En l’absence de tendance nette, les marchés sont vulnérables

Beat Thoma, Fisch Asset Management

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Trop de bonnes choses peuvent aussi nuire aux marchés financiers.

Tant que se maintiendra l’ensemble des conditions actuelles (liquidité élevée, conjoncture favorable, hausse modérée des taux d’intérêt et anticipations d’inflation sous contrôle), les marchés des actions et du crédit bénéficieront d’un environnement idéal. Mais trop de bonnes choses peuvent aussi nuire aux marchés financiers. Ainsi, le dynamisme marqué du marché de l’emploi américain pourrait être prochainement source de problèmes. En effet, la Fed a clairement subordonné l’inflexion de sa politique monétaire à l’évolution de l’emploi. Si la situation sur ce front s’améliore plus rapidement que prévu dans les prochaines semaines, les marchés pourraient commencer à remettre en question la politique monétaire accommodante. C’est la raison pour laquelle le taux de chômage américain est pour l’instant le facteur déterminant de la politique monétaire future et donc aussi de l’évolution des marchés des actions et de taux.

La forte hausse des prix de l’immobilier aux Etats-Unis, mais aussi dans le reste du monde, pose un problème supplémentaire. Toute accélération ultérieure devra également être contrée par des mesures monétaires. Une normalisation de la politique monétaire se dessine donc de plus en plus clairement. Mais pour le moment, aucun risque immédiat ne menace les marchés financiers. D’une part, la conjoncture mondiale ralentit légèrement, les anticipations d’inflation sont modérées et malgré l’embellie sur le marché de l’emploi, la tendance des coûts salariaux est à la baisse. D’autre part, la Fed ainsi que les autres banques centrales communiquent très habilement, préparant en douceur les marchés à un possible changement de cap monétaire.

En conséquence, le potentiel haussier du marché actions reste intact, mais limité compte tenu des valorisations historiquement très élevées et du ralentissement conjoncturel qui entraîne le fléchissement de la dynamique bénéficiaire des entreprises. Les primes de risque restent également faibles sur les marchés de crédit. Les spreads approchent de leurs points bas historiques. La tendance des taux d’intérêt à long terme pourrait repartir légèrement à la hausse après la dernière phase de consolidation. Dans l’ensemble, aucune tendance nette ne se dessine, ce qui rend les marchés vulnérables aux perturbations. Les investisseurs doivent donc rester vigilants. La réaction des Bourses aux imprévus constitue un bon indicateur de timing. Les divergences sont ici très instructives: jusqu’à présent, le marché des emprunts d’Etat américains a réagi positivement (baisse des taux) aux nouvelles négatives (hausse de l’inflation, conjoncture favorable). Ce type de divergence révèle une grande solidité des facteurs techniques du marché. Toute modification de ce schéma de réaction annoncerait une inversion de tendance.

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