La reflation n’est pas finie

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

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Les indicateurs économiques sont bons. Attention toutefois à ne pas tomber dans la complaisance car de nombreuses incertitudes subsistent.

Les perspectives de croissance mondiale continuent de s'améliorer, avec l'accélération des vaccinations en Europe, le boom de l'économie américaine et la croissance chinoise toujours en forte hausse. En dépit de confinements prolongés, les données européennes ont été meilleures que prévu et la deuxième moitié de l'année devrait connaître une forte reprise, alimentée par une demande «en attente» et le Fonds de relance européen. 

Les Etats-Unis, qui ont quelques mois d’avance en termes de réouverture, continuent de dépasser les attentes, grâce à des mesures plus souples et à un soutien budgétaire massif. Avec une Réserve fédérale qui réaffirme qu'il est trop tôt pour réduire son soutien, la croissance a libre cours. Alors que la croissance chinoise devrait ralentir par rapport à son récent pic, celle-ci est toujours attendue autour de 8%pour l'année, ce qui devrait aider à faire décoller l'Asie. Une vaccination lente dans la région pourrait entraîner certains obstacles, mais les perspectives s'améliorent.

Une reprise de la rotation cyclique, avec une progression de l'énergie,
des matériaux et des financières est à anticiper.

Néanmoins, les anticipations d'inflation se sont stabilisées au cours du mois d’avril et les rendements des bons du Trésor se sont repliés, bloquant la reflation. Cela a également été en partie déclenché par la hausse des cas en Inde et sur les marchés développés. Au fur et à mesure de l’embellie sanitaire, les perspectives de réouverture devraient à nouveau s'améliorer et la reflation devrait reprendre au cours des prochains mois.

Une reprise de la rotation cyclique, avec une progression de l'énergie, des matériaux et des financières est donc à anticiper. L'Europe et le Pacifique hors Japon devraient bénéficier de la réouverture, d'une reprise du commerce mondial et d'une hausse des prix des matières premières.

Gare à l’excès d’optimisme

Dans l'attente du prochain catalyseur – que ce soit la hausse des prix du pétrole, des rendements ou de meilleures nouvelles COVID – il faudra rechercher des opportunités de renforcer les actions. En effet, le soutien à moyen terme reste inchangé, avec la vaccination, les dépenses budgétaires, les banques centrales accommodantes et le rebond des bénéfices toujours présents. Mais le sentiment et le positionnement des marchés sont déjà très haussiers. Il conviendra de garder un œil ouvert pour s’assurer que les investisseurs ne tombent pas dans la complaisance. Pour l'instant, beaucoup d’inquiétudes subsistent, mais l’excès d'optimisme est un risque.

Du côté des obligations, même si les mesures de relance budgétaire et les anticipations d'inflation sont déjà largement intégrées dans les prix, et que les rendements ont probablement vu le gros de leur mouvement, ces derniers peuvent encore monter à court terme, avant de se replier à nouveau. Ainsi, il est préférable de privilégier les durées plus courtes et de rester prudents sur les taux souverains. Le crédit présente des avantages, même si les spreads déjà serrés et la durée plus longue suggèrent moins de potentiel de hausse. Le high yield devrait mieux se comporter car il est moins sensible aux taux. Même si les marchés émergents éprouvent souvent des difficultés lors de la hausse des taux américains, ils se trouvent dans de meilleures positions que lors de précédents épisodes et ont géré la récente hausse mieux que prévu. La dette corporate émergente en devise forte a également une plus grande marge de resserrement des spreads et donc un meilleur potentiel d'absorption.

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