenter leur exposition obligataire dans les 12 prochains mois, et 22% le maintiendront à peu près au même niveau. Le fait que trois gérants sur cinq envisagent de réduire leur exposition montrent le niveau de nervosité du marché.

Les grands gagnants: immobilier, assurance-vie et matières premières

L'étude montre que plus de sept gestionnaires de fortune suisses sur dix (72%) réduiront leur exposition aux obligations pour augmenter leurs allocations aux classes d'actifs alternatives au cours des trois à cinq prochaines années. 65% des gérants recherchent des investissements avec de faibles corrélations avec les classes d'actifs traditionnelles et 57% indiquent être insatisfaits de la performance des actifs traditionnels. Ils réorienteront leurs investissements vers l'immobilier, suivi des matières premières (59%); assurance-vie (42%); les hedge funds (22%) et les actions (22%).

94% des gérants envisageraient désormais d'investir dans des polices d’assurance-vie ou Life Settlements, 82% estimant que les investisseurs institutionnels accroitront leur exposition à cette classe d'actifs au cours des trois à cinq prochaines années. Les Life Settlements sont  sont des produits émis aux États-Unis, qui ont été vendus par le propriétaire initial à un prix inférieur à leur valeur à l'échéance future et sont négociés sur des marchés secondaires réglementés. Le marché des Life Settlements comprend de plus en plus d'investisseurs institutionnels et de prestataires de services de premier plan, notamment Apollo Global Management, GWG Life, Vida Capital, Broad River Asset Management, Red Bird Capital Partners, Partner Re, SCOR, Berkshire Hathaway, Coventry First, Wells Fargo, Bank of Utah, Wilmington Trust et Credit Suisse Life Settlements LLC. Plus de la moitié (54%) des gérants d'actifs suisses pensent que les Life Settlements peuvent offrir des rendements toujours attractifs, 49% déclarant que les changements réglementaires ont rendu l'investissement beaucoup plus sûr.

 

1 Enquête menée en juillet 2021 par Pure Profile auprès de 100 gestionnaires d'actifs en Suisse, dont des gestionnaires de fortune et autres conseillers financiers, des gestionnaires et investisseurs de hedge funds, des investisseurs institutionnels et des gestionnaires de fonds.

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