La résilience sur les marchés privés: la dette d’infrastructures

Communiqué, BNP Paribas

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Près de 10'000 milliards de dollars ont été investis sur ces marchés, dans ce qui est devenu une classe d’actifs mondiale et de plus en plus diversifiée.

Depuis la crise financière mondiale, les marchés privés ont radicalement transformé le paysage de l’investissement. Près de 10'000 milliards de dollars ont été investis sur ces marchés, dans ce qui est devenu une classe d’actifs mondiale et de plus en plus diversifiée, comprenant des prêts aux entreprises, des actifs réels, des financements structurés et d’autres instruments. Karen Azoulay, responsable de la dette d'infrastructure chez BNP Paribas Asset Management, explique dans ses perspectives pourquoi il pourrait être particulièrement intéressant de se pencher sur les opportunités d'investissement dans le secteur des infrastructures en 2023.

Le segment de la dette privée devient de plus en plus pertinent pour les investisseurs en quête de rendement et de qualité pour leur portefeuille. Avec une croissance annuelle comprise entre 13% et 14% au cours de la dernière décennie, le total des actifs sous gestion de la dette privée dépasse désormais largement les 1000 milliards de dollars.

En tant que classe d’actifs, la dette privée s’est montrée résiliente durant les différents cycles économiques. À titre d’exemple, il s’agit de la seule classe d’actifs des marchés privés à avoir vu sa collecte de fonds augmenter chaque année depuis 2011, y compris pendant la pandémie.

Pour les investisseurs désireux de placer leur argent sur de plus longues périodes, la dette privée peut constituer un bon facteur de diversification pour le portefeuille, offrant une faible volatilité et une faible corrélation avec les marchés cotés. Il possède d’autres atouts comme une valeur relative attrayante, des flux de trésorerie indexés à l’inflation et une prime d’illiquidité par rapport aux actifs cotés.

Les instruments à taux variable font partie de ce segment. Ils peuvent se révéler plus attrayants que les obligations vanille, car leur coupon est lié à un taux de base, ce qui lui permet d’augmenter en cas de hausse des taux d’intérêt du marché.

Des services essentiels à l’abri de la récession

Historiquement, la dette d’infrastructures s’est révélée être un segment refuge. Il offre une gamme diversifiée d’expositions à de nombreux secteurs défensifs et de profils risque-rendement.

Dans l’ensemble, nous estimons qu’il est bien positionné pour faire face à la récession, et ce pour les mêmes raisons qu’il a mieux surmonté la pandémie que d’autres classes d’actifs: de nombreux projets d’infrastructure impliquent des services essentiels qui font l’objet d’une forte demande en période d’expansion et de récession. En d’autres termes, lorsque les temps sont durs, les gens auront toujours besoin de réseaux ferroviaires, d’énergie pour chauffer et éclairer leurs maisons, etc.

Les actifs d’infrastructures – des réseaux de fibres optiques aux parkings en passant par les services publics et les routes – sont des investissements qui se caractérisent par d’importantes barrières à l’entrée: les projets coûtent cher à réaliser, ce qui tient les concurrents à distance. Ils impliquent souvent des positions de marché monopolistiques et des tarifs réglementés. Leurs flux de trésorerie à long terme, à tous les stades du cycle économique, offrent une certaine stabilité aux investisseurs.

Infrastructures vertes

La dette d’infrastructures comporte également des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). De nombreux actifs d'infrastructures sont à l’avant-garde de la transition énergétique et de la numérisation, en partie grâce aux objectifs de l’Union européenne en matière de décarbonation et de neutralité carbone d’ici 2050.

Ces objectifs orientent les décisions d’investissement: Parallèlement aux sommes importantes nécessaires à l’élimination progressive des énergies conventionnelles dans le secteur des services aux collectivités, il faudra construire davantage d’infrastructures d’énergies renouvelables au cours des prochaines décennies, par exemple pour les flottes de véhicules électriques et l’utilisation accrue d’hydrogène (vert). Quant au rôle de la numérisation dans la décarbonation, l’analyse des données peut contribuer à améliorer l’efficacité (énergétique).

Lors de la sélection de titres, notre cadre ESG exclusif a été entièrement intégré au processus d’investissement. Il comprend une évaluation complète par notre Sustainability Centre (centre dédié au développement durable), tandis qu’un consultant indépendant évalue l’impact de chaque investissement en fonction des émissions induites et évitées, de la contribution environnementale nette et de «l’alignement des températures» sur l’objectif de l’Accord de Paris.

Ces dix dernières années, la dette d’infrastructures a toujours généré des rendements plus élevés que les obligations cotées, en partie en raison de la surperformance obtenue par les investisseurs en renonçant à la flexibilité des marchés cotés. Alors que les performances de la dette d’infrastructures sont restés relativement constants, les hausses de taux des banques centrales ont fait grimper les rendements des emprunts d’État et des obligations d’entreprises, réduisant ainsi la prime de rendement.

Pour les investisseurs en quête d’un rendement similaire à celui des obligations d’entreprises de notation équivalente, le choix entre ces deux classes d’actifs est devenu moins évident. Cependant, nous pensons que la dette d’infrastructures junior, qui offre des rendements plus élevés (similaires à ceux des actions) tout en conservant des protections similaires à celles de la dette, comme les clauses restrictives, ainsi qu’un risque limité, pourrait être une option intéressante.

Nous entrevoyons des opportunités croissantes dans le secteur des télécommunications: les réseaux de fibre optique sont déployés en Europe, les centres de données et les tours de télécommunication sont nécessaires pour l’explosion de l’utilisation des données et la nouvelle technologie 5G. Dans l’ensemble, nous nous attendons à ce que la dette d'infrastructures en tant que segment se développe davantage, notamment parce que le besoin de financement de la transition énergétique et de la décarbonation continue de croître.

Vous trouverez ici les «Perspectives d'investissement 2023».

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