Pas d'inflation galopante à l’horizon

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

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Un environnement de reflation avec des taux toujours bas continue de soutenir les actifs risqués.

Sur le marché des actions, la récente hausse des rendements a entraîné une rotation continue des secteurs plus défensifs vers les cycliques, une tendance qui devrait se poursuivre au cours des prochains mois. Toutefois, elle n'a pas entraîné de sorties de capitaux des actions, malgré ce que certains avaient craint. En effet, compte tenu des fortes anticipations de croissance des bénéfices pour cette année et l'année prochaine, des liquidités abondantes, de l'assouplissement budgétaire en cours et de l'accélération des vaccinations, le soutien fondamental aux actifs à risque est en place. Il s’agit dès lors d’«acheter la baisse» lors des corrections. La réouverture du marché devrait continuer à bénéficier aux secteurs cycliques tels que les financières, l'énergie et les matériaux. Les actions européennes et japonaises devraient bénéficier de la construction de leurs indices plus axée sur la valeur. Les matières premières devraient poursuivre leur rebond, avec une forte croissance chinoise et de nouvelles attentes, et la région développée du Pacifique en bénéficiera en particulier.

Sur le front des obligations, les rendements ont poursuivi leur hausse durant la majeure partie du mois de mars, les investisseurs ayant intégré une amélioration des perspectives de croissance grâce à une vaccination rapide et à des mesures budgétaires massives aux Etats-Unis, qui devraient faire remonter l'inflation. Toutefois, l'inflation ne devrait pas déraper de manière incontrôlable et une baisse des taux plus tard dans l'année pourrait avoir lieu. En effet, beaucoup d'optimisme concernant la croissance, l'inflation et les mesures de relance budgétaire est désormais intégré dans les cours obligataires. La Fed considère également l'inflation comme «transitoire» et maintiendra sa position actuelle pendant un certain temps. 

Nous continuons de voir des opportunités
dans la dette corporate des marchés émergents en devise forte.

En outre, dans la mesure où la BCE cherche activement à limiter les rendements européens, les rendements des bons du Trésor pourraient également enregistrer une certaine baisse, même si les divergences entre les régions devraient s'accentuer à court terme. Dans cette optique, il s’agit de conserver des durations plus courtes et préférer le risque de crédit. La duration plus longue des indices IG et les spreads très serrés suggèrent moins de marge de manœuvre pour absorber les taux plus élevés que ceux du HY, même si nous restons sélectifs compte tenu du risque de défaut persistant. Nous continuons de voir des opportunités dans la dette corporate des marchés émergents en devise forte, où le portage est attractif et où il y a encore une marge de compression des spreads. Cela devrait également permettre d'absorber la hausse des rendements des bons du Trésor.

Du côté des devises, la hausse des rendements américains a soutenu le dollar, qui gagne du terrain par rapport aux principales devises. La hausse des taux entrainera des flux vers les Etats-Unis, soutenant le dollar. Une croissance plus forte, dopée par des dépenses massives, constitue un autre soutien sous-jacent, même si le sentiment de risque pourrait l'atténuer. Toutefois, le dollar pourrait s'affaiblir davantage par rapport aux devises liées aux matières premières plutôt que par rapport aux principales devises.

Les prix du pétrole devraient continuer à bénéficier de perspectives de réouverture, la demande étant appelée à se redresser et l'offre restant activement plafonnée. Toutefois, cet équilibre est fragile et une offre globalement abondante devrait limiter le potentiel d'appréciation à un moment ou à un autre. Nous anticipons une amélioration de la demande d'or avec la réouverture des économies émergentes, des taux réels bas et des anticipations d'inflation à moyen terme, même si elle a marqué une pause pour l'instant.

Les stratégies alternatives continuent d'apporter diversification et re- corrélation aux portefeuilles, un complément bienvenu aux classes d'actifs traditionnelles. Les actifs réels peuvent également aider à générer des revenus dans un contexte plus bas pour le long terme.

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