Le quart des Suisses veut dépolitiser le 2e pilier

Emmanuel Garessus

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Le Baromètre de la prévoyance Raiffeisen 2022, présenté notamment par Roland Altwegg, révèle un profond désir de réforme de l’ensemble du système de prévoyance.

Les Suisses sont fortement attachés à la pérennité du système suisse des trois piliers, selon le cinquième Baromètre de la prévoyance Raiffeisen, présenté jeudi à l’aéroport de Zurich.

Une majorité significative de la population est favorable, en plus de l’AVS, à un renforcement du 2e pilier (39,4%) ou du pilier 3a (19,8%).

Par contre, la réduction des contributions aux caisses de pension au profit de l’AVS n’est approuvée que par 7,5% des sondés et leur suppression par 3,9%.

Le Baromètre de la prévoyance est le fruit d’une enquête réalisée entre le 13 et le 24 juin 2022 par l’Institut Link auprès de 1’006 personnes âgées de 18 à 65 ans. Pour la première fois, des personnes âgées de 65 ans et plus ont aussi participé au sondage.

Tandis que les citoyens sont appelés à s’exprimer le 25 septembre sur une réforme de l’AVS, 75,5% des sondés souhaitent une adaptation de l’âge de la retraite.

Le sondage révèle que seules 20,9% des personnes interrogées soutiennent le statu quo (64 ans pour les femmes et 65 ans les hommes) tandis que 35,8% plaident pour une retraite à 65 ans pour les deux sexes, ce que propose la réforme AVS 21.

Plus surprenant, aux yeux de Daniel Greber, directeur de l’Institut Risk & Insurance de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et co-auteur de l’étude, un taux élevé de 28,5% approuverait une adaptation automatique de l’âge de la retraite, donc sa dépolitisation, à l’image de la Suède. Par contre, un relèvement à 66 ans pour les hommes et les femmes ne trouve grâce qu’auprès de 7,2% des personnes interrogées et à 67 ans de 3,7%.

Un fort désir de réforme

Une confiance élevée est accordée au 3e pilier par 50% des sondés, contre 19,2% au 2e pilier et 18,3% à l’AVS. Les rentes AVS plafonnées semblent être le problème le plus brûlant à l’heure actuelle, selon le baromètre Raiffeisen: 58,7% des personnes interrogées veulent abolir la pénalisation des couples mariés dans l’AVS afin de les mettre à égalité avec les concubins.

La possibilité d’effectuer des versements complémentaires dans l’AVS de manière illimitée en cas de lacunes arrive en deuxième position avec 30,3% et le versement d’une 13e rente AVS en troisième position (29,2%).

Afin que le financement de l’AVS puisse également être garanti à l’avenir, 57,2% des personnes sondées souhaitent que les bénéfices de la Banque nationale suisse soient reversés à l’AVS. Cette opinion provient avant toute des sondés les plus âgés.

La majorité des sondés désirent réformer non seulement l’AVS (52,2%) mais aussi le 2e pilier (51,6%). Par exemple, 46,1% des personnes interrogées estiment utile que les personnes aux revenus modestes soient, elles aussi, assurées auprès d’une caisse de pension.

Il apparaît par ailleurs que le quart des sondés (23,7%) approuverait une dépolitisation du taux de conversion des caisses de pension. Ce dernier est le taux auquel l’avoir de vieillesse de l’assuré est transformé en rente. Il est fixé par la loi à 6,8% pour la partie obligatoire (jusqu’à 86 040 francs).

Les Suisses sont dépassés par l’inflation

Si les Suisses connaissent mal le système de prévoyance, selon Roland Altwegg, membre de la direction de Raiffeisen, ils sont démunis face à l’inflation: 40% des sondés ne savent pas que faire ni comment s’en protéger. Si 36,4% laissent leurs capitaux dormir sur leur compte, elles sont à peine 16,3% à vouloir se protéger avec des titres, 14,3% avec l’achat d’un logement et 5,2% avec de l’or.

Les cryptomonnaies sont délaissés par les sondés puisque 75,8% n’entendent pas les intégrer dans des solutions de prévoyance.

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