Au premier semestre 2022, alors que la volatilité faisait rage sur les marchés, la santé a été l’un des seuls secteurs à offrir un refuge aux investisseurs. Rien de surprenant, puisque la demande de services de santé a tendance à résister, quelle que soit la conjoncture boursière et à tout moment du cycle économique. Au cours des huit dernières corrections boursières, le secteur de la santé a en effet surperformé les autres marchés actions internationaux d’au moins 15% - et les perspectives s’améliorent pour ces entreprises. Et certaines d’entre elles continuent d’offrir des opportunités d’investissement intéressantes pour les années à venir. Depuis le début de la pandémie, le secteur de la santé offre un réel potentiel pour les investisseurs, et ce à plusieurs égards. Il y a d’abord eu les sociétés biopharmaceutiques actives dans le développement des vaccins et traitements contre le COVID-19. Puis, dans le contexte d’incertitude sur les marchés, c’est désormais au tour d’autres sociétés de tirer parti de leur profil défensif.

Nous sommes aux prémices d’une troisième grande vague d’innovations dans le domaine des biotechnologies et de la découverte de médicaments. Lors de la première vague, les laboratoires pharmaceutiques d’alors avaient compris que l’on pouvait faire mettre la chimie à profit dans le traitement des pathologies. Au cours de la seconde vague sont apparues les thérapeutiques basées sur les protéines, lesquelles sont plus ciblées et exploitent le système immunitaire pour combattre les maladies.

J’appellerais cette troisième vague « l’ère de la médecine génétique ». Nous pouvons aujourd’hui nous appuyer sur les informations issues du séquençage du génome humain réalisé ces dernières années et sur une profusion de données, que nous pouvons désormais analyser dans des délais très courts. Quant aux nouvelles interventions et technologies thérapeutiques, elles sont en mesure d’intervenir plus spécifiquement dans le processus pathologique. Cela pourrait, par exemple, permettre de lutter contre les grandes maladies liées à l'obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et l'insuffisance rénale.

Les investissements dans les industries biotechnologiques et pharmaceutiques ont stimulé l'innovation qui a conduit à la création de propriété intellectuelle et de savoir-faire. Nous sommes susceptibles de nous appuyer sur ces éléments pour les années à venir. Une avancée importante est le développement de technologies qui nous permettent d'intervenir dans les voies de la maladie au niveau de la séquence génétique ou du «plan», plus en amont que de nombreux médicaments conventionnels.

Un exemple est celui des vaccins contre le coronavirus. Ainsi, les scientifiques auraient séquencé le virus dans les jours ou les semaines suivant son identification, puis traduit cette séquence en différents vaccins et ARNm. C'est un exemple de la manière dont un médicament efficace peut être mis au point en très peu de temps par la manipulation génétique ciblée d'un agent pathogène, contrairement à la méthode précédente qui consistait à identifier les thérapies par le biais d'une vaste expérimentation.

Outre le flot d’innovations dans le développement des thérapies, les choses évoluent aussi du côté des services.

On peut citer des entreprises comme UnitedHealth Group et Humana, mais aussi des entreprises émergentes comme Agilon. Elles s'appuient sur des modèles où les médecins sont récompensés pour avoir gardé leurs patients en bonne santé et ne pas les envoyer à l'hôpital. Cela fait passer le médecin généraliste du bas de l'échelle du système de santé au haut de l'échelle. Ces modèles constituent une étape importante vers ce que l'on appelle souvent le Saint Graal des soins de santé : de meilleurs résultats en matière de santé, une plus grande satisfaction des patients, une plus grande satisfaction des médecins et une réduction des coûts par habitant.

Un autre point qui pourrait entraîner une baisse des coûts serait l'adoption généralisée de la télémédecine, des consultations patient-médecin en ligne plutôt qu'en personne. Cette technologie est disponible depuis un certain temps. Mais jusqu'en 2020, son taux d'adoption avait été assez faible. Cela a changé lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé. Qui plus est, les régulateurs et les prestataires de soins de santé ont assoupli leurs règles pour permettre davantage de numérisation dans ce domaine.

Aujourd'hui, de nombreux consommateurs ont vécu leur première expérience de télésanté et cette tendance devrait perdurer. La combinaison de la télésanté, des diagnostiques à domicile et de la livraison de médicaments permettrait à la quasi-totalité des rencontres patient-médecin de se dérouler à domicile. Les appareils personnels utiliseront les données pour nous aider à améliorer notre santé. À titre d'exemple, de nombreuses femmes enceintes ont dû commander un appareil Doppler, un ruban à mesurer et un brassard de tension artérielle sur internet et ont eu plusieurs rendez-vous prénataux en ligne pendant la pandémie.

Les phases d’accélération de l’innovation peuvent être une source d’opportunités d’investissement de long terme prometteuses en termes de bénéfices et de résultats d’investissement. De plus, bon nombre de grandes entreprises pharmaceutiques sont bien capitalisées et ont accumulé une trésorerie importante, ce qui leur permet de financer leur propre croissance au travers d’acquisitions notamment.

Si l’on identifie un produit ou un service innovant, unique en son genre, celui-ci peut potentiellement soutenir une thèse d’investissement sur plusieurs années. Ce scénario peut générer des revenus et des cash-flows réels. Plusieurs entreprises du secteur de la santé ont toutes les chances de tirer le prochain marché haussier.