Le moteur des tendances émergentes

Tomasz Godziek, J. Safra Sarasin

3 minutes de lecture

Les technologies disruptives offrent une multitude d’opportunités d’investissement.

 

Le secteur mondial des technologies se porte bien et les perspectives sont positives

Nous restons optimistes à l’égard du secteur des technologies de l’information pour plusieurs raisons. Premièrement, le secteur est le principal moteur des tendances émergentes et transformationnelles que sont l’intelligence artificielle, le cloud computing (informatique externalisée), la robotique et la conduite autonome.

Deuxièmement, la baisse des coûts des technologies et le contrôle réglementaire accru augmentent la vitesse de diffusion de l’innovation technologique à d’autres secteurs. Aussi surprenant que cela puisse paraître, malgré le rôle croissant des logiciels informatiques, la part des dépenses informatiques dans l’ensemble des charges des entreprises reste inférieure à 10%. Nous pensons que cela va changer et que les dépenses informatiques des entreprises s’accéléreront en 2018.

Enfin, le potentiel de croissance du secteur s’étend à bien d’autres domaines. À ce jour, moins de 20% de la charge de travail informatique mondiale sont hébergés dans le cloud public, moins de 10% des ventes de détail américaines sont réalisées en ligne, et le nombre de robots industriels pour 10 000 employés reste inférieur à 100, pour n’en mentionner que quelques-uns.

Les dépenses d’investissement des entreprises dans le cloud devraient accélérer

Source: Company data, Thompson Reuters, Morgan Stan-ley Research, 09.03.2018

Par conséquent, fondamentalement, le secteur des technologies de l’information recèle encore un fort potentiel de croissance.

Toutes les valeurs tech ne se comportent pas comme les FANMA

Même si nous reconnaissons la solide performance des valeurs technologiques, il ne faut pas oublier que l’appréciation du cours des actions s’accompagne bien souvent d’une croissance bénéficiaire plus élevée, qui dans de nombreux cas limite l’expansion des multiples. Par ailleurs, les grandes capitalisations que sont les FANMA (Facebook, Amazon, Netflix, Microsoft et Alphabet) ont eu un impact disproportionné sur la performance du secteur et expliquent la majeure partie de la récente hausse du ratio cours/bénéfices (PER) du NASDAQ. Par conséquent, les valorisations médianes du secteur sont à des niveaux raisonnables et il existe de très nombreuses opportunités d’investissement dans le segment des sociétés de moyenne capitalisation.

En outre, il convient de souligner que le secteur des technologies de l’information se compose de sociétés caractérisées par des modèles économiques très diversifiés. Une société de logiciels, qui génère des flux de revenus récurrents et prévisibles et qui affiche une très forte rentabilité, n’a rien à voir avec une entreprise d’électronique grand public, tributaire des revenus de la vente d’équipements spécifiques et dont les marges sont moins élevées.

«Le secteur des technologies de l’information
est devenu moins cyclique au cours des dernières années.»

Enfin, le secteur des technologies de l’information est devenu moins cyclique au cours des dernières années. Sa valorisation devrait donc changer. Même le segment le plus cyclique, à savoir l’industrie des semi-conducteurs, voit son modèle économique évoluer en profondeur. Alors qu’auparavant la vaste majorité de la demande de semi-conducteurs provenait des ordinateurs et des smartphones, de nos jours, ces deux segments représentent moins de 60% des ventes de cette industrie. L’émergence de nouveaux moteurs de la demande, comme le cloud computing ou la conduite autonome, entraîne une modération des cycles de semi-conducteurs et une baisse de la volatilité des cours des actions.

Il n’y a pas que l’IT qui bénéficie des avancées technologiques

Nous pensons que l’économie dans son ensemble bénéficiera nettement de la généralisation de l’innovation technologique.

