La reprise financière est-elle prête à battre des records?

Ritu Vohora, T. Rowe Price

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Le rebond post crise semble aujourd’hui arriver à une vitesse record en comparaison à celui qui a suivi la crise financière globale de 2008.

L'ampleur et la nature du choc initial de la crise financière liée au Covid-19 a été sans précédent, et la reprise post crise a été historiquement très rapide. L'abondance de mesures de relance, tant monétaires que fiscales, la progression de la mise en œuvre des vaccins sur les marchés développés et le niveau considérable de demandes latentes (les ménages américains ont épargné 2,25 milliards de dollars supplémentaires, soit l'équivalent de 30 ans d'épargne en l'espace d'un an) ont contribué à alimenter la force du rebond économique, ceci en parallèle à une croissance record des bénéfices. Le moral des entreprises et des consommateurs a réussi à revenir à des niveaux pré-pandémiques un peu plus d'un an après le début de la récession. La vitesse et la force de la reprise sont sans précédent.

Le S&P500 a ainsi atteint 66 nouveaux records depuis le mois de mars – il est donc fort possible que la reprise actuelle éclipse les records enregistrés après la crise financière mondiale de 2008.

Les bénéfices continuent d'impressionner, avec un nouveau trimestre haussier, et nous prévoyons que la croissance des bénéfices de l'indice S&P se poursuivra jusqu'en 2022. La croissance des bénéfices sera le principal moteur des rendements des actions américaines au deuxième semestre 2021 et en 2022.

Les politiques monétaires et la reprise

Alors que les marchés s'effondraient au plus fort de la pandémie en mars 2020, le président de la Fed, Jerome Powell, s'est engagé à utiliser la «gamme complète de possibilités de la Fed pour soutenir l'économie américaine» jusqu'à ce que des «progrès supplémentaires substantiels» soient réalisés en vue d'une reprise économique complète.

Les actions restent attrayantes car la demande refoulée continue à être libérée et, bien que modérée, la croissance reste élevée.

Au cours des derniers mois, les marchés ont surfé sur une vague de liquidités aux proportions inouïes. L'assouplissement quantitatif sans précédent et la réponse fiscale massive à la pandémie ont effectivement soutenu et accentué la reprise rapide des actifs à risque. Contrairement à ce qui s'était passé lors de la crise financière mondiale précédente, l'argent a été versé cette fois-ci directement sur les comptes bancaires des consommateurs, ce qui a entraîné un excès d'épargne pendant la période de confinement. Le désendettement des ménages américains est désormais terminé, ce qui atténue un frein important. Une épargne abondante, des perspectives d'emploi solides et une confiance élevée laissent de la place à de nouvelles hausses. Plus récemment, nous avons assisté à un rebond impressionnant de l'économie réelle, qui s'est traduit par une forte reprise des bénéfices.

Cette reprise est-elle durable?

La question clé est celle de la pérennité de la reprise. Au second semestre de l'année, la croissance ne devrait pas selon nous être à son apogée, la politique monétaire continuera de se resserrer et la réduction progressive des taux d'intérêt se profile à l'horizon, les mesures de relance budgétaire commenceront à s'estomper et la réforme de l'impôt sur les sociétés sera inévitable. Au-delà de cela, les marchés boursiers affichent des valorisations élevées et la montée en flèche du variant Delta ainsi que les craintes d'une hausse de l'inflation ont fait de l’ombre à une saison de bénéfices exceptionnels pour les entreprises.

Malgré ces tendances, les actions restent attrayantes car la demande refoulée continue à être libérée et, bien que modérée, la croissance reste élevée. Il est probable que nous revenions à une «autre normalité» avec un niveau de croissance plus élevé. Il est probablement trop tôt pour un positionnement de fin de cycle, mais nous passons d'une consolidation de début de cycle à une consolidation de milieu de cycle – les investisseurs doivent donc s'attendre à plus de volatilité au second semestre cette année.

Les valorisations sont élevées dans toutes les classes d'actifs et beaucoup de bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les prix. Les rendements futurs seront probablement plus faibles et il sera difficile de maintenir les gains importants que nous avons connus. Les investisseurs devront donc approfondir leur recherche pour trouver des opportunités.

Au sein de notre équipe de gestion, nous continuons à privilégier la reprise, et nous sommes positifs sur les actions internationales, qui devraient rebondir à mesure que leurs économies rattrapent leur retard. Nous pensons que les sociétés exposées aux cycles continueront de bénéficier de la forte croissance économique et de la relance mondiale.

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