La transition générationnelle

Honora Ducatillon, Pictet Wealth Management

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Le modèle économique linéaire consumériste d’hier cèdera la place à une économie circulaire.

Le XXe siècle est marqué par d’incroyables progrès sociaux, scientifiques et technologiques, il aura en outre généré une croissance et une prospérité sans précédent. Mais aujourd’hui, nous devons affronter leur coût pour la planète et pour la société. Nous sommes au cœur de transformations profondes, qui touchent de multiples aspects de la société. Qu’ils concernent le leadership, les modèles de production, le savoir, les valeurs, l’ordre mondial ou les richesses, ces changements constituent autant de sources d’opportunités, mais aussi de défis à relever, dans une optique de transmission aux générations suivantes.

Selon les études menées par Rogatis, société à vocation didactique qui travaille auprès de familles et de jeunes générations appelées à hériter de patrimoines importants, les membres de la prochaine génération qui vivent dans un contexte de richesse seront directement impactés par trois grands phénomènes, à commencer par l’augmentation des inégalités. Plus l’écart entre les nantis et les personnes démunies se creusera, plus la richesse suscitera de la méfiance et sera perçue comme source d’inégalités. L’intensification des tensions menace aussi la stabilité de la société. Or, il est dans l’intérêt de tous de pouvoir évoluer dans une société stable. Nous devons donc être conscients des inégalités au sein de chaque communauté et entre elles, tant à l’échelle locale que mondiale, et nous efforcer de les réduire. L’histoire nous a montré à de nombreuses reprises les dangers liés à la concomitance d’extrême richesse et d’extrême pauvreté: montée des populismes, polarisation des sociétés et révolutions. Mais les termes de ce débat peuvent être repensés et il appartient aux jeunes générations de proposer un nouveau postulat. La richesse en elle-même n’est ni un mal ni un bien; c’est un éventail de possibilités. Et il revient à ceux qui la détiennent de l’utiliser à bon escient.

La transition générationnelle en cours met face à face ceux qui se tournent vers l’avenir et ceux qui regardent en arrière.

A l’heure où les infrastructures et les modèles sur lesquels notre société a été bâtie sont en passe d’être remplacés, les industries traditionnelles telles que celles basées sur les combustibles fossiles sont vouées à disparaître pour permettre l’avènement d’un avenir décarbonné; et le modèle économique linéaire, consumériste, d’hier cèdera la place à une économie circulaire.

Cette transition aura ses gagnants et ses perdants. Ainsi, la chaîne de grands magasins britanniques plus que centenaire Selfridges a annoncé cet été que d’ici 2030, la moitié de ses transactions seraient constituées de ventes d’articles de seconde main, de réparations, de locations ou d’articles de recharge. Et la technologie finira par pénétrer chaque secteur de l’économie.

Tandis que le monde adopte de nouveaux modèles pour répondre à de nouveaux défis, les changements exigés requerront de grandes qualités entrepreneuriales et un goût pour le risque. Les plus riches ont donc un rôle important à jouer, et en particulier les jeunes, qui ont du temps devant eux et peuvent se permettre de prendre les risques nécessaires pour accélérer l’innovation et transformer l’économie.

La transition générationnelle en cours met face à face ceux qui se tournent vers l’avenir et ceux qui regardent en arrière. Aujourd’hui, l’inaction n’est plus une option. Nous devons aller de l’avant en tirant les leçons du passé et en apprenant de nos erreurs, mais aussi des connaissances, des avancées et de la sagesse de ceux qui nous ont précédé. Fortes de leur expérience et de références à transmettre, les générations précédentes doivent faire partie intégrante des décisions concernant notre avenir, même si c’est aux jeunes générations qu'il appartient de rêver.

Pour cela, nous devons comprendre comment nous en sommes arrivés là et à quoi doit ressembler le nouveau chapitre qu’il nous revient d’écrire. Nous devons accepter l’héritage transmis par les générations qui nous ont précédé et prendre conscience que nous sommes des agents de transition, soutenus par des alliances intergénérationnelles. Nous avons déjà un large éventail d’outils à disposition, parmi lesquels notre imagination, notre rationalité, notre confiance et notre esprit d’analyse. Nous avons donc les moyens de prendre des risques et de croire dans notre capacité à aller de l’avant.

Rien n’est permanent, sauf le changement. En tant qu’êtres humains, nous cherchons continuellement à progresser, à faire mieux. Mais nous devons aujourd’hui réfléchir à la façon dont nous entendons construire l’avenir, décider de ce que nous voulons garder du passé et de ce qu’il convient d’abandonner. Une chose est sûre: nous devons plus que jamais agir de façon honnête et transparente. En portant un regard neuf sur les enjeux auxquels notre société est confrontée, nous pouvons définir les nouvelles règles et valeurs à appliquer pour faire du XXIe siècle un siècle aussi riche, sinon plus, que le précédent, fondé sur des pratiques responsables et durables.

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