Le potentiel de hausse sur les marchés financiers est intact, mais limité

Beat Thoma, Fisch Asset Management

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Le ralentissement de la croissance économique atténuera les problèmes d'inflation dans un avenir proche.

La combinaison d'une réduction de la demande de monnaie due à une croissance plus faible et d'une augmentation simultanée de l'offre de liquidités conduit à un fort excès de liquidités sur les marchés financiers. Une partie de cet argent afflue vers les marchés actions et du crédit, apportant un soutien solide et justifiant les valorisations élevées. Une autre partie continue d'être cantonnée aux marchés monétaires et du repo et représente une réserve en cas de demande accrue de monnaie. Dans l’ensemble, cela permet de stabiliser et d'équilibrer le système financier.

Les taux d'inflation sont actuellement en forte hausse dans le monde entier. Cela s'explique toutefois en partie par des effets de base qui s'épuiseront à nouveau dans les prochains mois. Dans le même temps, le ralentissement de la croissance économique atténuera les problèmes d'inflation dans un avenir proche. Aux États-Unis, le taux de hausse de l'inflation faiblit déjà à nouveau, même si le niveau absolu demeure élevé. Les marchés financiers continuent donc de faire confiance aux déclarations des banques centrales selon lesquelles il ne s'agit pour l'instant que d'une augmentation temporaire de l'inflation. Cela renforce également la confiance des acteurs du marché dans la politique monétaire, qui est actuellement communiqué d'une manière très habile et adaptée au marché. La réduction progressive des achats de titres fait déjà l'objet de discussions et ne devrait pas causer de surprises majeures lors de sa mise en œuvre.

Le mouvement actuel est encore plus fort que celui des années 2004 à 2006 qui a précédé la crise financière.

Dans cet environnement, il y a peu de pression à court terme pour une hausse des taux d'intérêt à long terme. Le niveau des taux d'intérêt devrait cependant être beaucoup plus élevé en raison des taux de croissance attendus à moyen terme de l'économie et de l'inflation. Il y a donc une énorme divergence entre le niveau actuel des taux d'intérêt et les niveaux normaux compte tenu des circonstances. Cela peut conduire à un ajustement surprise des taux d'intérêt à tout moment. L'effet positif d’une politique monétaire accommodante continue également de dominer les marchés actions et du crédit pour le moment. Cela justifie en partie les niveaux de valorisation élevés. À moyen terme, nous prévoyons cependant une baisse des bénéfices des entreprises en raison du ralentissement économique. Par conséquent, nous estimons que le potentiel de hausse des marchés financiers reste intact, mais limité.

La poursuite de la forte hausse des prix de l'immobilier dans le monde entier, qui complique le maintien d'une politique monétaire accommodante, pourrait constituer un facteur déstabilisant dans le futur. Aux États-Unis en particulier, les prix de l'immobilier augmentent actuellement fortement et à un rythme qui s’accélère. Le mouvement actuel est encore plus fort que celui des années 2004 à 2006 qui a précédé la crise financière. La hausse des prix de l'immobilier et les dépenses de consommation actuellement élevées sont de puissants moteurs potentiels d’une future inflation. La banque centrale américaine suit de près cette évolution et devra prendre ses premières mesures dans un avenir proche. Une réduction (tapering) des achats (QE) de titres MBS est à l’étude. Cette mesure n'aurait cependant qu'un effet modéré sur l'évolution des prix de l'immobilier. Par ailleurs, tant que le marché du travail américain ne se redresse pas de manière plus significative, aucun problème majeur pour la politique monétaire n'est à prévoir à court terme. Malgré tout, un danger potentiel à moyen terme pour les marchés financiers et l'évolution des taux d'intérêt se profile en ce moment même.

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