«Disruption» est un mot à la mode. Mais qu’entend-on par technologies disruptives et pourquoi est-il important que les investisseurs y prêtent attention.
Pour être «disruptive», une innovation doit changer radicalement un produit existant, un modèle d’affaire ou une chaîne de valeurs. Bien que les entreprises disruptives soient parfois capables de lancer un produit entièrement nouveau, dans la plupart des cas, elles se contentent de redessiner complétement le produit ou d’en réinventer des éléments clés. Tesla, par exemple, n’a pas inventé la voiture en tant que telle mais en a créé une qui est efficiente sur le plan de sa consommation énergétique.
Coherent est un bon exemple d’entreprise disruptive. C’est un producteur de solutions photoniques basées sur l’utilisation du laser. Coherent est le seul à proposer une technologie laser, déterminante dans la production de diodes électroluminescentes organiques haut de gamme («organic light-emitting diodes» ou OLEDs). Pourquoi est-ce important ? A partir de cette année, certains modèles de smartphones seront dotés d’écrans pliables. Le défi est de réaliser un produit qui à l’épaisseur des téléphones actuels et qui, une fois déplié peut aussi servir de tablette ou d’ordinateur de poche sans qu’il faille connecter un écran ou un clavier. Pour le faire, il faut recourir à un affichage OLED haut de gamme. Les fabricants de smartphones vont se lancer dans la course pour produire les meilleurs écrans pliables, ce qui va accélérer l’adoption d’affichage OLED. Et si l’on considère que 80% des écrans de smartphones actuels sont basés sur une technologie LCD (nous estimons que la part de marché des LCD va tomber à 20% d’ici 5 ans avant de disparaître complètement), le développement de la technologie OLED pourrait bien causer une disruption majeure parmi les fabricants d’écrans.
Beaucoup de gérants se concentrent sur un seul thème: le Big Data or la robotique. Alors que chacun de ces thèmes peut connaître des phases de surperformance, leur comportement sur le long terme est plus mitigé. Notre approche est de diversifier les thèmes tels que l’intelligence artificielle, le Big Data, le Cloud, l’internet des Objets, la robotique et les drones, la conduite autonome, la réalité virtuelle et augmentée. Cela nous permet de trouver des opportunités quelle que soit la phase du cycle. Un aspect fondamental de notre approche est de bien distinguer les firmes qui permettent l’utilisation de la technologie de celles qui en bénéficient. Les premières ont tendance à être des entreprises technologiques de haute croissance alors que les secondes mettent en œuvre ces technologies disruptives afin d’acquérir un avantage compétitif sur leurs concurrents.
Prenons le domaine de la conduite autonome. L’un des grands challenges de ce domaine est la vision machine. Pour utiliser au mieux la puissante prédictive de l’intelligence artificielle, les voitures doivent pouvoir «voir» plus loin que leur ligne d’horizon. Au début, des caméras ont été utilisées comme première source de «vision» pour les voitures. Mais les caméras sont bien sûr imparfaites alors des ingénieurs ont pensé à des solutions basées sur la technologie du laser (le LIDAR, cet étrange engin placé sur le toit des voitures Google). Ces solutions ont permis d’améliorer le champ visuel mais ne sont toujours pas optimales. «La» solution pourrait être que chaque voiture bénéficie des systèmes visuels des voitures qui l’entourent. Afin d’établir les connexions nécessaires, il faut utiliser des puces / semi-conducteurs spéciaux. Nous considérons que les entreprises qui fabriquent de telles puces font partie de celles qui permettent l’utilisation de la technologie. Tandis que les fabricants de voitures qui les utilisent les premiers et de façon efficace, gagnant ainsi un avantage de taille sur leurs concurrents, sont les bénéficiaires de la technologie en question.
La plus grande disruption viendra incontestablement de l’intelligence artificielle. En 1950 Alan Turing posait la question : “est-ce qu’une machine peut penser ?” Près de 70 ans plus tard, on peut dire pour la première fois que d’importants progrès ont été réalisés. Il y a eu beaucoup d’avancées dans le domaine du «machine learning» et de sa précision ces dernières années. Cela ouvre une foule de débouchés et de nouvelles applications, notamment dans les «chatbots» (agents conversationnels), les assistants digitaux, la conduite autonome et le recours à des algorithmes plus sophistiqués et pertinents. La possibilité pour une machine d’apprendre rétroactivement et de pouvoir faire de meilleures prédictions aura de multiples applications dans de nombreux secteurs. Si l’on prend le domaine de la santé, selon diverses études, un radiologue passe à côté de 20 à 30% des anomalies révélées par un examen scanner et le pourcentage est plus élevé encore lors de dépistage de cancer du sein. En revanche, quand le radiologue est assisté par des algorithmes faisant recours à de l’intelligence artificielle, les faux négatifs diminuent considérablement. L’intelligence artificielle est le thème le plus représenté dans notre portefeuille actuellement.
Il est clair qu’il y a un risque que certaines fonctions de la finance deviennent obsolètes dans la finance. Des innovations telles que l’intelligence artificielle et la robotique augmentent l’efficacité en effectuant automatiquement des tâches manuelles répétitives actuellement assurées par des êtres humains. Cela veut dire que beaucoup de postes vont devenir redondants ; le potentiel de gain est considérable. Concrètement, il faut encore 2 jours pour établir un transfert bancaire ou le paiement d’un dividende. La bourse australienne travaille en ce moment à un projet qui vise à remplacer le lourd processus de règlement actuel pour une solution automatisée et quasi instantanée basée sur la technologie du Blockchain.