Le retour des colombes

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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Les chiffres de l’inflation américaine du mois de décembre sont venus confirmer une tendance désinflationniste.

© Keystone

Depuis octobre 2022 le rebond des marchés est porté par trois changements fondamentaux: une désinflation américaine qui se confirme, une forte baisse des risques économiques et industriels en Europe, et une réouverture chinoise qui s’accélère. Une partie de ces évolutions est déjà intégrée par les marchés, mais le sentiment et le positionnement des investisseurs reste modérés.

Le dégonflement de la bulle inflationniste

Les chiffres de l’inflation américaine du mois de décembre (-0,1%, et +0,3% hors alimentation et énergie) sont venus confirmer une tendance désinflationniste qui consacre la revanche de la «team transitory». Ce sont bien les chocs et contre-chocs de la réouverture de l’économie qui ont produit d’abord le boom inflationniste puis la normalisation désinflationniste des deux dernières années. La normalisation des stocks et des chaines d’approvisionnement entraîne une forte désinflation dans le secteur de biens (y compris hors automobile). De plus, l’inflation des services hors loyers – mentionné par Jerome Powell comme particulièrement importante – rebaisse aussi sensiblement. Enfin, si l’inflation des loyers (42% du «core CPI») résiste du fait de la méthodologie adoptée pour le calcul du CPI. Il est quasiment acquis qu’elle se normalisera en 2023 sous le poids de la stagnation des prix constatés pour les nouveaux loyers. Sans préjuger du niveau auquel l’inflation américaine finira par se stabiliser, le constat est clair: le dégonflement de la bulle inflationniste post-Covid est en cours, et cela va vite malgré la situation de plein emploi. Les anticipations se modifient dès lors en faveur d’une augmentation de 25 plutôt que 50 points de base lors de la prochaine réunion de la Fed.

Le revirement spectaculaire des autorités chinoises en faveur de la réouverture rapide de l’économie et du soutien à la croissance s’accélère encore.
Attention à l’excès d’optimisme

En Europe la clémence de l’hiver diminue encore les risques de pénuries et de graves problèmes industriels cet hiver. Mieux encore, les prix des contrats annuels d’électricité pour les années 2024 et 2025 se replient nettement en Allemagne. Le choc brutal de la fin des importations d’énergie russe semble donc en passe d’être bien mieux absorbé que prévu. Même si la situation militaire en Ukraine reste porteuse de fortes incertitudes, le thème de la baisse du risque économique européen se confirme donc de semaines en semaines.

Enfin, le revirement spectaculaire des autorités chinoises en faveur de la réouverture rapide de l’économie et du soutien à la croissance s’accélère encore. Les restrictions anti-Covid sont déjà une veille histoire, et le pic de la vague actuelle de cas devrait être atteinte très prochainement. Le boom de réouverture s’annonce donc très puissant, et les anticipations du consensus (+4,8% de croissance en 2023 après +3% en 2022) vont probablement être dépassées.

Au milieu de ces bonnes nouvelles, et avec la nette remontée des marchés, ce sont désormais les risques d’excès de vitesse et/ou d’optimisme qu’il nous faut surveiller. Il est toujours difficile d’obtenir des informations fiables sur le positionnement, mais les dernières indications montrent une remontée des taux d’exposition des gérants d’actifs aux Etats-Unis et, en Europe, un rebond du sentiment en faveur des actions allemandes. Les niveaux actuels restent cependant modérés.

Dans les fonds globaux il faut maintenir une exposition assez élevée au marché des actions. Et privilégier les thèmes de la transition énergétique (panier de 40 valeurs), de la baisse du risque européen (petites valeurs, valeurs financières, futures Stoxx 600) et des marchés émergents (ETF et futures).

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