En 2025, la première génération ayant cotisé tout au long de sa vie active selon le modèle LPP atteindra l’âge de la retraite. Un moment historique et une occasion décisive de moderniser le système pour les générations à venir.
La prévoyance professionnelle ne parvient plus à suivre toutes les réalités contemporaines. Des réformes ciblées deviennent indispensables. Ne rien faire reviendrait à reculer, ceci au détriment de la durabilité d’un pilier central de notre sécurité sociale.
Élargir l’accès à la liberté de choix
Un des axes de réforme prioritaires est clair: la possibilité de choisir sa stratégie de placement ne devrait pas être réservée uniquement aux salariés gagnant plus de 136'080 francs par année. Une extension de ce droit à la part surobligatoire de la LPP, c’est-à-dire aux revenus supérieurs à 90'270 francs, permettrait à davantage d’assurés, notamment dans la classe moyenne, de profiter de meilleures perspectives de rendement.
Avec l’arrivée à la retraite d’une large part des baby-boomers, le risque de perte de savoir-faire et de pénurie de main d’œuvre pèse sur l’économie suisse.
Introduire un modèle de cycle de vie
Autre piste intéressante: le modèle de cycle de vie, qui ajusterait automatiquement la part d’actions dans les placements en fonction de l’âge. Les plus jeunes, disposant d’un horizon de placement long, pourraient assumer une part plus élevée en actions – donc plus risquée, mais aussi plus rentable. À l’approche de la retraite, cette part serait progressivement réduite, pour limiter les risques. Une telle évolution du système permettrait de concilier performance et sécurité sur le long terme.
Agir dès aujourd’hui au niveau des entreprises
Même en l'absence de réformes politiques immédiates, les entreprises disposent déjà aujourd’hui de leviers concrets pour renforcer la prévoyance de leurs collaborateurs. Elles peuvent améliorer la prévoyance de leurs collaborateurs dès maintenant, en offrant par exemple des plans à choix ou en impliquant davantage leurs salariés dans la conception de leur couverture.
Une mesure simple mais efficace serait d’abaisser l’âge de début de cotisation de 25 à 20 ans. Grâce à l’effet cumulatif des intérêts composés, les jeunes pourraient ainsi accumuler plusieurs milliers de francs supplémentaires à leur retraite. Comme les salaires sont généralement plutôt bas à cet âge, l’effort financier reste modeste pour les entreprises. Certaines vont déjà plus loin, en prenant à leur charge la totalité des cotisations, y compris la part habituellement payée par les salariés. Les collaborateurs plus âgés bénéficieraient quant à eux d’un potentiel de rachat accru grâce à cette baisse de l’âge d’entrée.
Permettre de travailler après la retraite, sans pénalités
Avec l’arrivée à la retraite d’une large part des baby-boomers, le risque de perte de savoir-faire et de pénurie de main d’œuvre pèse sur l’économie suisse. Beaucoup de retraités seraient prêts à prolonger ou reprendre une activité de manière partielle ou ponctuelle. Mais les règles actuelles les dissuadent: impossibilité de se réaffilier à une caisse de pension une fois la rente LPP activée, imposition cumulative des revenus (rentes AVS, LPP, revenu d’activité), etc.
C’est ici qu’intervient le principe d’une retraite «Stop & Go»: permettre aux assurés de suspendre temporairement leur rente LPP s’ils reprennent une activité professionnelle, puis de la réactiver lorsqu’ils cessent à nouveau de travailler. Ce mécanisme offrirait une plus grande souplesse individuelle, améliorerait la situation fiscale des retraités actifs et renforcerait l’attractivité de l’emploi des seniors. Ce serait aussi un levier concret pour répondre à la pénurie croissante de personnel qualifié dans notre pays.