Cependant, les secteurs actuellement les moins numérisés, comme l’ingénierie du bâtiment et les hydrocarbures, seront les principaux bénéficiaires des nouvelles technologies. Près de 80% des projets de construction sont retardés et les coûts sont en moyenne dépassés de 30%. Sur les chantiers de construction, le papier et le crayon sont encore couramment utilisés. L’autre problème manifeste est l’absence de coordination entre les parties prenantes dans le cadre de grands projets de construction. Ceci est source d’importantes inefficiences, de retards et de frustration. Le Business Information Modelling (BIM) est un logiciel spécialisé basé sur le cloud, qui offre à toutes les parties prenantes un accès simultané en temps réel à la version du modèle de construction et qui permet de contrôler les coûts de manière précise. Plusieurs pays comme la Norvège et le Royaume-Uni imposent l’utilisation du BIM pour les projets de construction publique.

Selon nous, la technologie va également modifier la donne du secteur automobile. La conduite autonome va sensiblement accroître les taux d’utilisation des véhicules, améliorer la sécurité et faciliter le transport des personnes âgées et des mineurs.

«La technologie blockchain trouvera également une utilisation
dans les secteurs de la banque, de l’assurance et de l’immobilier.»

Le secteur du transport maritime bénéficiera lui aussi de l’innovation technologique. Moeller Maersk, leader du secteur, bénéficie déjà de l’utilisation de la technologie blockchain. En 2016, un projet de recherche commun entre IBM et Maersk montrait que le simple transport d’avocats et de roses du Kenya jusqu’aux Pays-Bas impliquait près d’une trentaine de personnes et se traduisait par plus de 200 interactions entre ces parties. La division des tâches (tamponner, envoyer des emails, téléphoner, scanner, copier et transmettre manuellement d’importantes informations et certificats liés au chargement) accroît la probabilité d’erreurs, de perte d’informations et de retards. Par conséquent, les deux sociétés ont décidé de nouer un partenariat avec Hyperledger, start-up dans le domaine du blockchain, pour remplacer l’ensemble de l’écosystème complexe de transport par une solution de blockchain. Les résultats ont été jugés révolutionnaires, l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement ayant été nettement simplifié et les coûts de transport sensiblement réduits. À plus grande échelle, nous pensons que la technologie blockchain trouvera également une utilisation dans les secteurs de la banque, de l’assurance et de l’immobilier.

Investissements dans le blockchain (en millions d’USD)

Source: CBInsights, Token Data, CoinSchedule, 09.03.2018
Quand les technologies disruptives riment avec durabilité

Dans un monde caractérisé par des évolutions et des avancées technologiques rapides, les gérants de portefeuilles ont besoin de techniques d’analyse et d’outils décisionnels modernes. Selon nous, la durabilité est l’un des critères de différenciation les plus importants de la gestion moderne des investissements puisqu’elle consiste à valoriser des actifs intangibles. Pourtant, moins de 10% des professionnels de la finance sont véritablement formés pour prendre en compte les facteurs ESG. Généralement, la plupart des gérants actions limitent leur analyse aux modèles classiques basés sur des facteurs comme le Capital Asset Pricing Model (CAPM) ou le modèle à 4 facteurs de Carhart. Toutefois, tout comme l’économie comportementale a remis en cause les hypothèses de l’économie néo-classique, l’investissement durable met en évidence les risques découlant de la non prise en compte des facteurs extra-financiers. En outre, une part croissante de la littérature universitaire montre que les facteurs ESG peuvent expliquer une grande partie de la performance des actions.

Concernant nos investissements dans les technologies disruptives, la prise en compte des critères ESG oriente notre univers d’investissement vers le facteur de qualité. Ceci est particulièrement pertinent dans des secteurs tels que les technologies de l’information, où bien souvent, les sociétés mettent trop l’accent sur la croissance du chiffre d’affaires au détriment des aspects sociaux et de gouvernance. Nous mettons dans le cadre de notre stratégie d’investissement dans les technologies durables l’accent sur la croissance, mais pas à tout prix. Nous pouvons ainsi filtrer les actifs de façon à exclure ceux qui présentent des risques et privilégier les vrais gagnants sur le long terme. Nous pouvons ainsi investir avec confiance dans un avenir prévisible.

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