Le point sur les marchés des dettes subordonnées - octobre 2023

Paul Gurzal & Jérémie Boudinet, La Française AM

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La saison des résultats du troisième trimestre a débuté et, jusqu’à présent, tout se passe bien pour les résultats des banques.

1/ Environnement de marché

Les marchés des dettes subordonnées ont continué d’afficher une forte volatilité sur le mois d’octobre en raison des taux souverains qui continuent de diriger l’évolution de prix des actifs à risque, des données économiques moins bonnes qu’attendu ainsi que du conflit au Moyen-Orient. Les performances ont été en dents de scie sur le mois d’octobre avec des mouvements violents que ce soit à la hausse ou à la baisse, notamment sur les AT1 CoCos. L’indice des dettes € AT1 CoCos affiche une performance positive de +0,24% (vs. -0,67% le mois dernier). Cependant, son homologue en dollars affiche une performance négative de -0.43% sur le mois d’octobre. Les autres classes de dettes subordonnées finissent le mois d’octobre sur une tendance légèrement positive : l’indice iBoxx des dettes Tier 2 affiche une hausse de +0,55%, l’indice Corporate Hybrids s’affiche quant à lui à +0,06%, et l’indice iBoxx des dettes subordonnées d’assurance affiche une performance de 0,43%.

Le marché primaire sur les dettes subordonnées était moins actif sur le mois d’octobre en raison de la volatilité sur les taux ainsi que du début de la saison des résultats. Du côté des AT1, la banque japonaise MUFG a réouvert le marché AT1 en dollars, qui était calme depuis quelques semaines. La banque a émis la première AT1 japonaise en dollars pour un montant de $750m à 8,2% (les premières discussions autour du coupon étaient entre 8,75% -8,875%). Le carnet d’ordres a atteint la taille impressionnante de plus de $11mds. Du côté des Tier 2, Crédit Agricole Assurances a émis une Tier 2 de €500m avec un coupon de 5,9%, tout en annonçant une offre publique d'achat sur ses titres Tier 1 non conformes à la réglementation Solvency 2 remboursables en 2025. Ces deux instruments ne seront plus considérés comme du capital réglementaire à partir de 2026, c’est ce que l'on pourrait retrouver chez d'autres bancassureurs français, comme BNP Paribas Cardif ou Sogecap. De son côté, Accor a émis une hybride de €500m à 7,25%.

La saison des résultats du troisième trimestre a débuté et, jusqu’à présent, tout se passe bien pour les résultats des banques. Les grandes banques américaines ont publié des revenus solides dépassant les attentes de la plupart d'entre elles, avec de solides performances dans les banques d'investissement malgré des perspectives plus prudentes. Les résultats semblent plus mitigés pour les banques régionales américaines cotées. En Europe, les résultats sont satisfaisants pour les bancaires et notamment pour toutes les banques de pays dits « périphériques ». Par exemple, UniCredit a publié des résultats honorables avec un résultat net à 2.3 mds EUR, en progression de +36% découlant d’un dynamisme continu des revenus, qui progressent de 23% à €5,8 mds, dont 3.6 mds EUR de revenus nets d’intérêts (+45% YoY), et d’une maitrise des coûts, en recul de 2%. La solvabilité est très confortable avec un CET1 de 17,19% à la fin septembre (+55bps QoQ) et de 16.33% pro forma du programme de rachats d’actions 2023 lancé fin octobre.

Des mouvements sont en cours au niveau de l’actionnariat de certaines banques. UniCredit met un premier pied en Grèce en envisageant de prendre une participation dans Alpha Bank. La banque italienne a soumis une offre au Fonds hellénique de stabilité financière (HSFS) pour racheter les 9% qu'elle détient actuellement dans Alpha Bank. Les deux banques conviennent également de fusionner leurs filiales roumaines pour créer la 3ème banque de Roumanie. Toujours en Italie, le ministère italien des Finances a mandaté UBS et Jefferies pour la vente d'une participation dans Banca Monte dei Paschi dont il détient actuellement 64%. En Grèce, HSFS détient 40% de National Bank of Greece et a annoncé la semaine dernière qu'il était prêt à en vendre 20%. Cette tendance au désinvestissement devrait se poursuivre car il veut signaler que le secteur bancaire du pays revient à la normalité.

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